Élysée ? Élisez-moi !

par Jean-Marc Bourdin

Tout homme politique aspirant à une élection se doit d’utiliser la stratégie du « pseudo-narcissisme » pour convaincre ses concitoyens du bien-fondé de son ambition. Notre conseil : manifester en toutes circonstances une autosuffisance de nature à accréditer sa compétence.

Le pseudo-narcissisme est un concept forgé par René Girard dans Mensonge romantique et vérité romanesque (1961) : le recours au préfixe « pseudo- » traduit la supériorité de la compréhension du phénomène qu’en ont Proust et Dostoïevski face à celle de Freud (lequel a le premier forgé le concept de « narcissisme » dans un article intitulé justement « Pour introduire le narcissisme »). Si, chez Freud, la coquette – archétypale du comportement narcissique – fait preuve d’une souveraine autosuffisance et séduit par voie de conséquence, le pseudo-narcisse dostoïevskien ou proustien (se) donne seulement l’illusion de l’autosuffisance. Cela accroît, certes, son pouvoir d’attraction mais ne suffit pas pour autant à lui assurer un sentiment de plénitude : semblant se désirer lui-même, il reste dépendant du désir qu’il suscite chez les autres. Autrement dit, si le dandy ou la coquette fait croire aux autres qu’il / elle s’aime et polarise ainsi leurs désirs, il / elle ressent une insuffisance du même type que tout un chacun, sa manœuvre visant à la combler. Le dandy ou la coquette sera d’ailleurs raillé pour sa « suffisance », mot ironique qui semble être le contradictoire d’insuffisance mais est en pratique synonyme de vanité.

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Pour réduire la violence, il faut y renoncer, et non pas tuer le violent

 par Emmanuel Portier

Jacqueline Sauvage est cette femme reconnue coupable du meurtre de son mari, tué de trois coups de fusil dans le dos en 2012, après quarante-sept ans d’enfer conjugal. Condamnée en première instance (fin 2014), confirmation en appel (fin 2015), par deux cours d’assises distinctes (soit 6 magistrats et 21 citoyens, au total, ayant eux eu accès à l’intégralité du dossier) à la même peine de 10 ans d’emprisonnement, assortie d’une période de sûreté automatique et incompressible de cinq ans.

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« Moi, président ! »

par Thierry Berlanda

Les vœux télévisés de François Hollande, quel que soit le bilan que nous pouvons dresser de son mandat (il est d’ailleurs probable que sa politique ne fut pas aussi néfaste que ses adversaires de tous bords se sont acharnés à constamment le prétendre), avaient quelque chose d’émouvant, voire de pathétique. Non seulement parce que le président y a tenté une défense quasi désespérée de sa politique, mais aussi et surtout parce que le point d’énonciation du discours présidentiel, soit son principe même et sa structure idéologique, y apparaissaient clairement. Or ce sont ce principe et cette structure, d’ailleurs grandement commune à la gauche et à une partie de la droite, qui suscitent précisément le problème de la fameuse distance séparant le peuple de ses élites (politiques ou autres, en France et dans le monde). Or cet écart, qui fut longtemps nié, s’il est à peu près admis aujourd’hui, reste néanmoins mal compris, et notamment par l’actuel président.

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Notre président de la République, un bouc émissaire en sursis ?

par Jean-Marc Bourdin

François Hollande a décidé de ne pas se représenter à l’élection présidentielle. Des commentateurs s’en étonnent : il aurait dû « défendre son bilan », autant dire se clouer lui-même au pilori. Durant la Ve République, le suffrage universel direct a toujours expulsé son élu. Dès le général de Gaulle, élu ainsi pour la première fois en 1965 et congédié en 1969 par un référendum auquel il avait donné un tour plébiscitaire. François Mitterrand et Jacques Chirac n’ont-ils pas été réélus ? Certes mais privés de leur autorité souveraine par une élection législative intermédiaire, le premier ministre qui était issu de la majorité à l’Assemblée nationale (respectivement Jacques Chirac et Lionel Jospin) ayant été alors sévèrement désavoué à la présidentielle.

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