Mais comme Girard l’écrivait, « il n’y a pas d’interstice ». En littéral comme en parabole. En d’autres termes, on est obligé de prendre position avec ou contre Jésus.
Greta nous propose un interstice, elle nous dit : Jésus peu importe, ce qui nous sauvera c’est le respect de la planète.
Trump lui semble choisir plutôt le côté de Jésus, surtout si l’on en croit sa participation à la Marche pour la vie. Il semble nous dire : choisissez d’abord la vie, le sacré, Dieu. Il en découlera naturellement un respect envers sa création. Ne prenez pas les interstices proposés par certains comme des absolus, ça ne mènera à rien : on aura une belle planète, tout ça pour s’entretuer dessus.
Perso, pour l’instant, je préfère la position de Trump. Après il faudra voir si tout ça n’est qu’affichage.
Si les possibilités de survie de beaucoup deviennent de plus en plus difficiles les conflits mimétiques vont se multiplier . Je ne crois pas qu’il est nécessaire de chercher la paix au prix de la raison: je choisirai toujours la raison pour essayer de convaincre ceux qui n’acceptent pas le point de vu de l’écrasante majorité des scientifiques sur la question du climat. Honte à ceux qui payent pour ou se font payer pour répandre la désinformation.
Voici un article hyper girardien ! En prenant ses précautions mais tout de même à ses risques et périls, son auteur ose renvoyer dos à dos Greta et Donald : leur duel médiatique (purement médiatique) en fait quasiment des rivaux mimétiques, s’accusant mutuellement de mettre de l’huile sur le feu, l’une par ses prophéties de malheur, l’autre par son inaction irresponsable. Choquant ? Non, salutaire quand on voit la nécessité pour « sauver la planète », c’est-à-dire nous sauver nous-mêmes, d’être altruiste comme jamais. Cela suppose à court terme pour les « élites » , objets de tant de haine un peu partout dans le monde, de remettre en question leur « mode de vie », voire d’y renoncer tout à fait. Cela suppose aussi que les peuples fassent plus confiance aux experts qu’aux démagogues, ce qui reviendrait à reconnaître et à accepter le savoir et le pouvoir des élites. Faire des compromis, en effet, plutôt que des guerres en paroles et en actes. Eviter la destinée apocalyptique des duels : une « montée aux extrêmes » sans résolution sacrificielle.
Je n’avais pour ma part pas pensé à Girard. Le prétendu duel entre la jeune activiste et l’homme le plus puissant de la planète m’a remis en mémoire les critiques que Platon adresse à la démocratie, coupable de la mise à mort de Socrate. C’est un régime, selon lui, où les adultes se comportent comme des enfants et les enfants comme des adultes. Eh bien, c’est le spectacle que nous avons sous les yeux : la jeune Greta fait la leçon aux grands de ce monde, pendant que Donald s’amuse comme un enfant à le gouverner, enfin à le distraire et à l’indigner, ce monde. La petite a un visage et des accents tragiques quand le vieux président avec ses tweets assassins et ses airs de farceur en quête d’applaudissements, est du plus pur comique. (Platon dit aussi que le comique et le tragique, c’est la même chose).
Cher Hervé, je ne pense pas qu’on puisse reprocher à Greta quoi que ce soit, sûrement pas de ne pas mener sa vie en cohérence avec ses idées. Je crois savoir qu’elle traverse l’Atlantique en bateau (à voiles?). Et elle a 16 ans. Comment pourrait-elle employer le « nous » au lieu du « vous » quand elle s’adresse aux décideurs adultes ? Je ne pense pas non plus qu’on puisse reprocher grand chose à Trump, vu qu’il a été élu pour faire ou défaire un certain nombre de choses et il tient largement ses promesses. Donc, je suis bien d’accord avec vous et avec René Girard, réfléchissons sur nos actes, nos choix éthiques et politiques. Il ne s’agit pas d’être neutre mais de savoir, avant de prendre un parti, que l’esprit partisan se signale le plus souvent par le choix d’un bouc émissaire.
Je n’ai pas bien compris la phrase de conclusion. Il m’a toujours semblé que la paix et la raison sont tout à fait compatibles pour ne pas dire nécessaires l’une à l’autre.
On ne peut rien reprocher à Greta Thunberg, évidemment. Reprocher suppose une attitude jugeante. Elle le dit elle-même : je vous désigne quelque chose, vous regardez mon doigt ! Mais nous regardons son doigt à cause d’un phénomène proche de celui décrit par le verset de Matthieu, notre attrait irrésistible pour la controverse, le scandale, la violence. La démarche de prise de distance par rapport aux émotions mimétiques implique de se détacher de la sympathie ou de l’antipathie, de renoncer à juger.
Greta utilise le vous parce qu’elle est encore une enfant. Trump accuse et agresse parce qu’il est encore un enfant. Ce n’est pas honteux d’être un enfant.
Cette démarche de recherche de la paix est on ne peut plus raisonnable. Ce qui est profondément irraisonnable c’est de continuer à nous chamailler alors que « la maison brûle ». C’est pourtant ce que nous faisons tous. Nous sommes encore des enfants.
Il ne s’agit pas de discréditer la raison. Beaucoup sont aujourd’hui en recherche d’un discours raisonnable, et c’est louable. Du point du vue du réchauffement climatique, le discours de Greta est raisonnable, et on a évité bien des conflits par des attitudes raisonnables.
Pourtant, il arrive nécessairement un moment, dans le déroulé d’une crise majeure, où la raison est abolie. Les adeptes de la raison voient cet instant comme une catastrophe, sans réaliser qu’il est celui qui permet le choix conscient du renoncement aux passions mimétiques.
« Là où croit le péril croît aussi ce qui sauve ». Cette abolition de la raison au paroxysme de la crise a une fonction, la débarrasser de ce qui la pervertit, et qu’à elle seule elle n’a jamais réussi à vaincre : la violence. Le moment déraisonnable est aussi le moment du choix libre.
Ainsi, de crise en crise nous grandissons.
Cher Hervé, si je suis arrivée à comprendre votre présentation du faux duel Greta/Donald, qui invite à refuser de diaboliser l’adversaire, à prendre de la hauteur et à s’efforcer de chercher un compromis salutaire, je persiste à préférer le camp de ceux qui se fixent des objectifs raisonnables en rapport avec leur amour de la vérité (et qui approuvent la croisade de Greta) au camp de ceux qui se fixent des objectifs déraisonnables en fuyant la vérité (et qui sont prêts à réélire Donald). Pascal écrit en effet que « la violence et la vérité ne peuvent rien l’une sur l’autre » mais il ajoute « la violence n’a qu’un cours borné par l’ordre de Dieu, qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu’elle attaque, au lieu que la vérité subsiste éternellement « . Le camp de Greta n’est pas le camp de la vérité mais de ceux qui ont du respect pour la recherche (scientifique, entre autres) de la vérité.
Ce n’est pas non plus la même chose d’être un enfant et de se comporter comme tel. « De crise en crise, nous grandissons », dites-vous. A condition de vouloir grandir.
Les médias nous on servi une mise en scène, d’un côté un Goliath puissant et odieux à beaucoup, de l’autre une frêle jeune fille forte de sa seule sincérité. Ce genre de mise en scène est deux fois un obstacle : une première fois quant à envisager la question climatique avec rationalité, une seconde fois quant à rechercher sinon un consensus, du moins un compromis raisonnable.
Merci à Hervé de nous avoir permis, par son analyse profonde et convaincante, de prendre du recul par rapport à cette mise en scène. Merci également à Joël Hillion pour sa citation de St Thomas d’Aquin, dont l’exigence est on ne plus plus adaptée à la situation.
Saint Thomas d’Aquin a dit : « Je ne cherche pas à convaincre mon adversaire, mais à m’unir avec lui dans une vérité plus haute. »
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Mais comme Girard l’écrivait, « il n’y a pas d’interstice ». En littéral comme en parabole. En d’autres termes, on est obligé de prendre position avec ou contre Jésus.
Greta nous propose un interstice, elle nous dit : Jésus peu importe, ce qui nous sauvera c’est le respect de la planète.
Trump lui semble choisir plutôt le côté de Jésus, surtout si l’on en croit sa participation à la Marche pour la vie. Il semble nous dire : choisissez d’abord la vie, le sacré, Dieu. Il en découlera naturellement un respect envers sa création. Ne prenez pas les interstices proposés par certains comme des absolus, ça ne mènera à rien : on aura une belle planète, tout ça pour s’entretuer dessus.
Perso, pour l’instant, je préfère la position de Trump. Après il faudra voir si tout ça n’est qu’affichage.
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Si les possibilités de survie de beaucoup deviennent de plus en plus difficiles les conflits mimétiques vont se multiplier . Je ne crois pas qu’il est nécessaire de chercher la paix au prix de la raison: je choisirai toujours la raison pour essayer de convaincre ceux qui n’acceptent pas le point de vu de l’écrasante majorité des scientifiques sur la question du climat. Honte à ceux qui payent pour ou se font payer pour répandre la désinformation.
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bien pense et bien dit!
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Voici un article hyper girardien ! En prenant ses précautions mais tout de même à ses risques et périls, son auteur ose renvoyer dos à dos Greta et Donald : leur duel médiatique (purement médiatique) en fait quasiment des rivaux mimétiques, s’accusant mutuellement de mettre de l’huile sur le feu, l’une par ses prophéties de malheur, l’autre par son inaction irresponsable. Choquant ? Non, salutaire quand on voit la nécessité pour « sauver la planète », c’est-à-dire nous sauver nous-mêmes, d’être altruiste comme jamais. Cela suppose à court terme pour les « élites » , objets de tant de haine un peu partout dans le monde, de remettre en question leur « mode de vie », voire d’y renoncer tout à fait. Cela suppose aussi que les peuples fassent plus confiance aux experts qu’aux démagogues, ce qui reviendrait à reconnaître et à accepter le savoir et le pouvoir des élites. Faire des compromis, en effet, plutôt que des guerres en paroles et en actes. Eviter la destinée apocalyptique des duels : une « montée aux extrêmes » sans résolution sacrificielle.
Je n’avais pour ma part pas pensé à Girard. Le prétendu duel entre la jeune activiste et l’homme le plus puissant de la planète m’a remis en mémoire les critiques que Platon adresse à la démocratie, coupable de la mise à mort de Socrate. C’est un régime, selon lui, où les adultes se comportent comme des enfants et les enfants comme des adultes. Eh bien, c’est le spectacle que nous avons sous les yeux : la jeune Greta fait la leçon aux grands de ce monde, pendant que Donald s’amuse comme un enfant à le gouverner, enfin à le distraire et à l’indigner, ce monde. La petite a un visage et des accents tragiques quand le vieux président avec ses tweets assassins et ses airs de farceur en quête d’applaudissements, est du plus pur comique. (Platon dit aussi que le comique et le tragique, c’est la même chose).
Cher Hervé, je ne pense pas qu’on puisse reprocher à Greta quoi que ce soit, sûrement pas de ne pas mener sa vie en cohérence avec ses idées. Je crois savoir qu’elle traverse l’Atlantique en bateau (à voiles?). Et elle a 16 ans. Comment pourrait-elle employer le « nous » au lieu du « vous » quand elle s’adresse aux décideurs adultes ? Je ne pense pas non plus qu’on puisse reprocher grand chose à Trump, vu qu’il a été élu pour faire ou défaire un certain nombre de choses et il tient largement ses promesses. Donc, je suis bien d’accord avec vous et avec René Girard, réfléchissons sur nos actes, nos choix éthiques et politiques. Il ne s’agit pas d’être neutre mais de savoir, avant de prendre un parti, que l’esprit partisan se signale le plus souvent par le choix d’un bouc émissaire.
Je n’ai pas bien compris la phrase de conclusion. Il m’a toujours semblé que la paix et la raison sont tout à fait compatibles pour ne pas dire nécessaires l’une à l’autre.
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On ne peut rien reprocher à Greta Thunberg, évidemment. Reprocher suppose une attitude jugeante. Elle le dit elle-même : je vous désigne quelque chose, vous regardez mon doigt ! Mais nous regardons son doigt à cause d’un phénomène proche de celui décrit par le verset de Matthieu, notre attrait irrésistible pour la controverse, le scandale, la violence. La démarche de prise de distance par rapport aux émotions mimétiques implique de se détacher de la sympathie ou de l’antipathie, de renoncer à juger.
Greta utilise le vous parce qu’elle est encore une enfant. Trump accuse et agresse parce qu’il est encore un enfant. Ce n’est pas honteux d’être un enfant.
Cette démarche de recherche de la paix est on ne peut plus raisonnable. Ce qui est profondément irraisonnable c’est de continuer à nous chamailler alors que « la maison brûle ». C’est pourtant ce que nous faisons tous. Nous sommes encore des enfants.
Il ne s’agit pas de discréditer la raison. Beaucoup sont aujourd’hui en recherche d’un discours raisonnable, et c’est louable. Du point du vue du réchauffement climatique, le discours de Greta est raisonnable, et on a évité bien des conflits par des attitudes raisonnables.
Pourtant, il arrive nécessairement un moment, dans le déroulé d’une crise majeure, où la raison est abolie. Les adeptes de la raison voient cet instant comme une catastrophe, sans réaliser qu’il est celui qui permet le choix conscient du renoncement aux passions mimétiques.
« Là où croit le péril croît aussi ce qui sauve ». Cette abolition de la raison au paroxysme de la crise a une fonction, la débarrasser de ce qui la pervertit, et qu’à elle seule elle n’a jamais réussi à vaincre : la violence. Le moment déraisonnable est aussi le moment du choix libre.
Ainsi, de crise en crise nous grandissons.
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Cher Hervé, si je suis arrivée à comprendre votre présentation du faux duel Greta/Donald, qui invite à refuser de diaboliser l’adversaire, à prendre de la hauteur et à s’efforcer de chercher un compromis salutaire, je persiste à préférer le camp de ceux qui se fixent des objectifs raisonnables en rapport avec leur amour de la vérité (et qui approuvent la croisade de Greta) au camp de ceux qui se fixent des objectifs déraisonnables en fuyant la vérité (et qui sont prêts à réélire Donald). Pascal écrit en effet que « la violence et la vérité ne peuvent rien l’une sur l’autre » mais il ajoute « la violence n’a qu’un cours borné par l’ordre de Dieu, qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu’elle attaque, au lieu que la vérité subsiste éternellement « . Le camp de Greta n’est pas le camp de la vérité mais de ceux qui ont du respect pour la recherche (scientifique, entre autres) de la vérité.
Ce n’est pas non plus la même chose d’être un enfant et de se comporter comme tel. « De crise en crise, nous grandissons », dites-vous. A condition de vouloir grandir.
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Les médias nous on servi une mise en scène, d’un côté un Goliath puissant et odieux à beaucoup, de l’autre une frêle jeune fille forte de sa seule sincérité. Ce genre de mise en scène est deux fois un obstacle : une première fois quant à envisager la question climatique avec rationalité, une seconde fois quant à rechercher sinon un consensus, du moins un compromis raisonnable.
Merci à Hervé de nous avoir permis, par son analyse profonde et convaincante, de prendre du recul par rapport à cette mise en scène. Merci également à Joël Hillion pour sa citation de St Thomas d’Aquin, dont l’exigence est on ne plus plus adaptée à la situation.
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