
Depuis les deux dernières guerres mondiales lors desquelles l’Europe, grisée par ses succès du siècle précédent, a tenté de se suicider, notre monde a pu croire un temps que l’économie et les mécanismes du marché allaient ouvrir un espace indéfiniment auto-régulé.
Friedrich Hayek nous invitait à quitter Les routes de la servitude pour nous soumettre à un “ordre spontané” (bel oxymore) censé libérer nos initiatives pour maximiser notre bien commun (Droit, législation et liberté) : la compétition économique régulée a minima deviendrait notre meilleure protection contre la violence. On sut bientôt avec Milton Friedman que la finalité de la contention de la violence passerait au second plan, autorisant la modalité de la compétition à s’adonner à loisir à la violence. De son côté, Francis Fukuyama vit dans l’effondrement soudain de l’empire soviétique et le discrédit concomitant de l’idéologie communiste la fin de l’Histoire.
Sur ce fond idéologique, les entreprises puis les pouvoirs publics, avec un décalage de quelques années ou décennies, ont emprunté un chemin bien différent qui fait douter de cet horizon radieux.
Notre monde découvrit d’abord les délices de la croissance, donc de la quantité, les “trente glorieuses” de Jean Fourastié, dont les limites furent énoncées dès 1972 par le club de Rome et le fameux rapport Meadows.
Puis vint la préoccupation de la qualité instillée par le Japon lorsqu’il se tint pour une brève période à la tête de la dynamique économique mondialisée. La qualité devint la modalité à privilégier pour maintenir ses marges et accroître ses volumes.
Bientôt pourtant des nuages apparurent dans ce ciel étoilé. Il nous fallut à la hâte cartographier des risques pour limiter les conséquences funestes de leur survenance. Jean-Pierre Dupuy pensa la chose sous le nom de “catastrophisme éclairé” et avec le concept du “temps du projet”.
L’ultime séquence semble avoir démontré que la maîtrise des risques était toujours en retard de la crise qui advient : notre vingt-et-unième siècle chancelant enchaîne et alterne bulles spéculatives qui crèvent, terrorisme islamiste qui diffuse, manifestations violentes des frustrations des déclassés, aspirants déçus de la classe moyenne (suprémacistes ici ou là, gilets jaunes ailleurs), dérèglement climatique anthropique, nouvelle extinction des espèces sous la pression croissante de l’humanité, pandémies et retour de la guerre sur fond de menace nucléaire. Dans l’administration des entreprises comme dans celles des Etats, l’ambition déjà rabougrie de la maîtrise des risques – nous étions désormais loin des progrès supposés de la quantité et de la qualité qui avaient balisé les premières étapes de notre chemin -, cède la place à l’obligation de gestion des crises qui s’imposent à des pouvoirs économiques et politiques désemparés.
Une seule aspiration semble demeurer qui a pour nom résilience, terme popularisé en France par Boris Cyrulnik, dont la fréquence d’emploi est l’indice le plus sûr de notre actuel désarroi. Drôle de nom pour une sortie de crise, puisque selon son étymologie latine, le verbe resilio, ire, signifie sauter en arrière. Rappelons qu’à l’origine de notre itinéraire, la croissance portée par un progrès matériel nous invitait à aller de l’avant.
Voilà donc les cinq mots-clés qui jalonnent, à mon sens, le chemin de notre apocalypse contemporaine : croissance, qualité, risques, crises, résilience.
Cette apocalypse a eu son prophète : René Girard. Il était fasciné par les « petites apocalypses” des évangiles synoptiques plus que par celle de Jean de Patmos, en particulier celle de Marc, qu’on pourrait dire la plus “brute de décoffrage”[1]. Elle fait écho à tant d’évènements de notre Histoire, celle dont la fin devait advenir avec la chute du mur de Berlin…
Mais il est vrai que les institutions religieuses chrétiennes dont la mission historique est de rappeler sans fléchir cette révélation apocalyptique jusqu’au jour et à l’heure, ont suivi leur propre route, au moins en Occident : décroissance quantitative des vocations et des fidèles, évolutions ambivalentes au regard de la qualité des croyances et des engagements, maîtrise des risques refusée par la cléricature jusqu’à la prolifération de crises qui commencent à peine à être “gérées”. Les Églises accèderont-elles une fois encore à une phase de résilience comme elles en connurent plusieurs au sein de leur histoire bimillénaire ? La question reste ouverte. Reste qu’elles risquent de faillir à leur mission à un moment où la Révélation se fait de plus en plus pressante.
René Girard exprimait ainsi son diagnostic en 2010 : “Le monde actuel pose des problèmes que la science politique ne parvient pas à résoudre. […] Pour mobiliser, il faut un objectif clair, bien défini. Nous faisons face à des problèmes qui sont diffus, mondiaux : pandémies, crises financières planétaires, fonte des glaciers, réseaux terroristes mystérieux et protéiformes. […] l’ennemi c’est la surconsommation mondiale, le développement industriel… La menace écologique […] doit unir les hommes parce qu’ils sont tous menacés également. Institutions internationales et moyens d’information ne sont pas à la hauteur : […] il faudrait faire peur aux gens pour les convaincre d’agir […].”[2] Plusieurs peurs sont désormais palpables : mais seront-elles pour autant de nature à produire cette indispensable unité du genre humain face aux périls qui s’accumulent.
René Girard affirmait aussi dans ses dires apocalyptiques : “Deux types de menace planent sur notre monde complètement « déréglé », déritualisé. Il y a une menace globale : la guerre nucléaire ou biologique, les catastrophes écologiques, les convulsions politiques gigantesques. Il y a également un autre type de violence dont se plaignent les hommes de notre monde, plus insidieux et mystérieux, l’impression de se trouver dans une société où les rapports intimes sont soumis à des pressions destructrices fantastiques. On retrouve les deux types de violence dans les textes apocalyptiques.”[3]
Pour finir, il ne voyait d’autre issue que dans une conversion : “Même s’il était possible jadis de tenir pour « irréaliste » le Sermon sur la montagne, c’est impossible désormais et, devant notre puissance de destruction toujours croissante, la naïveté a changé de camp. Tous les hommes désormais ont le même intérêt vital à la préservation de la paix. Dans un univers vraiment globalisé, le renoncement aux escalades violentes va forcément devenir, de façon toujours plus manifeste, la condition sine qua non de la survie.”[4]
Demeure l’interrogation que l’on peut tirer de l’assertion d’Hölderlin concluant Achever Clausewitz il y a maintenant quinze ans : Là où est le péril, peut-il croître ce qui sauve ? L’accumulation actuelle des crises peut-elle déboucher sur une résilience universelle, une fois la révélation apocalyptique reçue et acceptée par tous ?
[1] Mc 13:1-225 Comme il s’en allait hors du Temple, un de ses disciples lui dit : « Maître, regarde, quelles pierres ! Quelles constructions !” Et Jésus lui dit : « Tu vois ces grandes constructions ? Il n’en restera pas pierre sur pierre qui ne soit jetée bas. » Et comme il était assis sur le mont des Oliviers en face du Temple, Pierre, Jacques, Jean et André l’interrogeaient en particulier : « Dis-nous quand cela aura lieu et quel sera le signe que tout cela va finir. » Alors Jésus se mit à leur dire : « Prenez garde qu’on ne vous abuse. Il en viendra beaucoup sous mon nom, qui diront : « C’est moi », et ils abuseront bien des gens. Lorsque vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres, ne vous alarmez pas : il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin. On se dressera, en effet, nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura par endroits des tremblements de terre, il y aura des famines. Ce sera le commencement des douleurs de l’enfantement. « Soyez sur vos gardes. On vous livrera aux sanhédrins, vous serez battus de verges dans les synagogues et vous comparaîtrez devant des gouverneurs et des rois, à cause de moi, pour rendre témoignage en face d’eux. Il faut d’abord que l’Évangile soit proclamé à toutes les nations. » Et quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous préoccupez pas de ce que vous direz, mais dites ce qui vous sera donné sur le moment : car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit Saint. Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mourir. Et vous serez haïs de tous à cause de mon nom, mais celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé. » Lorsque vous verrez l’abomination de la désolation installée là où elle ne doit pas être que le lecteur comprenne ! , alors que ceux qui seront en Judée s’enfuient dans les montagnes, que celui qui sera sur la terrasse ne descende pas pour rentrer dans sa maison et prendre ses affaires ; et que celui qui sera aux champs ne retourne pas en arrière pour prendre son manteau ! Malheur à celles qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! Priez pour que cela ne tombe pas en hiver. Car en ces jours-là il y aura une tribulation telle qu’il n’y en a pas eu de pareille depuis le commencement de la création qu’a créée Dieu jusqu’à ce jour, et qu’il n’y en aura jamais plus.
[2] Préface de René Girard in Jean-Michel Oughourlian, Psychopolitique, entretiens avec Trevor Merrill, François-Xavier de Guibert, 2010, p. 7-8
[3] In « Violences d’aujourd’hui, violences de toujours », itome XXXVII (1999) des Textes des conférences et des débats organisés par les Rencontres Internationales de Genève, Lausanne : Éditions L’Age d’Homme, 2000, p. 23.
[4] René Girard, Celui par qui le scandale arrive, entretiens avec Maria Stella Barberi Desclée de Brouwer, 2001, p. 43.
Merci pour cette synthèse avec les 5 mots-clés.
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Article remarquable sur lequel j’apporte un point de discussion. L’économie fonctionne, toutes choses égales par ailleurs (formule/axiome des pères fondateurs à ne pas oublier). Elle ne peut être régulée que parce qu’il existe un organisme extérieur (politique, antitrust….) prenant des décisions….A partir du moment (actuellement ) où ces décisions dépendent, en Occident, de l' »opinion publique », la régulation n’est plus possible. Pour ce faire, on fait appel aux contrôles de comportements (nudge) et c’est la violence qui s’installe, avec des rivaux qui pratiquent une autre violence (classique….de brutes..)
La conversion est là et concerne l’Occident. Son mythe est de ne pas reconnaître la violence qu’elle engendre (Harcèlements dans le monde du travail,intervention dans des pays au nom des droits de l’homme ex KOSOVO….)…. La guerre actuelle est provoquée par les Russes, mais aussi par ce mythe….
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19 Ainsi donc, frères, puisque nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire
20 par la route nouvelle et vivante qu’il a inaugurée pour nous au travers du voile, c’est-à-dire, de sa chair,
21 et puisque nous avons un souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu,
22 approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure.
23 Retenons fermement la profession de notre espérance, car celui qui a fait la promesse est fidèle.
24 Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres.
25 N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour.
https://www.biblegateway.com/passage/?search=H%C3%A9breux%2010&version=LSG
Merci, frères, nous sommes libres de nous aimer.
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Merci Jean-Marc pour ce regard dans le rétroviseur qui montre l’orgueil et l’impasse de toute idéologie. Avec le recul, comment avons-nous pu porter le moindre crédit aux lendemains heureux que nous promettaient Marx, Friedman ou Fukuyama ? Girard utilise la raison autrement, son approche beaucoup plus humble lui a fait comprendre qu’aucune pensée humaine ne sera jamais en mesure de vaincre les forces destructrices de l’humanité tant que nous n’aurons pas découvert leur source profonde et tant que nous n’y aurons pas librement renoncé. Le contraste est frappant entre ces brillants esprits qui croient que leur intelligence les autorise à se poser en sauveurs (en dieu), et la conclusion apocalyptique de Girard qui nous enlève de facto le pouvoir de maîtriser notre futur tant que l’aveuglement prévaudra.
Et que sa conclusion nous ramène à ces textes antiques qui à la fois nous disculpent de la responsabilité des catastrophes qui ponctuent chacune de nos tentatives de prendre notre destin en main, et nous annoncent une catastrophe particulière qui se distingue des autres en ce qu’elle est une Révélation, voilà qui ne peut passer que pour scandale et folie dans ce monde qui s’accroche, malgré toutes les preuves du contraire, à ses rêves chimériques et vaniteux d’une humanité qui pourrait sortir de la violence par ses propres moyens.
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Sacré programme : « L’accumulation actuelle des crises peut-elle déboucher sur une résilience universelle, une fois la révélation apocalyptique reçue et acceptée par tous ? »
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Sacré programme : « L’accumulation actuelle des crises peut-elle déboucher sur une résilience universelle, une fois la révélation apocalyptique reçue et acceptée par tous ? »
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Cher Jérôme,
ll ne t’aura pas échappé que la phrase est à l’interrogatif…
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C’est un beau débat que vous nous lancez là, Jean-Marc !
Votre article ne contient il pas la réponse à votre question, avec une partie du texte des écritures Marc 13 ?
Marc 13 nous dit le cheminement de l’apocalypse. Il n’est pas dit que nous serons tous sauvés, rien concernant une résilience universelle face à l’apocalypse, ni d’une révélation apocalyptique sans apocalypse.
Il n’est même pas vraiment dit, dans Marc 13, que l’apocalypse soit universelle, historiquement unique, qu’elle ait lieu pour tous au même moment.
Au contraire, il est dit : Mc 13:30 « Les gens d’aujourd’hui n’auront pas tous disparu avant que toutes ces choses ne soient arrivées »
Les bégaiements de l’histoire, les crises, peuvent amener à de belles révélations, de jolies conversion, bien sur. Et j’en suis évidement.
Mais ces évènements apocalyptiques pourraient aussi renforcer les idéologues dans leurs certitudes, comme quand deux rivaux agissent de telle sorte qu’ils renforcent mutuellement leur sentiment qu’ils sont légitimes dans leur détestation réciproque.
La lumière des écritures n’éclaire que ceux qui recherchent leurs lumières.
Par contre je suis surpris d’entendre, dans la bouche de René Girard, ce genre de propos :
« il faudrait faire peur aux gens pour les convaincre d’agir »
« notre monde complètement ‘déréglé’, déritualisé »
Personnellement, ma ‘lecture’ de notre culture moderne me dit juste que notre monde (occidental) est juste le champion de l’invention de rites nouveaux, acceptés par beaucoup avec une facilité déconcertante.
Je suis intéressé pour connaitre les arguments de René Girard pour ces deux affirmations. Sinon, votre référence ? Serait-ce [2] ?
Bonne fin de nuit
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Vos interrogations, Gifre, sont très stimulantes!
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Bonjour Gifre et FX,
Dans mon petit texte, je me suis contenté de rechercher un sens à la succession depuis plusieurs décennies des mots à la mode dans la gestion de l’économie et, par ricochet, dans ce qui s’appelle lui-même le « nouveau management public ». J’y ai vu ou suggéré quelques relations avec l’intérêt marqué de RG pour l’apocalypse dans sa double signification de fin des/d’un temps et de révélation.
Effectivement, les prophéties des petites apocalypses interviennent dans un monde qui croit sa fin proche, et la destruction du temple de Jérusalem suivi de la diaspora du peuple hébreu sous le joug romain suffisent à le concrétiser. De ce fait, cette prophétie qui vaut pour un temps est probablement une structure susceptible d’aider à l’intelligibilité d’autres époques. C’est effectivement le parti d’une lecture analogique et non littérale qui est souvent celle qu’inspirent les textes religieux (en pratique, c’est souvent ce qui fait une homélie intéressante et de nature à nous influencer). Il est vrai que l’apocalypse « locale » et « datée », pour ainsi dire partielle, du peuple juif aux deux premiers siècles de l’ère commune diffère par ses dimensions de ce que serait une apocalypse globalisée et nucléarisée en notre siècle. Mais dans les deux cas, ce constat que les « choses » (le livre d’entretiens « Quand ces choses commenceront » date de 1994 de mémoire) nous échappent, nous effraient et vont nous conduire vers de l’inédit, est comparable.
Pour ce qui concerne cette idée de « faire peur, » elle part de notre incapacité à la mobilisation collective (et plus profondément à une indispensable conversion collective) face aux désastres annoncés de notre temps. Préface d’un ouvrage, elle fait écho aux développements de Jean-Michel Oughourlian dans « Psychopolitique » qui reprend à Carl Schmitt (« La notion de politique ») la nécessaire désignation de l’ennemi pour unir un collectif contre celui-ci.
Sur le point des rituels et des règles, RG reconnaissait volontiers qu’ils continuaient d’exister, par exemple dans la politesse, pour prévenir des violences, et n’auraient sans doute pas été opposé à constater qu’ils croissaient et se multipliaient (en particulier pour les règles tout en déplorant au demeurant l’épuisement du droit comme régulateur dans « Achever Clausewitz » notamment), mais il faisait allusion à mon avis à la disparition des interdits archaïques et des rituels sacrificiels qui leur étaient associés dans les cultures pré-chrétiennes et jouaient un rôle-clé dans la contention de la violence, fonctions reprises par l’économique et le politique dans notre monde moderne et contemporain.
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Merci Jean-Marc BOURDIN de ce nouveau éclairage
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À l’endroit du péril…
L’heure ukrainienne malheureuse sera le creuset du triomphe de la vérité, le choix n’aura jamais autant été si bien formulé et tant pis pour ceux qui en restent aux remugles infantiles du ressentiment.
Le désir apparait au clocher de la vérité et tinte l’heure du vrai maître du temps, qui nous laisse l’immense responsabilité de savoir la sonner.
La Corse claudélienne, en ce clair jour d’Épiphanie, toute blanche, toute radieuse, comme une mariée dans la matinée carillonnante, célèbre les noces de l’Alpe avec la méditerranée, voit les consuls de retour dans le vent féroce au grand soleil s’accompagner du migrant qui déguise sa face de moricaud des blondeurs slaves d’un réfugié, échappé de la caverne orientale, attiré par les vérités de la paix.
À l’est brilla l’éclair et vint tout tintinnabulant échouer aux rivages de l’Occident les faiblesses de la rencontre qui fera sa force, la capacité de nommer la vérité.
Celui qui te désire, dit le vent, au fond de ton cœur se trouve, force, tu es ma force, et l’amant triomphant à genoux devant l’aimée emprunte, dansant comme sur un fil tendu, le chemin escarpé qui survole les enfers, proclamant la supplique de la blessure en feu, si l’on pouvait l’éteindre, perpétuelle serait l’union, si enflammée elle pouvait être, l’amant jamais ne pècherait.
Alors, jaunes ou bruns, juifs ou cathos, muslims ou parpaillots orthodoxes, athées comme croyants sont invités à la fête française de la révolution universelle, le héros flaubertien accompagné de sa Rénal vieillissante torture le tyran défait qui voudrait réemprunter, mais à rebours, le chemin véritable qui alors ne conduit qu’aux impasses d’un simiesque passé.
Il affirme au plus haut le saint héritage, le chant puissant de celui qui choisit la liberté, et mène la procession populaire hors du temple sanglant, portant haut la tache de la faute sur sa parure républicaine, emprunte mais à l’envers, lui aussi, l’Arcole des illusions impériales.
Tuez donc le veau gras, le fils prodigue est revenu, bienvenu au festin de la nourriture solide des hommes et des femmes enfin faits, tous ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal, à discerner le faux du vrai.
https://saintebible.com/lsg/hebrews/5.htm
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