On ne va pas se mentir

par Jean-Marc Bourdin

Ce n’est qu’une impression que je serai bien incapable de quantifier pour l’étayer, mais j’ai entendu ces derniers temps avec une fréquence qui ne m’avait pas frappé jusqu’à présent la locution « on ne va pas se mentir ». Le 12 mars 2019, elle était employée sur une radio nationale par une intervieweuse politique réputée. Il y a quelques jours, un malheureux footballeur interrogé après une non-qualification inattendue en « Ligue des champions » en avait fait également l’usage pour concéder que son équipe n’était pas au niveau. Dans les réponses données à de telles interpellations appelant à la vérité et la lucidité, l’adverbe « honnêtement » est aussi souvent présent. Comme si l’interlocuteur déniait par avance toute intention de travestir la réalité. Mais l’expérience montre que le déni préalable révèle souvent une réalité contraire. Car de deux choses l’une : chaque fois que l’on prononce le mot « honnêtement », cela peut signifier, soit qu’on ne respecte pas la vérité dans les autres occasions où on ne l’emploie pas, soit, plus probablement, qu’on l’emploie sciemment ou inconsciemment parce qu’on s’estime forcé de faire en l’occurrence une entorse à la vérité.

« On ne va pas se mentir » a également donné son titre à une émission télévisuelle de débat contradictoire programmée de 2012 à 2016 sur iTELE qui a contribué à la renommée de Léa Salamé, Audrey Pulvar et Marc Fauvelle, trois journalistes importants du paysage médiatique français. Là encore, l’ambition affichée par le titre de l’émission semblait à la mesure du doute qui planait sur la sincérité spontanée des politiques invités à débattre. Jonathan Swift avait, il est vrai, publié L’art du mensonge en politique, en 1733 (sous un nom d’emprunt !) où il affirmait, entre autres : « Il n’y a point d’homme qui débite et répande un mensonge avec autant de grâce que celui qui le croit ». Il concluait qu’un mensonge était combattu le plus efficacement par un autre mensonge. Bref, le mensonge serait, pour cette raison en particulier, une maladie sociale contagieuse. Dans le domaine politique, l’observation montre que cela ne fait guère de doute.

Après tout, nous sommes à l’ère des infox / fake news et de la post-vérité réunies. « On ne va pas se mentir » pourrait devenir une nouvelle formule de politesse précédant tout échange, en signe de bonne volonté, comme « bonjour » ou « avec plaisir », termes au demeurant aussi peu sûrs et parfois hypocrites qu’honnêtement… À croire que tout propos devrait désormais se concevoir comme une déposition lors d’un procès à laquelle préluderait un engagement à « dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité ».

Dans la suite de ma journée, j’avais programmé d’aller voir (et écouter) au théâtre une pièce au titre qui faisait manifestement écho à ma préoccupation du moment : « Et si on ne se mentait plus » d’Emmanuel Gaury et Mathieu Rannou. Le contenu de la pièce est ainsi résumé sur les sites qui promeuvent le spectacle : elle « raconte l’amitié de Lucien Guitry, Jules Renard, Tristan Bernard, Alfred Capus et Alphonse Allais. […] Lors de […] moments fraternels les répliques fusent et le vin coule à flots. Pourtant, en octobre 1901 ils font face à un tournant dans leur amitié : pendant que les uns doivent faire un choix entre la gloire et l’amitié, d’autres se demandent si, pour une femme, ils peuvent mentir à leurs amis. Et pour de l’argent ? Le mensonge, surtout en amitié, c’est ce qui met du poivre dans le sel de l’existence. » Si on ne mentait plus à nos proches…

Pour revenir à nos moutons girardiens, comme il est de coutume ici, rappelons-nous que le titre du premier ouvrage de René Girard oppose le « mensonge romantique » à la « vérité romanesque ». Or le « mensonge romantique » est avant tout un mensonge à soi-même auquel est opposée la lucidité des grands romanciers du désir. Il s’agit là d’auto-tromperie, d’auto-duperie, d’aveuglement, c’est-à-dire de « se mentir à soi-même ». La traduction anglaise du titre de l’essai – Desire, Deceit and the Novel – insiste d’ailleurs, au-delà de l’effet d’allitération, avec son deuxième terme sur ce point, deceit signifiant ici tromperie. Êtres désirant mimétiquement, nous avons en effet un gros problème avec la vérité et la lucidité. Notre méconnaissance qui peut aller jusqu’au déni s’oppose sans cesse à la reconnaissance de nos menteries.

Au-delà, notre époque communicationnelle de société du spectacle pousse à la langue de bois, au travestissement, à l’omission, à la tricherie. Tous les êtres médiatisés sont appelés à se justifier, interpelés sur leurs contradictions, rappelés à leur devoir de sincérité sur tous les sujets, y compris ceux qu’ils répugnent à aborder. Notre société contemporaine se veut toujours plus transparente dans une sorte d’escalade paradoxale de l’hypocrisie. L’estime de soi qu’il est également recommandé de rechercher en toutes circonstances pousse quant à elle dans le sens de travestissements de la vérité parfois salubres. Si on ne se mentait plus à soi-même, ne plongerait-on pas dans une spirale dépréciative autant que dépressionnaire ?

Jésus commençait toutefois il y a 2000 ans ses sentences les plus fortes par un solennel « En vérité, je vous le dis », sans doute pour obtenir l’attention de son auditoire. Mais il est vrai qu’il avait à dire, lui, des vérités d’Évangile. Et il avait ajouté chez Jean (8-32) : « la vérité vous rendra libres » ou, selon d’autres traductions, « la vérité fera de vous de hommes libres ». Il invitait aussi à l’examen de conscience entre la paille dans l’œil du voisin et la poutre dans le sien. Jésus nous conseille à l’évidence de ne pas / plus se mentir.

Je vous incite plus modestement à prêter attention, à défaut de donner crédit, à l’emploi en voie d’accroissement des expressions du type « on ne va pas se mentir » ou « honnêtement ». Je ne suis pas sûr qu’elles nous garantissent un accès direct à la vérité malgré ce qu’elles prétendent, mais elles peuvent certainement nous alerter sur quelques arrangements avec elle, délibérés ou inconscients. En ce qui me concerne, je vais essayer de bannir à l’avenir ces vocables de mes propos et d’éviter de la sorte la contagion qui s’amorce.

6 réflexions sur « On ne va pas se mentir »

  1. Ne pas se mentir… Ceci est un travail où il s’agit d’oeuvrer pour s’approcher, couche de conscienciation après couche de conscienciation, de la vérité, sans jamais sans doute l’atteindre. Je veux dire que, comme l’hospitalité, la recherche de la vérité est un travail qu’on décide de faire, en sachant que c’est un travail sans fin. C’est un travail d’oeuvrier de soi-même. Il y a la commune étymologie d’hospitalité avec hostilité. Cela veut dire qu’au-delà de l’altérité, qui révulse presque instinctivement le corps et la sensibilité (désagréments d »une langue qui rebute notre oreille, d’odeurs étrangères, conventions de politesses tellement différentes que certaines de l’étranger nous paraissent des insultes etc.), nous établissons dans l’hospitalité un terrain neutre, où nous faisons une sorte de pacte de non-agression pour nous laisser le temps de tisser un commun, de métaboliser l’altérité de l’autre. C’est de la construction de soi par extension vers le dehors de nous-même pour rejoindre l’autre. Cela ne peut se faire que dans la présence des corps ensemble, de l’invention d’un « entre » qui se tisse peu à peu et qui nécessite la mise en place de ce pacte de non-agression qu’on appelle l’hospitalité. Je veux dire que décréter le racisme interdit fait penser que l’anti rascisme est naturel et peut être décrété. Alors que ne plus être excluant, c’est un travail. Et décréter que nous serions naturellement non raciste, non excluant, c’est s’exonérer de tout le travail qu’il faudrait faire pour nous éduquer à accepter l’altérité, travail culturel et non naturel. C’est le travail d’humanisation de soi-même par intégration dans la conscience, puis dans le corps, de l’altérité et de la relation à l’hétéronomie qui est première (par rapport à l’identité, laquelle est presque du domaine du besoin de survie cellulaire, biologique, du territoire vital à défendre que nous souffle le cerveau archaïque). Il faut dépasser la rivalité, le désir mimétique, la nécessité du sacrifice pour agrandir son être par la relation, et c’est pour cela que l’hospitalité est juste cette trêve culturelle nécessaire pour nous laisser le temps d’oeuvrer à notre acceptation de l’autre, et à notre transformation par cet autre. Pour le mensonge à soi-même, c’est pareil. Je me souviens à quel point le mensonge identificatoire m’a été nécessaire : je me prenais pour Rimbaud, je me prenais pour Artaud quand j’étais gamine, je me la « racontais » pour me construire. Ce furent des mensonges repères, constructeurs. Après, couche après couche, on déconstruit, on s’approche de la désidentification. Mais c’est un travail à chaque fois recommencé. On se ment toujours un peu moins si on travaille à extirper le mensonge de soi-même, mais on ne peut pas décréter qu’on ne ment plus. Il s’agit surtout d’examiner peu à peu et de déconstruire peu à peu. Comme pour le sacrifice. Le mensonge, comme la peur de l’autre, comme le sacrifice, est premier dans l’histoire humaine. Inventer une histoire seconde, c’est faire retour dans le mensonge, pour en détecter l’origine. (par la psychanalyse, par l’analyse intellectuelle, par l’écriture etc. ). C’est la pierre d’angle alors, qu’il faut ôter et remplacer. ÔTER le sacrifice, mais alors qu’est-ce qui nous soudera? Dans le sacrifice, il y a ce mensonge : mais non, nous n’avons pas tué, mais non ce n’est pas notre rivalité qui a mis le chaos, c’est la divinité qui a fait tout ça etc. Mais alors là, il faut tenir, sans le sacrifice, sans le mensonge, sans le sentiment d’identité excluante… Il faut créer d’autres liens pour que tout tienne ensemble dans notre personne… (Car dans « personne, comme dit Novarina, il n’y a personne dedans », tout est déconstruire et reconstuire) Alors là, il faut commencer à inventer peu à peu d’autres façons de se lier, d’examiner les conflits, d’aller à la critique sensible, comme le fait le théâtre (et tout son répertoire et ses techniques) Mais personne ne peut se prévaloir d’avoir opéré d’un coup de baguette magique sa conversion vers le non sacrifice, la non rivalité, et le non mensonge. Nous ne faisons qu’y tendre, couche après couche, et c’est un dur labeur…

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  2. Oui, dur labeur que de s’apercevoir que nous ne sommes rien que la relation que l’on entretient aux autres, qu’il est possible de sortir du sacrifice désormais si inutile pour accéder au don total, terme encore entendu comme païen car nous ne savons pas encore parler autrement, qu’il ne s’agit pas de changer de pierre angulaire car il n’y en a jamais eu qu’une de fiable et de solide, que nous avons chacun bien peine à dégager de la tour de sophismes accumulés qu’une pichenette suffit à écrouler et qui ensevelit tout sous les gravats du mensonge et des justifications.
    Les fake news n’empêcheront jamais la vérité d’être la vérité, en dehors de toute appréciation humaine, même de l’homme, cet animal qui s’aperçoit, cet instant de la nature qui s’envisage et qui, voyant ce qu’il voit car il sait arrêter le Temps, a de la peine à reconnaître ce qui pourtant lui indique le si dur, oui, mais si mirifique chemin qu’est la réalité, chemin dont on lui laisse le choix de consentir ou non de s’y engager :

    « Les liens entre un être et nous n’existent que dans notre pensée. La mémoire en s’affaiblissant les relâche, et malgré l’illusion dont nous voudrions être dupes, et dont par amour, par amitié, par politesse, par respect humain, par devoir, nous dupons les autres, nous existons seuls. L’homme est l’être qui ne peut sortir de soi, qui ne connaît les autres qu’en soi, et, en disant le contraire, ment. »

    https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Proust_-_Albertine_disparue.djvu/46

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  3. Je la trouve touchante, cette petite phrase, dans sa tentative naïve de nous extraire de la gangue des conventions, du masque que nous portons en permanence parce qu’au-delà de la méconnaissance girardienne, nous savons pertinemment que ce masque cache trop souvent le visage de la colère et du ressentiment, et que si nous l’enlevons ses sentiments se répandront comme une traînée de poudre autour de nous. C’est tellement de notre époque ce désir de se passer des artifices sacrificiels, et j’y entends aussi le désespoir contemporain lorsque nous constatons que, décidément, nous ne sommes pas encore prêts pour cette opération-vérité. D’où l’ambiguïté relevée par Jean-Marc Bourdin.
    Honnêtement, on ne va pas se mentir : nous avons encore (un peu) besoin du mensonge.

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  4. Ignorant comme savant mentent encore car encore ils ne savent ce qu’ils font et restent obsédés par l’ennemi, plutôt que de se donner avec confiance à la pleine lumière de la vérité qui permet de voir comme d’être vu, affirmant la victoire complète non d’une partie mais du tout, celui qui divise voyant son mensonge pulvérisé car révélé aux yeux de tous, ses derniers balbutiements n’étant que le témoignage de ce qu’il est, rien, qu’il laisse toute la place à celui qui est le signe de l’arrivée imminente de l’Heure :

    « Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis. 59Là-dessus, ils prirent des pierres pour les jeter contre lui; mais Jésus se cacha, et il sortit du temple. »

    https://saintebible.com/lsg/john/8.htm

    Plutôt que d’en recoudre le rideau pour mieux cacher nos turpitudes, sortons nous aussi du temple de l’ancienne loi, affirmant au plus haut qu’elle fondît la nouvelle, indiquant le chemin des possibles et de la joie.

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  5. On ne va pas se mentir, Jean-Marc, il y a des vérités qui sont si désagréables à dire et encore plus à entendre que le tic de langage dont tu soupçonnes qu’il est révélateur de notre besoin de cacher nos mensonges derrière un autre, plus gros, peut aussi attester de nos bonnes manières. Je pose la question à un proche dont l’opinion m’importe : « Alors, ma nouvelle coiffure, tu la trouves comment? » Si la réponse est précédée de « Honnêtement », je regrette bien vite d’avoir posé la question ! OK, Il ne s’agit pas d’une « vérité » mais d’une opinion, mais toute opinion passe pour vraie auprès de celui qui l’a adoptée et cela suffit pour que nous soyons attentifs à ne pas blesser les autres en disant tout de go « ce qu’on pense ». Des fois, vaut mieux penser ce qu’on dit que dire ce qu’on pense.
    Donc, « on ne va pas se mentir » pourrait être une formule de politesse, une façon de prévenir celui ou ceux auxquels on s’adresse que la vérité (ce qu’on estime être vrai) est quelque chose de blessant ou de dérangeant, ce qui, après tout, est souvent le cas.
    Si l’on veut éviter de se duper soi-même en dupant les autres, semble dire le Narrateur, il faut savoir que nous existons seuls, que personne ne peut sortir de soi etc. Mais n’est-ce pas là un « mensonge romantique » ? La lecture de Girard m’a fait douter du solipsisme : l’autre est toujours déjà là dans la relation, amicale ou hostile que j’entretiens avec moi-même. Et j’ai adopté la critique commune à Pascal et Girard à ce sujet : on vit hors de soi, on se fuit en permanence.

    Maintenant, l’abus de cette précaution oratoire, fustigé par Jean-Marc, peut aussi signifier qu’on s’excepte soi-même de la doxa ambiante, qu’on a la prétention 1) d’être le détenteur de la vérité 2) d’avoir le courage de s’exposer en la révélant. Alors qu’on veut seulement asséner son opinion.

    Et, sans fausse modestie, honnêtement, je conclurai par le constat que mon petit commentaire est un peu terre à terre au regard des réflexions élaborées et d’un niveau spirituel élevé qui le précèdent. Merci pour ce bel échange !

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  6. Et pourtant, tout est révélé.
    L’humain n’est que relation et n’a conscience de cette réalité que par la trace qu’elle laisse en lui, et qui n’est pas la réalité, mais sa trace.
    Pascal, Girard, Proust, tous les justes qui ont su assez se décentrer, indiquent la voie, dégagent la loi, qui est aveu d’ignorance sauf à entendre le Christ, puisque nous ne savons pas, n’avons jamais vu Dieu, et n’avons d’autre choix que d’entendre, ou pas, son signe.
    Il me semble qu’après ceux-là, et tous les autres qui ont su formuler leur conversion, notamment Girard, le pari de Pascal peut s’envisager désormais comme un choix en termes clairement définis, l’amour du prochain, ou la destruction.
    Est-ce asséner une vérité que de reconnaître ces lois interdividuelles qui nous régissent ?
    Ce serait comme prétendre que Newton nous assénait sa vérité quand il découvrait la gravitation universelle.
    Ce n’est pourtant pas simple, ou plutôt, enfermés en nos désirs de plaire, leur complexité empêche d’accéder à cette toute simplicité.
    J’ai parfois l’impression, comme Zachée, de me retrouver avec la structure sacrée de la parabole des talents et son roi égorgeur, à ne plus savoir qui parlait, Jésus, où le roi de la parabole.
    Et je suis alors certain du saut à effectuer, d’accepter notre incompréhension et, laissant cette question, sortir de la maison du publicain, monter sur le petit de l’âne et suivre le Rabbi dans la cité pour y accomplir les écritures, quel qu’en soit le prix.
    Alors, je sais le chemin du sacré au saint, qui parle et à qui, que le mensonge est à jamais révolu si je reconnais ma propre tendance persécutrice et ne confond pas l’auteur de la parabole avec celui qu’il décrit, et peut alors avec sûreté imiter le modèle de mon choix en connaissance de cause:

    « L’homme qui n’est pas protégé par l’armure d’un mensonge ne peut souffrir la force sans en être atteint jusqu’à l’âme. La grâce peut empêcher que cette atteinte le corrompe, mais elle ne peut pas empêcher la blessure. Pour l’avoir trop oublié, la tradition chrétienne n’a su retrouver que très rarement la simplicité qui rend poignante chaque phrase des récits de la Passion. D’autre part, la coutume de convertir par contrainte a voilé les effets de la force sur l’âme de ceux qui la manient.Malgré la brève ivresse causée lors de la Renaissance par la découverte des lettres grecques, le génie de la Grèce n’a pas ressuscité au cours de vingt siècles. Il en apparaît quelque chose dans Villon, Shakespeare,Cervantès, Molière, et une fois dans Racine. La misère humaine est mise à nu, à propos de l’amour, dans l’École des Femmes, dans Phèdre ; étrange siècle d’ailleurs, où, au contraire de l’âge épique, il n’était permis d’apercevoir la misère de l’homme que dans l’amour, au lieu que les effets de la force dans la guerre et dans la politique devaient toujours être enveloppés de gloire. On pourrait peut-être citer encore d’autres noms. Mais rien de ce qu’ont produit les peuples d’Europe ne vaut le premier poème connu qui soit apparu chez l’un d’eux. Ils retrouveront peut-être le génie épique quand ils sauront ne rien croire à l’abri du sort, ne jamais admirer la force,ne pas haïr les ennemis et ne pas mépriser les malheureux. Il est douteux que ce soit pour bientôt. »

    Cliquer pour accéder à Weil-L_Iliade_ou_le_poeme_de_la_force.pdf

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