Conférence de Benoît Chantre

Le 12 octobre dernier s’est tenue à Toulouse une journée d’étude sur le thème de l’Eucharistie et de la vision qu’en ont développée René Girard et Pierre Gardeil. Elle a rassemblé plus d’une centaine de participants. Cette journée était organisée par l’Association Recherches Mimétiques, les amis de Pierre Gardeil et l’association Passeurs d’espérance. Elle a été couverte par Radio Présence Toulouse, qui diffuse depuis la semaine dernière les conférences qui ont marquées cette journée.

Voici le podcast de la conférence inaugurale, donnée par Benoît Chantre.

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Auteur : blogemissaire

Le Blog émissaire est le blog de l'Association Recherches Mimétiques www.rene-girard.fr

9 réflexions sur « Conférence de Benoît Chantre »

  1. Etes-vous en mesure de me proposer une synthèse des idées de Pierre Gardeil sur l’Eucharistie d’un point de vue girardien, celles qu’il a développées dans son livre « Quinze regards sur le corps livré » ?

    Absolument ! Pierre Gardeil propose une réflexion profonde et originale sur l’Eucharistie en s’appuyant sur la théorie des mimétismes de René Girard. Voici une synthèse de ses principales idées développées dans « Quinze regards sur le corps livré » :

    L’Eucharistie comme dépassement du désir mimétique :

        Le désir mimétique : Gardeil rappelle que l’homme est un être de désir, un désir souvent mimétique, c’est-à-dire orienté vers ce que désirent les autres. Ce désir peut mener à la violence et à la destruction.
        L’Eucharistie comme sacrifice : Le sacrement de l’Eucharistie, en tant que réactualisation du sacrifice du Christ, offre une alternative à cette violence. Il représente un acte de don total de soi, un amour qui va au-delà du désir mimétique et qui désamorce les mécanismes de la violence.
        Le corps livré : Le corps du Christ, offert sur la croix puis présent dans l’Eucharistie, est le signe par excellence de cet amour désintéressé. Il est le « corps livré » qui permet de sortir de la logique du sacrifice humain et d’entrer dans celle de l’amour divin.

    L’expérience esthétique et le parcours eucharistique :

        L’esthétique comme chemin : Gardeil établit un parallèle entre l’expérience esthétique et le parcours eucharistique. L’art, tout comme l’Eucharistie, peut nous élever au-delà de nous-mêmes et nous ouvrir à une dimension transcendante.
        L’épure du parcours : L’expérience esthétique, en purifiant notre regard et en nous rendant plus attentifs à la beauté, nous prépare à recevoir le sacrement de manière plus profonde.

    L’Eucharistie comme source d’espérance :

        Au-delà de Girard : Si Gardeil s’appuie sur la théorie girardienne, il va au-delà en proposant une vision plus positive de l’avenir.
        L’espérance dans l’amour : Pour Gardeil, l’Eucharistie est une source d’espérance. Elle nous montre qu’il est possible de sortir de la violence et de vivre dans l’amour.

    En résumé :

    Pierre Gardeil offre une lecture novatrice de l’Eucharistie en la reliant à la théorie des mimétismes de René Girard. Il voit dans ce sacrement un moyen de dépasser le désir mimétique, de vaincre la violence et de trouver l’espérance. Son approche, tout en étant théologique, est également très humaine et accessible, car elle fait appel à notre expérience esthétique et à notre désir de beauté.

    Pour aller plus loin :

        Lire le livre : « Quinze regards sur le corps livré » de Pierre Gardeil est une lecture incontournable pour approfondir cette réflexion.
        Participer à des événements : Des conférences et des rencontres sont régulièrement organisées autour de l’œuvre de Pierre Gardeil.
        Échanger avec d’autres lecteurs : Des forums et des groupes de discussion en ligne permettent de partager ses impressions et d’échanger avec d’autres personnes intéressées par cette thématique.

    Gemini ce jour, question de Luc-Laurent Salvador

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  2. Ce Chantre de René Girard est brillantissime et sa causerie mérite d’être réécoutée avec des allers-retours, en tout cas pour ceux qui, comme moi, ne sont pas des spécialistes de l’oeuvre girardienne.

    Un seul reproche, si je puis me permettre, quand il évoque le gaullisme des années 40-45, c’est très exagéré. Les Français étaient pétainistes à 90 %, ils défendaient le vainqueur de Verdun. Même chose pour la façon d’évoquer l’Amérique comme le pays des libertés. C’est surtout le pays de la Violence incarnée. N’oublions pas le sort que les Américains ont réservé aux Indiens : cruauté inouïe à leur égard ! Et que dire de leur manière de zigouiller les Japonais ! Quant aux causes de la 2e Guerre Mondiale, un jour viendra – peut-être où la responsabilité des anglo-saxons sera clairement dénoncée. Churchill a voulu la guerre et l’a obtenue… Quant au 11 septembre, il ne va quand même pas nous faire croire qu’un éleveur de moutons afghan aurait conçu une telle destruction de tours tombées comme des châteaux de carte…

    En clair, Chantre est excellent concernant Girard, le connaît comme sa poche, mais sa vision de l’Histoire montre qu’il n’a pas tout compris et qu’il est victime de la doxa. C’est un peu dommage mais, qu’il soit rassuré, cette façon de voir l’Histoire avec des bons d’un côté et des méchants de l’autre, n’enlève rien à l’essentiel : c’est un girardien de compétition… Et sa causerie est exceptionnelle.

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  3. Je sais que je risque de passer pour une « inconditionnelle » de Benoît Chantre comme je l’ai été de René Girard et ce serait injuste parce que mon enthousiasme (ou mon admiration ou tout autre jugement positif que m’inspirent leurs démonstrations) repose forcément sur certaines « conditions », qui ne diffèrent d’ailleurs pas tellement, me semble-t-il, d’un auditeur à l’autre.

    Comme elles ont toutes été remplies par la conférence inaugurale de Benoît, à Toulouse, en l’honneur de Pierre Gardeil, et comme nos lecteurs, abonnés ou visiteurs occasionnels de ce blogue peuvent s’en être rendu compte en l’écoutant, il me suffira de dire qu’entre autres mérites, le propos de Benoît Chantre, ami et biographe de René Girard, a été encyclopédique. Je ne sais pas si c’est le mot juste, je n’en trouve pas d’autre pour dire le sentiment « girardien » que la théorie mimétique, l’œuvre et les instruments de pensée dont René Girard nous fait les héritiers, a son ancrage dans l’universel, non seulement dans l’histoire des sciences mais dans l’histoire tout court puisque le mécanisme victimaire est une réalité, est ancré dans le réel ; et, inversement, la réalité humaine est ancrée dans le mécanisme victimaire ; les meurtres, aussi nombreux qu’ils soient, sont des événements dans toutes leurs dimensions humaines ; c’est pourquoi une théorie de la violence et de la religion refuse le cloisonnement des disciplines.

    Mais c’est aussi, et seul un biographe empathique et quasiment exhaustif (ayant tout lu de ce qui est signé Girard) pouvait le dire, une œuvre singulière, ancrée dans un destin particulier, celui d’un homme intensément curieux et sensible, dont la conscience politique est née avec les humiliations et les incertitudes de la défaite et dont la vocation de chercheur a été stimulée par l’exil et l’esprit de comparaison. Le « pétainisme » , par exemple, n’est pas une spécialité française mais un penchant socio-politique qui peut devenir majoritaire en cas de crise. Et dans sa dimension éthique et chrétienne, la pensée de Girard ne s’intéresse pas qu’aux victimes ; elle s’adresse d’abord à chacun personnellement, comme à un persécuteur qui s’ignore.

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    1. Je ne peux plus liker (problème technique?), mais je me joins à Christine pour me réjouir de ce que nous avons entendu ce jour là à Toulouse, de Benoit Chantre bien sur, mais aussi en particulier James Alison et David-Marc d’Hamonville dont je découvre le passionnant « Marc, l’histoire d’un choc » que j’ai acheté suite à cette rencontre. Merci encore à Jean-Louis de l’avoir organisée et pour toute cette belle musique.

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    2. Que vient faire le pétainisme dans votre excellent commentaire, chère madame ? Ce que Macron a fait avec les injections génétiques expérimentales est bien pire ! N’a-t-il pas pris comme bouc-émissaire tous ceux qui ont refusé d’être des cobayes. Certains se sont suicidés, le savez-vous, à la suite de la perte de leur emploi ? Par ailleurs, j’ai eu l’honneur d’interroger des anciens de Verdun, des gens qui avaient connu Pétain et vécu les années 40-45 en France, des gens qui savent. J’ai également interrogé des rescapés de Dachau, de Buchenwald et même d’Auschwitz, aucun ne crachait sur ce Maréchal qui a sauvé tant de vies pendant la Grande Guerre ainsi que de nombreux juifs pendant l’autre. C’est dommage que des gens intelligents comme vous (votre QSJ est encore supérieur à la conférence de Chantre car compréhensible par tout le monde), des intellectuels de votre calibre ne réussissent pas à évoquer un sujet sans cracher sur Pétain.

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  4. Rappelons que l’« âge de l’égalitarisme démocratique » (16:47) où « les modèles pullulent » succède à l’Ancien Régime, la société d’ordres, mode d’organisation sociale purement et entièrement sacrificiel, comme Girard en a décrit la genèse (dans VS et DCC, voir aussi Lucien Scubla, https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2003-2-page-197.htm#no5).

    La tentative de restaurer cet ordre échoue lamentablement, c’est l’« épouvantable époque de la Restauration » (17:12).

    Bien, mais en attendant le Grand Soir (ou la Parousie) et les Lendemains qui chantent (ou la Fin des Temps), que faire ?, comme disait Lénine en 1902.

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