Notre Président de la République, un bouc émissaire en sursis ? (saison 2)

Le 21 janvier 2017, un des premiers billets publié par notre blogue, il y a donc désormais plus de sept ans, s’intitulait : « Notre président de la République, un bouc émissaire en sursis ? » (https://emissaire.blog/2017/01/23/le-president-de-la-republique-francaise-un-bouc-emissaire-en-sursis/ ). Il correspondait à l’époque où François Hollande renonçait à se présenter en vue de sa réélection, lâché par la plupart de ses soutiens, en préalable à un scrutin qui verrait Emmanuel Macron accéder à ce qui est communément appelé en France “la magistrature suprême”.

Ce billet rappelait la thèse de René Girard sur l’institution de la royauté sacrée, comme rite de désignation d’un bouc émissaire en sursis et s’interrogeait sur la transposition possible de ce schéma archaïque dans une démocratie parlementaire contemporaine qui, comme la France, attribue une place prééminente à un président de la République : élu au suffrage universel direct, il domine absolument la scène politique dès lors qu’il dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale (au demeurant une majorité dégagée par les règles du suffrage et non une majorité du corps électoral ni même de votants). Dans un système démocratique qui se définit comme confiant l’intégralité du pouvoir à la majorité absolue des représentants élus du peuple, une telle majorité vaut quasi-unanimité pour la durée de la mandature.

Le président est donc d’abord et avant tout faiseur de majorité, l’accessoire indispensable à sa puissance d’agir. Si Emmanuel Macron est parvenu, contrairement à ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, à se faire réélire en 2022 et, contrairement à François Mitterrand et Jacques Chirac, à se faire réélire sans avoir à en passer par l’étape d’une cohabitation avec son opposition devenue un temps majoritaire, il a en revanche échoué à s’assurer une majorité absolue de députés à l’issue de sa réélection.

Or, si selon la loi du nombre démocratique, la majorité absolue des députés à l’Assemblée nationale vaut quasi-unanimité, la majorité relative oblige à recourir à des dispositifs quelque peu acrobatiques et incertains puisqu’un accord entre les oppositions peut paralyser la puissance publique et provoquer une crise institutionnelle.

Des signes avant-coureurs, comme la révolte des gilets jaunes, avaient auparavant montré que la majorité absolue des députés occultait une minorité réelle au sein du corps électoral, que celui-ci vote ou s’abstienne. De même, l’état d’exception créé par la crise de la COVID avait ajouté un leurre supplémentaire empêchant une perception réaliste de la situation.

Des institutions faites pour dégager une majorité, lors de scrutins opposant une coalition de droite à une autre de gauche, faisaient converger, au gré des alternances, vers des politiques somme toutes assez proches et se voulant en accord avec le contexte européen et international. Elles ont été profondément déstabilisées par l’émergence d’un centre s’affirmant comme la synthèse des “raisonnables” et repoussant ses oppositions vers des expressions en pratique non compatibles avec les contextes européen et international. Avec cette antienne du mouvement au pouvoir : moi ou le chaos.

Si, dans les monarchies sacrées, le roi était avant tout un faiseur de pluies permettant au cycle des saisons de produire des ressources en abondance (voir Kings of Disaster : Dualism, Centralism and the Scapegoat King in Southeastern Sudan de Simon Simonse, réédité aux Michigan State University Press : Lessing, 2018), dans la République française, son président se veut et se doit d’être un faiseur de majorité. S’il échoue et que les problèmes posés au peuple ne trouvent pas de solutions en raison d’une impuissance d’agir face aux circonstances critiques, alors le mécanisme du bouc émissaire, en partie institutionnalisé sous un mode mineur par les obligations de réélection périodique, reprend toute son acuité.

Outre ses opposants traditionnels, Emmanuel Macron voit ses propres soutiens, souvent ses créatures, s’opposer à lui : deux de ses premiers ministres qui aspirent au demeurant à lui succéder, son ministre des finances et son ministre de l’intérieur qui l’accompagnent de longue date et sont les principaux concernés par la crise ambiante, la présidente de l’Assemblée nationale ou encore le président du Sénat qui a affirmé refuser d’être un jour le premier ministre de l’actuel président à l’époque où la reconstitution d’une majorité absolue était encore envisagée, bref à peu près tous les acteurs qui comptent se sont désolidarisés d’Emmanuel Macron, usant le plus souvent pour ce faire d’une rhétorique pour le moins inhabituelle, sous laquelle percent violence et ressentiment.

Après l’échec retentissant des élections européennes sonnant comme une sorte de plébiscite anti-Macron et celui annoncé des élections législatives convoquées dans la foulée, sa principale opposante, Marine Le Pen, a évoqué l’idée qu’il ne lui resterait plus qu’à démissionner et un ancien président du Conseil constitutionnel, Pierre Mazeaud, estime que c’est effectivement la dernière option qui lui reste. Qui vivra verra.

Voilà que le réélu de 2022, auquel tout ou presque semblait sourire, voit la roche Tarpéienne se rapprocher dangereusement. En tout état de cause, il semble qu’une majorité absolue à l’Assemblée nationale devienne de plus en plus difficile à obtenir ou à conserver. Déjà François Hollande avait vu la sienne fondre, la défection de ses “frondeurs” l’obligeant en fin de mandature à recourir aux fameux article 49-3, l’outil constitutionnel masquant une perte de majorité par la manifestation de l’incapacité des oppositions à se constituer en majorité alternative.

Au-delà du caractère anecdotique de ces situations de fragilité extrême de nos deux derniers présidents en exercice, se pose la question de la pérennité d’institutions qui confèrent autant de responsabilités au titulaire de la magistrature suprême. N’y aurait-il pas d’autres moyens pour faire tomber la pluie régulièrement ?

13 réflexions sur « Notre Président de la République, un bouc émissaire en sursis ? (saison 2) »

    1. La versatilité de la foule est attestée de longue date par l’expression latine sur la proximité de la roche tarpéienne, lieu de précipitation des condamnés et le Capitole, lieu par excellence du pouvoir. Et bien entendu par la Passion qui commence par une entrée triomphale à Jérusalem. Quant aux origines grecques de notre culture, est-ce un hasard si notre époque a retenu en priorité la mythe de la perte de faveur d’Oedipe à Thèbes?

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  1. C’est quoi un bouc émissaire ? Si l’on choisit la définition girardienne, pourquoi pas, c’est une victime sur laquelle la communauté transfère sa propre violence intestine à seule fin de s’en délivrer, de s’en purifier (catharsis, en grec) pour retrouver la concorde et la paix. En langage moderne, voulu par Girard, parce que ce mécanisme (victimaire) fonctionne toujours, c’est celui qui « prend pour les autres« . Le capitaine Dreyfus est un bouc émissaire célèbre et incontestable.

    Le « bouc émissaire » est innocent des crimes dont on le charge avant de l’expulser violemment de la communauté. Il n’est pas innocent tout court : par exemple, Œdipe, dont Girard a fait un bouc émissaire, n’est pas exempt de certains défauts, les mêmes qu’on reproche à notre président de la République et, en général, aux hommes de pouvoir : l’orgueil, l’arrogance, la certitude d’avoir raison, d’être plus intelligent que tout le monde et de pouvoir régler tous les problèmes. Cependant, en ce qui concerne Œdipe, nous retenons du mythe (confirmé par la psychanalyse) qu’il est un fils incestueux et parricide, il finit lui-même par accepter ce verdict et en tire les conséquences, il se crève des yeux qui l’ont déjà rendu aveugle (à ses crimes) et s’expulse lui-même de la cité.

    Bon. En ce qui concerne le « bouc émissaire » proposé ici, Emmanuel Macron, je comprends que l’auteur de ce billet puisse le voir, tout seul contre une foule unanime, tenir ce rôle pour lequel il avait été pour ainsi dire formaté : quasiment incestueux (son épouse pourrait être sa mère), quasiment parricide (« il sait ce qu’il me doit » se rassurait le président Hollande avant d’être poussé vers la sortie), trop brillant, trop audacieux,( il n’y a plus ni droite ni gauche, seulement un centre dont il occupe le centre), trop jeune, trop sexy et finalement Président de la République française, élu et réélu. Je comprends : il devait un jour ou l’autre, ayant été acclamé, être rejeté.

    Le problème, en ces jours difficiles que nous vivons, c’est que ce « bouc émissaire » tout désigné ne se comporte pas comme un authentique bouc émissaire ! Il ne se comporte pas comme une victime, bien au contraire. En effet, il n’est pas la solution au chaos (même s’il le prétend : « moi ou le chaos« ), puisque c’est de sa propre volonté que le chaos ou la menace du chaos existe. Si l’on voulait en faire un bouc émissaire, il faudrait inventer une autre définition, envisager qu’un bouc émissaire puisse se charger lui-même de créer un désordre tel qu’on ait besoin de lui pour y mettre fin. Mais dans ce cas, le bouc émissaire n’est une victime en sursis que de lui-même et de son hubris.

    Bref, Jean-Marc, je me demande si ce n’est pas la France, telle que voulait l’incarner le général de Gaulle, le véritable bouc émissaire de cette nouvelle crise (elle s’ajoute à toutes les autres) que nous vivons.

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    1. Chère Christine, merci pour tes suggestions sur le profil oedipien de notre président. A la réflexion, on pourrait y ajouter le passage par une banque d’affaires pour y faire des fusions-acquisitions, la participation à la commission Atali au secrétariat de laquelle il se fit remarquer (tentative de réponse à l’énigme de la Sphinge ?), etc.

      Ce qui m’a intéressé dans mes deux billets à 7 années d’intervalle, c’est moins le destin particulier de nos derniers présidents comme bouc émissaire (ou non) que l’idée de l’institution de la monarchie chez Hocart et Girard (RG en traite notamment dans DCC dans un point entier intitulé La royauté sacrée et le pouboir central) comme intronisation d’un bouc émissaire en sursis éclairait l’institution par la Ve République d’une « monarchie républicaine » comme la qualifiait autre fois Maurice Duverger. L’importance conférée à nos présidents en particulier depuis l’hyper-présidence de Nicolas Sarkozy donne vraiment l’impression que le peuple est appelé à désigner périodiquement un personnage singulier (pas un premier ministre qui pourrait être remplacé par un autre au sein du parti majoritaire comme ce fut le cas récemment au Royaume-Uni) sacrifiable tous les 5 ans voire au moment d’une crise aiguë dans l’espoir (probablement vain) que son remplacement permettra la sortie de crise.

      Il m’a semblé utile de montrer à quel point notre « modernité » institutionnelle nous avait rapprochés de la fondation supposée de la monarchie sacrée comme bouc émissaire en sursis qui avait fini par s’affranchir de la menace du sursis entre le haut moyen-âge tel que l’a restitué Michel Rouche et la mise à mort de Louis XVI.

      Pour ce qui concerne le véritable bouc émissaire, il me semble que le peuple/la nation est toujours la victime tout court de la crise mais pas la victime émissaire par principe unique ou peu nombreuse sur laquelle décharger toutes nos responsabilités collectives et ressentiments.

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      1. Cher Jean-Marc, La France à la fois réelle (elle a un acte de naissance et une histoire) et symbolique (elle transcende les régimes politiques et bien sûr les identités particulières), ce n’est pas un peuple/une nation, c’est une « certaine idée » qui n’a plus cours. C’est ainsi que la « préférence nationale » des uns ou la complaisance au communautarisme des autres, ou encore le manque de « vision » politique des uns et des autres, peuvent apparaître comme les symptômes d’un refus unanime du « sacrifice de soi » gaullien. On n’a pas dressé de bûcher mais on a enterré l’idée qu’on devrait, selon la jolie formule du Président Kennedy, au lieu de se demander ce que notre pays peut faire pour nous, se poser la question : que puis-je faire pour mon pays ? Et, à supposer qu’on arrive à se poser cette question avant de mettre son bulletin dans l’urne, la réponse ne va pas de soi, on n’est plus dans les « beaux jours », si j’ose dire, de la Résistance.

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    2. Une certaine idée de la France… Pour moi cela relève du mythe au demeurant élaboré en pleine conscience par le Gl de Gaulle. Je me demande si un mythe est susceptible de devenir la victime d’un rite sacrificiel. Pour moi, mythe, rites et interdits sont trois modalités distinctes d’appréhender les fondations, du monde, d’un peuple, d’une nation. Mais je sais bien qu’on peut dire dans le langage courant qu’on peut sacrifier une idée. Après tout, il y a peut-être des idées boucs émissaires mais j’ai du mal à voir les choses ainsi. Mon réalisme sans doute… et mon inaptitude à la philosophie certainement.

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      1. Une remarque, tout d’abord, sur le thème « Macron bouc émissaire »: Notre président ne se comporte peut-être pas comme un bouc émissaire assumé, mais il a tout fait (sans le vouloir, par sa pratique du pouvoir et encore plus par se communication) pour que les frustrés et révoltés de tout poil aient une folle envie de mettre sa tête au bout d’une pique. S’il avait lu Girard au lieu de s’arrêter à une lecture superficielle de Ricoeur, il aurait compris qu’en se mettant lui-même en avant en toute occasion (souvent sans nécessité, par simple désir d’étaler sa belle intelligence), il finirait par attirer la foudre. Il a cru avec une incroyable naïveté qu’il lui suffirait de se montrer compétent pour se mettre à l’abri de la colère du peuple!

        Cela étant, si Macron est bien le bouc émissaire d’une partie du peuple français, il faudrait aussi, quitte à évoquer l’actualité électorale, parler un peu des boucs émissaires délibérément désignés à la vindicte populaire par le parti qui s’apprête à gouverner la France : les immigrés et plus particulièrement les musulmans. En tant que girardiens, je pense que nous nous devons de signaler la différence « ontologique » entre le recours occasionnel et « ordinaire » à la désignation de boucs émissaire par les politiques et le fait de construire toute une stratégie politique autour de la stigmatisation des étrangers. De ce point de vue, bien que n’ayant aucune sympathie pour Mélenchon et son clan, je ne crois pas que l’on puisse purement et simplement renvoyer dos à dos les extrêmes. Je précise que mon jugement ne porte pas sur les mesures concrètes proposées mais sur la vision du « vivre ensemble » qu’ils distillent par leur discours. Il y a eu des dérapages antisémites de la part de certains membres de LFI, et de la violence dans les propos de Mélenchon, c’est incontestable, mais l’antisémitisme et le rejet de l’autre n’ont aucune place en tant qu’idéologie dans le projet du Nouveau Front Populaire. C’est avant tout un projet de transformation économique et sociale (peu réaliste, mais là n’est pas la question). Le RN, en revanche, ne porte aucun projet spécifique de réforme ou de progrès en matière économique et sociale. Sur ces sujets, ses dirigeants sont capables de dire tout et son contraire car en réalité ils n’ont aucune conviction (et quelles compétences ??). Ce qui compte, c’est la petite musique qu’il y a derrière et celle-ci est particulièrement glauque, et porteuse de violence à plus ou moins long terme. Je pense que l’on peut vraiment parler d’une « politique du bouc émissaire » et cela ne devrait pas laisser les girardiens indifférents.

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  2. L’actuel tendance à la stigmatisation du centrisme politique pose question. Elle est résumée par l’oxymore « extrême-centre ». Le centre serait devenu le point de fuite des extrémismes ? La modération, le compromis, le signe d’un totalitarisme qui ne dit pas son nom ? Bienvenue en Absurdie. Il me semble que la victoire surprise de Macron en 2017 et l’effondrement du système traditionnel basé sur l’alternance gauche-droite est symptomatique d’un effondrement tout court, celui de la démocratie sous la 5ème république. Peut-être faudrait-il une réforme institutionnelle qui entérine cette mort. Ai-je le droit, dans ce blog, de faire la pub du système en vigueur dans mon pays d’adoption, la petite Belgique ? Voilà des décennies que les partis traditionnels (socialistes, chrétiens-démocrates, libéraux) ne représentent plus la majorité. Les coalitions, en Belgique, sont des assemblages disparates et improbables entre des partis qui n’ont rien en commun. Au moins, la Belgique a acté la disparition de l’alternance gauche-droite. Le système est loin d’être parfait (périodiquement nous nous retrouvons sans gouvernement pendant de longues périodes), mais il a le mérite d’obliger les politiciens à sortir de leur autisme idéologique et il en résulte, dans les faits, une politique pragmatique de centre. Ma suggestion de pilule-miracle : la proportionnelle pure et dure, formidable centrifugeuse à éliminer les programmes les plus extrêmes tout en permettant à toutes les frustrations et utopies de s’exprimer.

    Hervé van Baren

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    1. Merci Hervé. C’est tout à fait mon avis également. Je pense que notre pays devrait en revenir à un parlementarisme à la proportionnelle qui à conserver en son sein quelques éléments de rationalisation qui font peut-être défaut à la Belgique. Il est préférable que les représentants élus se mettent d’accord sur un programme de gouvernement et soient contraints par l’obligation de se coaliser à une modération minimale et à un sens du compromis.

      La constitution de la Ve était faite pour le général de Gaulle sur le modèle militaire général en chef/chef d’état-major en distinguant la stratégie à sa charge de la tactique, du génie et de l’intendance qui relevaient de l’état-major. Quand le général en chef s’estime le plus compétent pour s’occuper des petites choses et détruit tous les corps intermédiaires, il s’expose à la vindicte des troufions et à la mutinerie de ses troupes.

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    1. Merci Jacques de me rappeler l’affaire Job et son traitement par RG. C’est particulièrement adapté avec le retournement de « ses amis ».

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  3. Se rend-on compte que les descriptions psychologiques d’autrui ne révèlent que ceux qui les tiennent ?

    Notre petit Mémé serait désespéré qu’on ne le lise point.
    La réalité, n’est-ce pas, dont nous ne connaissons que la trace qu’elle laisse en nous et dont la formulation n’en est qu’une partielle et imparfaite interprétation, délivre de toutes les confusions quand, ensemble, nous en reconnaissons la prééminence inconnue.

    Nous sommes en France, merci au président d’en avoir réveillé le peuple qui est là, debout, cicatrisé de toutes ses défaites, hâbleur et querelleur et qui a maintenant l’occasion d’interpréter son chant immense de liberté, chance donnée à la démocratie d’emprunter les voies réconciliées de la paix.

    Il est pourtant clair que c’est lui ou le chaos, raison pour laquelle le chaos le rejette, passé au révélateur démocratique qui dessine que nous ne serons en démocratie que quand chaque individu aura empire sur lui-même, sera à même de penser le consensus que propose Macron (faire cheminer ensemble les entités contradictoires, espérant prendre les décisions les moins imparfaites qui, bien entendu, mécontenteront la majorité) sans exiger d’être le centre de gravité, comme Raffarin le souhaitait hier, passant outre les échecs de l’UMP.

    Il reste dans la manche constitutionnelle la possibilité d’un référendum sur la réforme de l’État, nous verrons alors si le souverain se méprise lui-même au point de renoncer à la confiance que lui fait son président et se montre apte à l’apprentissage de la démocratie directe, qui ne pourra s’incarner que s’il accède à la capacité d’un débat apaisé sans le désigner comme seul coupable de la responsabilité collective, sans l’exempter non plus de son échec.

    Sinon, merguez, saucisses, bonhomme hiver et poupée gaullienne à la disposition des retours sempiternels de l’amnésie, l’unanimité des Caïphe, le lavage de main des Romains et la figure du Dieu vivant, toujours un homme et toujours mort et supplicié sur sa croix, économie de l’émissaire, vérité qui jamais ne méprise la souffrance des vivants quand, face à la mort, tous nous sommes ses enfants.

    Debout les doux, debout pays, tu es la France.

    https://www.youtube.com/watch?v=nU-GhfeWSP8

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