Masochisme occidental et révélation de la violence

« Maggie Wall fut ici brûlée comme sorcière en 1657 »

par Hervé van Baren

« Entre 1563 et 1727, plus de 2 500 personnes, essentiellement des femmes, furent accusées de sorcellerie et exécutées en Ecosse. Des historiens, des associations, mais aussi le gouvernement, s’emploient à dénoncer ces injustices »(1)

L’article du Monde daté du 23 décembre dernier et intitulé « En mémoire des sorcières d’Ecosse » aborde le mouvement de réhabilitation des « sorcières » écossaises condamnées à mort du XVIème au XVIIIème siècle.

Je ne m’étendrai pas sur le phénomène de chasse aux sorcières. Je renvoie le lecteur à l’analyse par Girard des textes de persécution dans « Le bouc émissaire » (2). L’article n’attache pas énormément d’importance à la situation socio-politique de l’Ecosse de l’époque mais suggère tout de même des situations de crise, soit à l’échelle du pays – le remplacement du catholicisme par l’anglicanisme et le calvinisme – soit à l’échelle locale – comme dans le cas de la ville de Forfar, où les persécutions suivirent de près l’invasion de l’Ecosse par Cromwell.

Dans cet article, je limiterai mon analyse au phénomène récent de rétablissement de la vérité. Porté par quelques passionnés, épris de justice et d’histoire, le mouvement de réhabilitation des victimes de procès en sorcellerie connaît un succès à la fois populaire et politique. Ce travail de mémoire rencontre peu d’opposition. Serait-ce un effet tardif des Lumières, qui ont permis de mettre un terme aux persécutions ?

Girard propose une autre explication. La reconnaissance des victimes est une conséquence du christianisme, et en particulier de la Croix, qui expose le mécanisme sacrificiel et la dissimulation qui le soutient. Girard note la dérive perverse de ce fait anthropologique majeur. L’histoire se caractérise en général par le mépris pour les victimes, alors que dans le monde occidental contemporain, il est intéressant de se présenter comme victime de persécutions pour, ironiquement, accuser l’autre, lui faire violence.

Girard note une autre dérive du message chrétien. L’Occident innove en se complaisant dans l’autocritique, l’autoaccusation, tout en instituant un nouvel interdit, la critique des sociétés jadis considérées comme inférieures, à qui tout est pardonné.

Jean-Louis Salasc y faisait allusion dans son intervention lors de la récente conférence consacrée au livre d’Emmanuel Dubois de Prisque, La Chine et ses démons (3). Nous sommes envieux de la belle assurance de l’Empire du Milieu, alors que nous-autres occidentaux nageons dans le doute, que nous semblons avoir perdu toute confiance en nous-mêmes. C’est oublier, comme le rappelle opportunément Dubois de Prisque, le totalitarisme aux forts relents sacrificiels qui imprègne la culture chinoise. Ce masochisme occidental, que Girard avait parfaitement analysé, est intimement lié au phénomène de dévoilement de la violence sacrificielle.

Or ce basculement d’une virile assurance, qui autorise la violence, vers la culpabilité, la honte, voire la haine de soi (sentiments portés à leur paroxysme par des mouvements progressistes tels que la Cancel Culture, qui voudraient bannir de l’espace public toute référence à notre passé sacrificiel), ce basculement est parfaitement prophétisé par la Bible, et correspond toujours à ce qu’on appelle communément une révélation. Qu’on pense à David, dont les remords sincères suivent de peu la révélation de sa violence par la ruse de Nathan (2 Samuel 11 – 12) :

« David dit alors à Natan : « J’ai péché contre le SEIGNEUR. » » (2 Samuel 12, 13)

On a dans la suite du récit un bel exemple d’une authentique conversion dissimulée par un discours sacré : par l’intermédiaire du prophète, la voix divine nous assourdit de sa logique rétributive.

« Natan dit à David : « Le SEIGNEUR, de son côté, a passé sur ton péché. Tu ne mourras pas. Mais, puisque, dans cette affaire, tu as gravement outragé le SEIGNEUR – ou plutôt, ses ennemis –, le fils qui t’est né, lui, mourra. » » (2 Samuel 12, 14)

C’est le genre de discours qui nous est devenu parfaitement inaudible, là encore par suite d’une compréhension toujours plus profonde des mécanismes de la violence.

Il n’y a pas de résolution anti-sacrificielle apparente dans le texte, mais pour y accéder il suffit de réfléchir un peu et de se souvenir que la Bible nous apporte souvent ses révélations par le non-dit. Selon les mœurs de l’époque, David avait plusieurs femmes (la Bible en mentionne huit) et de nombreuses concubines. Il a probablement eu des dizaines d’enfants. Etant donné les conditions sanitaires de l’époque, il est très vraisemblable qu’un certain nombre de ces enfants soient morts en bas-âge. Or nulle part il ne nous est parlé de ces morts, ni d’un quelconque deuil ou sentiment de tristesse de la part de David. Pour le roi, c’était dans l’ordre des choses. Avec l’enfant de Bethsabée, il en va autrement :

« Le SEIGNEUR frappa l’enfant que la femme d’Urie avait enfanté à David, et il tomba malade. David eut recours à Dieu pour le petit. Il se mit à jeûner et, quand il rentrait chez lui pour la nuit, il couchait par terre. Les anciens de sa maison insistèrent auprès de lui pour le relever, mais il refusa et ne prit avec eux aucune nourriture. Le septième jour, l’enfant mourut. » (2 Samuel 12, 15 – 18)

Le langage sacré de la rétribution divine masque l’événement significatif que le texte rapporte. David semble guéri de son arrogance, il retrouve la voie du cœur. Le texte nous dit aussi qu’il va consoler Bethsabée de la perte de leur fils. Le deuil anticipé de l’enfant est aussi le deuil de l’ancien David, le roi magnifique et adulé, mais aussi insensible et brutal. La révélation de sa violence l’amène à un autre niveau de conscience, à travers une crise, comme il se doit. La mort de l’enfant est une métaphore de la mort de David dans sa condition d’aveugle, d’homme violent ; elle permet la naissance d’un autre fils, conçu avec Bethsabée. Un certain Salomon.

Nous vivons le même phénomène. La découverte de notre violence est vécue dans la honte et le dégoût de soi. Isaïe, qui ne fait jamais rien d’autre que nous décrire ce genre de crise, le prophétisait :

« Ils devront plier, les humains, l’homme sera abaissé, les orgueilleux devront baisser les yeux. » (Isaïe 5, 15)

« Voici que je t’ai épuré – non pas dans l’argent en fusion –je t’ai affiné dans le creuset de l’humiliation. » (Isaïe 48, 10)

Cette expérience collective, Isaïe peut la prédire parce qu’il l’a lui-même vécue. Immédiatement après sa révélation intime, sa rencontre avec Dieu dans le Saint des Saints, il s’écrie :

« Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures et mes yeux ont vu le roi, le SEIGNEUR de l’univers. » (Isaïe 6, 5)

Il est significatif que cette humiliation de nous reconnaître persécuteurs s’accompagne, depuis quelques temps, et malgré la sécularisation de notre monde, d’un rite devenu presque incontournable : la demande de pardon.

C’est ce phénomène de révélation en travail, pour la première fois dans l’histoire humaine à ce niveau de collectivité, qui explique principalement le masochisme occidental. Il explique aussi l’état dépressif de pays comme la France et l’Angleterre, accablés par l’exposition des horreurs de leur passé colonial, ou l’Allemagne, qui n’en finit pas d’expier la brutale régression sacrificielle qu’était le nazisme. Ce n’est un signe ni de faiblesse ni de décadence ; c’est notre passage collectif dans un autre état d’humanité, ce sont les signes de notre renoncement au sacrifice. C’est l’accomplissement des antiques prophéties bibliques, qui toutes nous promettent l’avènement d’une humanité nouvelle par le passage d’une redoutable épreuve. Nous entendons encore trop souvent dans l’expression « jugement dernier » l’action colérique d’un Dieu rétributif, qui détruirait sa Création pour nous punir ; le Jugement n’est que celui de notre conscience retrouvée, et il est dernier seulement dans le sens qu’après, nous n’aurons plus besoin de jugement divin.

(1) En mémoire des sorcières d’Ecosse par Cécile Ducourtieux, Le Monde du 23/12/2022,  bvhttps://journal.lemonde.fr/data/2584/reader/reader.html?t=1671796237031#!preferred/0/package/2584/pub/3623/page/22/alb/152554

(2) René Girard, Le bouc émissaire, Le livre de poche, biblio essais, 1986.

(3) Conférence de l’ARM donnée le 17 décembre dernier. La vidéo de la conférence sera prochainement disponible.

Tous les extraits bibliques proviennent de la TOB.

32 réflexions sur « Masochisme occidental et révélation de la violence »

  1. J’ai un problème avec cette vision du monde très orientée. Pardon.
    Que l’on lutte contre le Chine passe (avec tout de même une accusation de totalitarisme qui n’entre pas dans le corpus Girardien pardon).
    Je rappel que la Chine contrairement aux USA ou à la grande Bretagne a erradiqué la grande pauvreté sur son territoire et que les USA détiennent le plus grand nombre de prisonniers par habitants.
    Un Amérindien a ainsi autant d’espérance de vie qu’un Haïtien dans la « première » économie du monde.
    Faire la guerre aux MNMS est la nouvelle passion de la droite et des libéraux.
    Que les Ecossais réhabilitent les sorcière me semble très très secondaire.
    Que certains Américains et Occidentaux se posent des questions sur la façon dont ils ont traité les Haïtiens par exemple me semble plus que sain.

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    1. D’ailleurs pas que traité dans le passé mais encore aujourd’hui.
      Je rappel que cette vision du saint exploitant à fait dans les Caraïbes que ce sont les esclavagistes qui ont reçu dédommagement de la traite.
      Aimeriez vous qu’il y ait une place Himmler à Paris au nom de l’histoire et des apports de la culture germanique sur notre territoire ??? Vraiment.
      Cela n’enlève en rien le fait que les cultures occidentales furent les premières à se poser des questions.
      Pourquoi ne pas continuer au nom d’un combat contre les MNMS car c’est à cela que je pense.
      Que Girard dans les années 90 suite à l’effondrement de l’URSS se soit tout d’un coup rangé du côté des passionnés libéraux ne me gêne pas au vu de l’âge et de l’aveuglement (les USA qu’à connu Girard dans sa jeunesse n’avaient plus rien à voir avec celle de Reagan de Clinton et Bush)
      Je rappelle tout de même qu’à la fin des années 70 politiquement il était beaucoup plus modéré.
      Lire des choses cachés depuis la fondation du monde le propos est largement plus mesuré que le votre.

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    2. Proscenium 25 : vous prétendez que le totalitarisme n’entre pas dans le corpus girardien ; il faudrait donc n’utiliser ce mot, qui désigne une violence institutionnelle d’Etat, que dans un contexte bien déterminé ? Ce mot n’est-il pas entré dans le vocabulaire courant ? N’empêche que votre commentaire, lui, je le vois, dans le « corpus girardien » comme un poisson dans l’eau, mais pas forcément dans le sens que vous voudriez lui donner. Il illustre à merveille cette dérive du message chrétien, dénoncée dans cet excellent billet, selon laquelle l’autoaccusation, notre « masochisme occidental », servirait de paravent et même d’argument pour dénoncer la violence des « autres ».
      J’en ai fait l’expérience à propos de mon article « Violence et Vérité » : on ne peut parler d’une violente agression (incontestable, dans le cas de la Russie, puisque celle-ci est guerrière et combien meurtrière) sans se faire accuser de parti-pris « occidental ». Et, ici, vous voudriez qu’on continue d’oublier les malheureuses sorcières au prétexte qu’elles sont occidentales, en effet, et qu’elle servent de trompe-l’œil en quelque sorte, nous faisant oublier pour de bon nos crimes infiniment plus graves commis contre les Amérindiens, les Haïtiens etc. La liste des victimes de l’impérialisme occidental n’est jamais exhaustive. Et comme ces victimes sont en droit de réclamer vengeance ou de se venger effectivement, je ne vois pas comment la spirale mimétique de la violence, avec des « girardiens » au grand cœur comme vous, pourrait être jamais stoppée.

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      1. Non je pense que le terme totalitarisme est usurpé pour la Chine d’aujourd’hui. Je rappelle que la Chine de Mao pour la Cia n’était pas totalitaire quand l’Urss de Kroutchev qui en avait fini avec le goulag l’était toujours.
        Pour moi la Chine est un système autoritaire et n’a rien à voir l’Allemagne Nazis ni même avec l’Urss de Staline.
        Voilà.

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  2. Une des conséquences du processus de dévoilement de la violence que l’article ne mentionne pas consiste en la radicalisation de ceux qui, tout en reconnaissant plus ou moins la réalité des crimes occidentaux passés, ne supportent pas la « haine de soi » qu’ il engendre et donc l’affaiblissement moral et politique afférent. Un E. Zemmour en France s’inscrit parfaitement dans la trajectoire de résistance à ce phénomène de révélation qui va parfois trop loin.

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    1. Je partage tout à fait votre avis, à une nuance près. Vous semblez prêter l’initiative de ce phénomène de révélation aux progressistes, qui « iraient trop loin » (j’interprète vos propos il est vrai). Or je pense que beaucoup de progressistes sont aveugles au caractère profondément déstabilisant du phénomène, ils imaginent qu’en brisant tous les tabous, en dévoilant toutes les violences, ils vont amener le paradis sur terre. Ils devraient lire Girard : c’est l’enfer qu’ils préparent. Et les traditionnalistes, ou leur version récente, ont au moins le mérite d’être lucides quant aux dangers du processus et veulent l’arrêter, voire rétablir les anciens ordres. Mais fondamentalement, Girard nous apprend que ce phénomène de dévoilement prend sa source dans la Bible, et il en identifie même l’élément déclencheur : la Croix. Je ne pense pas que nous ayons une quelconque maîtrise du phénomène. Il suffit de relire Isaïe, les chapitres eschatologiques des Évangiles, ou l’Apocalypse, pour se rendre compte que tout est écrit. Le dévoilement de notre violence est inéluctable, il est inscrit dans notre histoire. On en arrive alors à ce paradoxe : qu’on veuille l’accélérer ou qu’on s’arc-boute sur les freins, on ne fait jamais qu’y participer. C’est dans le Coran que j’ai trouvé l’expression la plus juste de ce phénomène :
      « Pour chaque communauté il y a un terme. Quand leur terme vient, ils ne peuvent le retarder d’une heure et ils ne peuvent le hâter non plus. » (7, 34)
      Girard avait bien compris, aussi, que la seule alternative à la désintégration du monde par cette révélation est une sortie par le haut : par une conversion qui nous amène à rejeter le mimétisme rivalitaire, à sortir des systèmes sacrificiels.

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    2. C’est ce que je pensais. Ce type d’arguments n’est plus centriste mais carrément de droite voir d’extrême droite.
      Il n’y a pas que de la haine de soi dans la compréhension du mécanisme victimaire.
      Il y a également et surtout une bonne dose de bonne foi.
      Est ce que les gens comprennent le concept de la bonne foi???
      J’ai pas vraiment l’impression.

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  3. Je précise encore
    Mélanger sorcellerie donc féminité esclavage et peuples primitif me semble être un total gloubi goulba.
    Aujourd’hui la droite et l’extrême droite occidentale s’appuyant et pervertissant la pensée Girardienne s’appuient sur ce genre d’argument pour continuer voir amplifier les violences du monde.
    Que certains gogos poussent le bouchon trop loin, il n’empêchera pas que l’esclavage a encore cours dans les prisons américaines, que les Afro américains y sont mal traité et que la société française avec son Zemmour (en Chine Zemmour serait en Prison pour islamophobie et racisme appelle au meurtre et a la haine) a également un rapport malsain avec son passé Algérien etc etc…
    Les propos alambiqué sophistes voir pharisiens de certains bourgeois et académiciens français ( Finkielkraut) ne me persuaderont de rien.
    Et encore une fois je pense que Girard est l’enfant, le chercheur typique de l’état providence américain et qu’il n’avait plus aucune lucidité à la fin de sa vie pour comprendre dans quel monde nous vivions.
    Cela n’enlève rien de la pertinence de sa théorie.

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    1. Proscenium 24, vous avez oublié de vous connecter ce qui fait que vous apparaissez comme « anonyme », mais je vous ai quand même reconnu. Nous nous rejoignons en partie : « Mélanger sorcellerie donc féminité esclavage et peuples primitif me semble être un total gloubi goulba. »
      Tous les contributeurs/trices de ce blogue s’efforcent de se détacher tant que faire se peut des bastions partisans et idéologiques, mais nous ne prétendons pas être parfaits. Peut-être pourriez vous nous rejoindre dans cette quête d’un dialogue ouvert à l’autre et à sa différence ? Après tout, nous avons en commun cette admiration pour René Girard. C’est déjà pas mal.

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  4. Bon de toute façon cela ne fera pas de mal à cet article d’être commenté.
    1) J’en vois ici qui jouent de prétention. Je vais expliquer très clairement que cet article manque de précision.
    Pourquoi?
    De qui parle t’on? des sorcières Ecossaises qui pour la plupart étaient soit des catholiques soit des dissidentes protestantes soit les fameuses magiciennes ou rebouteuses que nous connaissons en France donc toutes chrétiennes ou en tout cas éduqués à divers stade dans la parole de l’évangile?
    ( Soit dit en passant les femmes seraient elles par essence primitives? )Des Afro américains évangélisés depuis 200 ans aux USA?
    Ou des Amérindiens dont le sort n’est pas très enviable aux USA je le rappelle à tel point qu’ils peuvent se flatter d’avoir le plus vieux prisonnier politique de l’histoire du monde enfermé pour des raisons imaginaires par le gouvernement Américain?
    Quand Girard parle du mythe du bon sauvage il me semble qu’il parle des sociétés archaïques et d’un courant de pensée identifié à gauche (ou tout du moins considérés comme humaniste) dont je connais excusez moi du peu assez bien le corpus.
    1) Ce ne sont souvent pas des anthropologues. Rousseau est bien plus dans une entreprise d’idéalisation de l’être premier que dans une tentative scientifique d’expliquer les sociétés primitives.
    Directement derrière viennent des auteurs de fiction tel Jack London socialistes.
    Encore une fois ce sont des auteurs qui pour nombre d’entre eux s’appuient sur une vision évangélique digne des premiers apôtres pour établir ce mythe du bon sauvage. Le socialisme ayant dans sa forme primitive excusez moi du peu beaucoup à voir avec le christianisme et ayant d’ailleurs sa racine dans le monde chrétien.
    Le dernier citable étant Le Clezio et son rêve Mexicain. Livre difficile à approuver mais passionnant. Car au fond pas si complaisant que cela mais faisant remarquer juste l’annihilation et la disparition totale d’une culture au nom de « principes évangéliques ».

    2) Souvent et je m’en excuse ceux qui aiment à ressortir les vieilles marottes d’un monde païen idéalisé sont à droite voir à l’extrême droite de l’échiquier politique. Lire des revues tel que Grèce c’est comprendre que ce n’est pas le bon sauvage mais le sauvage ou le violent tout court qui y est exalté. Le pire étant aujourd’hui me semble t’il le retour d’un Maurrassisme vomitif ou sont glorifié non De Las Casas mais Cortes et les aventuriers sanguinolants espagnoles, non les pères Jésuites du Paraguay mais les monarchies espagnoles acoquinés aux prélât et mondains de Madrid.

    Ainsi j’ai bien souvent l’impression qu’au noms de sophismes et d’une certaine perversion de la pensée Girardienne d’un certain maquillage les propos de ce blog sont orientés de plus en plus à la droite de la droite.
    On l’entends assez souvent sur les plateau de télévision type:
    Le vrai racisme c’est l’antiracisme, Finkielkraut phare de l’intélligence etc etc…

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    1. Bonjour,
      ce blogue n’a pas de sensibilité politique, ni explicite ni sous-jacente. Il accueille des articles de contributeurs aux opinions très diverses ; c’est l’effet de la pensée de René Girard, qui n’implique aucune adhésion à telle ou telle étiquette. Elle peut au contraire aider à sortir des systèmes « clés en main » ou « prêt-à-penser » : nos opinions et engagements résultent-ils de notre réflexion, ou bien du mimétisme ?

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      1. Alors si mais vous ne vous en rendez pas compte.
        C’est le propre de la pensée libérale.
        Libéralisme qui en effet est très prégnant à la fin de la vie de Girard et qui ne me semble pas faire parti de l’aspect essentiel de sa pensée.
        Encore une fois je pense qu’à partir des années 90 René Girard a vu l’effondrement du mur et comme beaucoup de bourgeois y a vu une confirmation de l’efficience de la pensée économique et idéologique du libéralisme (le libéralisme aujourd’hui est de droite voir d’extrême droite).
        Il oublia comme nombre des enfants de sa génération qu’il était le pur produit de l’état providence et d’un rapport mesuré au capitalisme.
        Aujourd’hui et le sens de cet article c’est de lutter contre la pensée « woke ».
        Hors 1 je pense que cette pensée est absolument secondaire et surtout qu’en sens inverse ce sado masochisme supposé ne peut pas dans le sens inverse encourager le sadisme occidental.
        Je rappel qu’en tant que chrétien nous somme souvent considéré comme maso puisque vous décidez de sexualiser cette question.
        On a reproché au mystiques espagnols d’être doloriste. En effet. C’est cela dit une pensée qui malgré ses exagérations était fructueuse et porteuse d’esprit.

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      2. Bonjour,
        vous me dites que je ne me rends pas compte. C’est peut-être le cas. De fait, je ne m’intéresse guère aux « étiquettes » ; je crois que la plupart du temps, les gens valent que les étiquettes dont on les affuble, ou dont ils s’affublent eux-mêmes.

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      3. En effet. Mais c’est problématique. Si je fais le compte des articles sur ce blog.
        On a vanté la monarchie, une putchiste d’extrême droite Janine Anez, et la on fait le procès supposé du wokisme en faisant une analogie entre le sort réservé aux femmes et aux hérétique du XVI ième siècle avec les tribus primitives ou les sociétés archaïques.
        Cela fait beaucoup me semble t’il.
        La droite prétend toujours être apolitique et c’est faux. Au moins le dire et l’admettre ne serait pas mauvais.

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      4. Suffit-il de mentionner trois articles pour porter un jugement ? Il me semble que nous avons publié bien autres articles dont la sensibilité est différente.
        Nous recevons un flux de propositions et le principal critère de choix est que le texte permette de discuter autour de la pensée de Girard. Si je ne me trompe pas, les articles que vous mentionnez vous ont permis d’exprimer des points de vue ; je ne bloque aucun commentaire, sauf s’il est offensant pour les personnes.
        Qu’aurions-nous dû faire selon vous ? Refuser des articles au nom de telle ou telle sensibilité politique ? Ce n’est pas notre option.

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      5. Mais si seulement ce n’était que 3 articles.
        Je parle également du soutiens sans faille de Macron (faisant de lui le bouc émissaire le saint qu’il n’est pas le christ est sur la croix des esclaves dois je le rappeler), de la vision du conflit Ukraino-Russe qui dénigre les propos du Pape dans des relents ultra atlantistes, lecture ultra orientée et anti chinoise etc etc…

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  5. Excusez-moi, mais je trouve bien dommage que personne ne semble s’apercevoir de ce que dit réellement ce billet traitant du « masochisme » occidental et de notre état dépressif actuel. Loin de juger cet état dégradant ou dramatique, encore plus éloigné de chercher à en évaluer la mauvaise foi, que nous dit ce billet ? Que notre misère morale actuelle, que nos doutes lancinants, nos querelles de boutiquiers, notre angoisse face à l’avenir, que tout cela n’est pas le signe d’ un « état de faiblesse ou de décadence »; « ce sont les signes de notre renoncement au sacrifice ».
    On voit bien de quoi il s’agit. Ce sont les prémices d’une véritable « conversion » au sens girardien du terme : une victoire sur l’amour-propre, une descente aux enfers suivie d’une mort à soi-même et d’une résurrection. C’est « l’accomplissement des antiques prophéties bibliques, qui toutes promettent l’avènement d’une humanité nouvelle par le passage d’une redoutable épreuve. Ce que le roman révèle à l’échelle individuelle, la théorie mimétique le révèle à l’échelle collective et peut-être planétaire. L’auteur de ce billet est vraiment girardien, c’est-à-dire aux antipodes de l’esprit de parti ( prendre parti, c’est choisir son « bouc émissaire ») ; c’est pourquoi les commentaires ci-dessus, y compris le mien, ne me semblent pas tout à fait à leur place, pour ne pas dire qu’ils sont « déplacés ».

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    1. Oui, et j’ajouterai que cette évolution continue de l’humanité sous l’action de cette force incoercible déclenchée par la Croix devient de plus en plus apocalyptique puisqu’elle s’accompagne d’une redoutable puissance technologique (ou technique dirait Ellul).
      Comme l’écrit Girard, cette puissance a été libérée par la non-croyance en la magie, ce qui a mis fin à la chasse aux sorcières (remplacée par d’autres chasses). Mais sans conversion, cette puissance nous met en danger de nous offrir nous-mêmes en sacrifice et toute l’humanité avec nous, par refus d’ouvrir les yeux, afin de la dépasser, sur cette crise profonde traversée par l’Occident.

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      1. Merci pour cette remarque, Nathalie. C’est l’erreur fondamentale des nouveaux gourous scientistes, tellement bien représentés par Elon Musk. Pas un seul instant ces enfants fascinés et fascinants ne se demandent si leur surhomme sera meilleur que nous, les pauvres mortels des temps obscurantistes. Meilleur, je veux dire, dans le sens plus aimants, moins violents. Et si nous ne devenons pas moins violents, comment la démultiplication de notre puissance par la technologie pourrait-elle nous épargner un grand suicide collectif ? Il suffit de voir ce qui se passe à l’est.

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    2. Tout à fait d’accord avec vous, Christine. Je me suis penché récemment sur Job, et il me semble que la même problématique fondamentale se révèle là aussi, mais nous aurons l’occasion de l’approfondir, je l’espère.

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      1. Sans doute un effet invisible du mimétisme, je relis Job en même temps que vous, Benoît. J’espère que nous aurons l’occasion d’échanger sur ce texte magnifique et puissant. Je ressent la même chose que vous, Job parle de cette transformation, ce saut anthropologique qualitatif qui est au même niveau, je pense, que l’apparition du langage ou de la culture. Le plus étonnant est que tout cela ait lieu sous nos yeux sans que nous en soyons conscients. Nous ramenons tout à des analyses politiques, psychologiques ou sociologiques qui, avec l’éclairage girardien, s’apparentent à une myopie profonde.
        « A présent, nous voyons dans un miroir et de façon confuse, mais alors, ce sera face à face. » (1co13, 12)

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  6. « Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face; aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu. »(1co13, 12)

    Pour compléter ces échanges essentiels, j’ai bien peur que cet alors soit maintenant.

    Cœur brisé.

    Ô mes deux amis !
    Arrêtez-vous à l’enceinte sacrée.
    Recherchez le plateau du Najd
    Et les repères du chemin.

    Approchez-vous de l’eau,
    Près des dunes où les tentes sont plantées.
    Venez chercher l’ombrage
    Sous les arbres, le Dâl et le Salam.

    Et quand tous deux vous arriverez
    À la vallée de Minâ,
    Installez votre tente
    À côté de celui près duquel est mon cœur.

    Transmettez de sa part
    Les vœux d’amour
    Ou les salutations de paix
    À tous ceux qui descendent en ce lieu.

    Tous deux prêtez l’oreille
    À ce qu’ils vont vous répondre,
    Montrez comment celui,
    Dont le cœur est brisé,

    Souffre des transports de l’amour
    Et publiquement le montre,
    Demande des nouvelles
    Et pose des questions.

    Ibn’Arabi, L’interprète des désirs

    Ardentes salutations aux bien-aimés.

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  7. Vous avez peur, Aliocha ? Bien sûr, moi aussi j’ai peur. Mais ne ressentez-vous rien d’autre ?
    Je m’avançai vers l’ange et le priai de me donner le petit livre.
    Il me dit : Prends et mange-le.
    Il sera amer à tes entrailles,
    mais dans ta bouche il aura la douceur du miel.
    N’est-ce pas ce que vous exprimez par l’intermédiaire d’Ibn’Arabi ?

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  8. En complétude du complément :

    Où sont donc nos bien-aimés?
    Dites, par Dieu, où sont-ils donc?

    Me feras-tu voir leur essence
    Comme j’ai vu leur apparence?

    Ô comme je les ai désirés, oui combien!
    Ô comme j’ai demandé de me rapprocher d’eux,

    En étant loin d’eux, rassuré,
    Et, parmi eux, sans sécurité,

    Espérant que mon bonheur se trouve
    Entre leur éloignement et leur proximité,

    Afin que mon œil se réjouisse de les voir,
    Et que je ne dise plus: où sont-ils?

    (Ibid)

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