Portrait de Vladimir Poutine en victime du désir mimétique

par Jean-Marc Bourdin

“Je ne suis pas dans la tête de Vladimir Poutine” est devenu un des lieux communs auxquels recourent les experts en tous genres qui peuplent les plateaux des chaînes d’information en continu lorsqu’ils redoutent une prévision erronée sur la suite des événements dans la guerre menée en Ukraine par le président de la Fédération de Russie. “Ne faisons pas de psychologie” est une autre formulation de la même idée, une autre martingale pour limiter le risque de se tromper.

Pour autant, ici ou là, comme le prouve le dessin choisi pour illustrer ce billet, une proposition nous est faite de rapprocher les personnalités, les actions et les situations géopolitiques de Joseph Staline et Vladimir Poutine.

Bien sûr que comparaison n’est pas raison, mais tout cela nous invite à solliciter la psychologie interdividuelle pour nous autoriser à entrer dans la “tête” de Vladimir Poutine. Sans remonter à l’histoire de la Sainte Russie des tsars, le rapport de Poutine à Staline paraît effectivement prometteur. Sa réécriture de l’histoire de la seconde guerre mondiale gomme le pacte germano-soviétique que signèrent Hitler et Staline et en fait exclusivement le vainqueur de la guerre en 1945. Elle escamote aussi ses purges et ses crimes.

D’un point de vue russe, il est vrai que la décennie qui suit la fin de la guerre impose l’URSS comme l’une des deux puissances dominantes du monde. L’URSS non seulement atteint son extension maximale, très au-delà de la Russie tsariste, mais elle incorpore dans l’ensemble que formalisera le pacte de Varsovie en 1955 la Pologne, l’Albanie, la République démocratique allemande, la Hongrie, la Tchécoslovaquie et la Roumanie. Elle équilibre la puissance nucléaire et spatiale américaine. Tel est l’héritage que laisse Staline, lequel, au-delà de cet immense pouvoir, exerce sur une partie de l’intelligentsia occidentale et asiatique une fascination qui fait perdre tout discernement à ceux que la boule à facettes du communisme fait rêver. Il est aussi une inspiration pour les mouvements de décolonisation.

Staline meurt le 5 mars 1953 à l’âge de 74 ans. Quelques mois auparavant naît le jeune Vladimir Poutine, en octobre 1952, comme s’il était appelé à le réincarner, lequel vient donc de fêter ses 70 ans. Durant son existence, il a vu s‘effondrer le mur de Berlin, s’émanciper les pays baltes et, plus ou moins, la plupart des autres républiques soviétiques, se dissoudre le pacte de Varsovie, échouer l’intervention de l’Afghanistan… Dans le même temps, la Chine voisine, un temps pôle mineur du communisme mondial, est devenue dix fois plus puissante en population, PIB et maîtrise des technologies de pointe. Bref, un désastre d’autant plus insupportable que Vladimir Poutine a les pleins pouvoirs depuis le début 2000, soit les deux-tiers de la période du déclin manifeste subi par son pays, si on le fait commencer à la chute du mur de Berlin. Il ne peut s’exonérer de toute responsabilité dans la tendance délétère.

Quel ressentiment pour cet homme quand il se compare à Staline qui disposa, lui, de 30 ans de pouvoir absolu, soit guère plus que lui, surtout s’il se maintient encore quelques années en vie et au pouvoir comme il y aspire vraisemblablement. Et l’héritage reçu de Lénine par Staline ne valait probablement pas davantage à l’échelle du monde où les empires européens demeuraient forts de leur victoire face à l’Allemagne en 1918 et les Etats-Unis s’étaient déjà installés à la tête de l’économie industrielle, que celui que Poutine laissera à son successeur.  Si comme je le crois, Poutine voudrait trouver en Staline son modèle et, comme il nous est souvent dit, a été profondément traumatisé par la chute du mur de Berlin et de l’URSS auxquelles il assista aux premières loges, alors le temps lui est compté pour laisser une trace acceptable dans l’histoire de la grande Russie.

A défaut de regagner le terrain perdu, comment se rapprocher au moins un peu de Staline, ce médiateur externe dont il souhaite s’inspirer ? Staline est pour Poutine comme le légendaire Amadis de Gaule l’était pour Don Quichotte, se rêvant en chevalier héroïque alors même que le monde médiéval se dissolvait dans les premiers Etats-nations. Comment se faire un nouveau Staline, s’approprier une partie au moins de son prestige ? Dénazifier puisque ce fut le plus grand titre de gloire et dans les faits probablement le moins contestable de son modèle tant admiré. Et tant pis s’il faut beaucoup d’imagination, de mauvaise foi et de propagande pour trouver un nombre significatif de néo-nazis en Ukraine. Et puis augmenter le territoire rétréci et la population en décroissance de la Russie. La défaite électorale déniée de Loukachenko en Biélorussie fournit une première opportunité de réincorporer de facto une population russe dans la Fédération et, par voie de conséquence, de la renforcer. Mais ce gain, sans être négligeable, n’est pas à la hauteur que le modèle de Staline impose. Les gains en Transnistrie ou en Ossétie semblent de leur côté dérisoires. Non, seule l’Ukraine offre un champ d’action à la mesure du rêve de Grande Russie orthodoxe et slavophile qu’il caresse à défaut d’une Union soviétique hégémonique impossible à reconstituer dans le temps de vie et de pouvoir qu’il reste à Poutine.

Le succès de l’annexion de la Crimée et de l’inféodation d’une partie du Donetsk montrait la voie.

Et comment reproduire, même à échelle réduite, le miracle stalinien qui transforma une révolution chancelante en une puissance mondiale dominante et admirée ? Eh bien en faisant la guerre ! Certes Staline y fut précipité par l’impatience et la folie de son ex-allié Hitler et Poutine en a pris l’initiative sans y être réellement poussé par l’Ukraine qu’il occupait déjà en partie. Mais il a cru que, comme son modèle Staline, il imposerait sa volonté non seulement aux Ukrainiens qu’il “dénazifierait”, démilitariserait et vassaliserait tout en les assimilant sans possibilité de retour comme un certain nombre d’indices génocidaires tendent à le prouver. Et comment faire la guerre ? Comme Staline toujours : un déluge de feu, la politique de la terre brulée, le sacrifice des soldats autant que nécessaire, des déplacements massifs de population, etc.

Mais il semble bien que Poutine n’égalera pas Staline, ambition au demeurant impossible, pas plus que Don Quichotte n’était parvenu à reproduire les exploits prêtés à Amadis de Gaule par les romans de chevalerie qu’il lisait avec passion.

Et comme Don Quichotte s’attaquait aux moulins à vent de la Mancha, Poutine s’acharne à détruire les sources d’énergie de l’Ukraine. Si la situation n’était pas désastreuse et monstrueuse, il serait comique de voir l’aspirant Staline se ridiculiser en Don Quichotte.

42 réflexions sur « Portrait de Vladimir Poutine en victime du désir mimétique »

  1. Alors que Staline soit un monstre est indéniable. Mais que les Russes aient une vision différente par exemple du pacte Germano Soviétique me semble totalement normal.
    Pour cela il faut faire de l’histoire et ne pas s’arrêter à la date fatidique d’Août 39.
    Et cela les démocratie d’après guerre qui n’étaient plus libérales et qui je le rappel imitaient les planifications soviétique .(Les USA de Roosvelt, la France de De Gaulle mais surtout du CNR etc etc …)
    Bon la diplomatie soviétique n’a de cesse de 33 à 39 de chercher un accord militaire et d’alliance avec les pays occidentaux.
    A tel point que les soviétiques qui ne reconnaissaient pas le traité de Versailles le validèrent.
    Durant cette période Staline et Molotov n’auront de cesse de pousser les démocraties à engager la guerre contre Hitler.
    Le pacte Germano soviétique est donc la conséquences de casus Belli non appliqués donc favorables à l’Allemagne Nazis qui se répètent au moins 4 fois durant cette période.
    Je les listes par plaisir:
    Réarmement de la Rhur.
    Anshluss
    Guerre d’Espagne
    Crise des Sudètes.
    En Juillet 39 Staline est encore en pour parler avec des émissaires Occidentaux (Français et Britanniques) qui le font tourner en rond et qui décident qu’ils ne feront rien.
    L’association de Lénine et de Staline me semble par ailleurs usurpée (il y a des débats au sein du parti Bolchévique et nul doute que Lénine se serait opposé à Staline comme il l’avait fait à de nombreuses reprises). D’ailleurs si l’on écoute Poutine ce dernier semble en complet accord avec mon point de vue.

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    1. J’ai seulement fait mention de la réécriture de l’histoire par Poutine occultant le pacte germano-soviétique et non le justifiant. Je ne doute pas en outre que Poutine soit d’accord avec vous et réciproquement.

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      1. Oui mais la réécriture de l’histoire depuis la chute de l’URSS est également très fréquente à l’Ouest. Et ça c’est extrêmement problématique.
        Je rappel que la petite musique sur le pacte germano soviétique est devenue une sorte de musique d’ambiance qui permet de disqualifier l’URSS sur à peu près tout.
        Discutez avec un Russe ou une Russe sur les années Kroutchev par exemple mais même sur les périodes suivantes il y a fort à parier qu’il n’aura pas du tout la même vision que vous.
        Discutez avec un Français de Napoléon il est évident qu’un espagnol un italien un allemand ne se le représente pas du tout comme vous il en est de même pour Poutine les Russes et Staline.
        Si les universitaires occidentaux font du bon travail historique il est évident que celui des médias est souvent exécrable.
        Dire que Poutine a pour model Staline est moins évident que de dire que Napoléon III a pour model Bonaparte pour la simple raison que Poutine n’est pas Marxiste et que la Russie actuelle est typiquement un régime économiquement libéral voir très libéral.

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      2. Il n’y a pas besoin d’invoquer le pacte germano-soviétique et sa réécriture par l’occident, pour disqualifier l’URSS sur à peu près tout. Les Soviets ont fait un très bon travail pour se disqualifier tout seuls. Staline fut un des plus sanglants dictateurs de l’histoire, et le communisme n’a produit que des monstres (même si je reconnais quelque mérite à l’idéologie). Jean-Marc Bourdin fait allusion à la mort de Staline ; on l’a laissé crever sans assistance médicale, seul sur son lit de mort, parce que les médecins et officiels présents savaient pertinemment ce qu’il arrive au porteur de la mauvaise nouvelle, dans un système sacrificiel. De tout cela il reste deux régimes : Cuba et la Corée du Nord (et le Venezuela éventuellement). Toutes les tentatives de transformer les idées de Marx en réalité politique se sont soldées par des régimes aux antipodes des rêves de justice qui les justifiaient. Leur caractéristique commune : la déshumanisation, à tous les niveaux. Et ça, c’est extrêmement problématique pour moi.

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  2. Petit rajout.
    Les démocraties qui n’étaient plus libérales connaissaient parfaitement leur propre responsabilités dans ce pacte.
    Les verbatims diplomatiques sont désormais libres (en grande partie ceux de la cagoule et relatif à la période Laval et l’attentat de Marseille ayant brûlés mystérieusement) et ne sont pas du tout flatteur pour les Français et le britanniqques.

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    1. Quelles que soient les circonstance ayant présidé à sa signature, le pacte germano-soviétique eut quand même a minima comme effet concret et indiscutable l’agression conjointe, la violation de la souveraineté et le partage de la Pologne ou encore le massacre de Katyn par les Soviétiques, fait qui a longtemps été dissimulé. Bien que sans doute insuffisamment mélomane, cela ne se limite pas pour moi à une petite musique.

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      1. En effet. Mais vous oubliez qu’en 1928 la planification n’est pas en échec. C’est en 31 et 32 que la première famine à lieu soit à la toute fin. En Urss de même qu’en Chine le plan quinquennal est secondaire c’est le plan annuel qui prime!!!

        Vous ne répondez surtout pas sur la 1ère question Quid de l’idéologie????
        Poutine est à la tête d’un état libéral malgré une recentralisation du pouvoir de la fédération de Russie il n’est pas Marxiste!!!!
        Ce n’était pas le cas de Staline.
        Jusqu’à présent ont peut assimiler la sensibilité Poutinienne à celle de notre droite!!!!
        Les députés LR de même que Macron et madame Lepen ne s’y étaient pas trompé puisqu’ils lui rendaient fréquemment visite.
        Le model de Poutine comme celui de Soljenytsine est celui de la grande Russie phantasme d’une Russie Pré Bolchévique il l’a dit et redit.
        Kroutchev, Lénine, Brejnev en étant ses fossoyeur.
        Staline n’étant (lire son programme) que le continuateur de la politique des tsars voilà!!!

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      2. Désolé, Proscenium25 et Aliocha, mais j’ai décidé de ne plus répondre aux messages anonymes. Qui peut m’assurer en effet que vous n’êtes pas employés dans une « ferme à trolls » poutinienne ou lepéniste (j’ai déjà vu ça, il y a des années, sur un autre blogue consacré à René Girard, de l’aveu même de ce propagandiste du Front National). Bien entendu, ce n’est pas une accusation à votre encontre, mais une simple question de principe.

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      3. Dernière chose.
        Pour ce qui est du mémoriel.
        Imaginez vous Ben Gourion à la tête du III ième Reich?
        Moi non.
        Kroutchev fût à la tête de l’URSS. L’holodomor fait partie intégrante de l’histoire Européenne désormais. Winston Churchill en comparaison organisa une famine à peu près égale au Bengladesh en 42. Les autorités Indiennes ne parlent pas de génocide? Pourquoi?
        Je rappel que des Ukrainiens vivent sur le sol Russe avant les annexions en nombre ils ne sont ni déportés ni exterminés.
        Donc les Ukrainiens existeront toujours.
        Voilà tout ce discours ne servent qu’à minimiser les crimes Nazis.

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    2. Hervé Van Baren. Ne sont communistes que les exactions. (le Vénézuela n’est pas communiste). Je rappel que par delà vos raccourcis (Cuba est sous embargo ce n’est pas le cas de la Chine (100% des services du secteur bancaire et de la finance y sont publics) ni du Népal dont le gouvernement a été démocratiquement élu qui ont éradiqué la grande pauvreté chez eux )
      Il y a plusieurs mode de socialismes (le léninisme n’est pas le communisme loin s’en faut).
      Vous oubliez une industrialisation, une alphabétisation massive dont ces pays avaient un grand besoin.
      Ainsi vous pouvez assimiler tout et n’importe quoi en ne cherchant pas à approfondir vos opinions.
      L’URSS était le pays le plus peuplé d’Europe de même que la Chine est le pays le plus peuplé du monde.
      Voici donc ce que dit entre autre wikipedia qui n’est pas du tout un organisme marxiste sur la première planification:
      Ce plan a permis d’atteindre les objectifs industriels en moins de temps que prévu initialement. Les objectifs de production ont été augmentés de 50% lors de la délibération initiale sur les objectifs industriels. L’accent a été mis en grande partie sur l’industrie lourde. Environ 86 % de tous les investissements industriels réalisés pendant cette période sont allés directement à l’industrie lourde. Officiellement, le premier plan quinquennal pour l’industrie a été réalisé à hauteur de 93,7% en seulement quatre ans et trois mois. Les moyens de production de l’industrie lourde ont dépassé le quota, enregistrant 103,4%. L’industrie légère, ou des biens de consommation, a atteint jusqu’à 84,9 % du quota qui lui avait été attribué. Cependant, il y a des spéculations concernant la légitimité de ces chiffres car la nature des statistiques soviétiques est notoirement trompeuse ou exagérée. Un autre problème est que la qualité a été sacrifiée pour atteindre la quantité, et que les résultats de la production ont généré des articles très variés. En conséquence, le rationnement a été mis en œuvre pour résoudre les pénuries chroniques de nourriture et d’approvisionnement.
      Voilà en fait être au centre ce n’est pas être de droite c’est s’expliquer la longévité d’un régime les causes de sa chute, mais également ses réussites oui ses réussites je répète.
      Voilà savez vous quel est l’état le mieux développé d’Inde?
      Le Kerala dont le gouvernement élu démocratiquement est tenu par des horribles communistes. (en fait des socialistes par ce que le communisme c’est le socialisme).

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  3. Ton article, Jean-Marc, est d’autant plus précieux que nulle part je n’avais lu quoi que ce soit sur cette motivation invisible (et Dieu sait qu’il y a eu des tentatives pour expliquer cette folie de Vladimir Poutine qu’est l’invasion de l’Ukraine). Avec ton éclairage, je comprends mieux l’apparente indifférence de Poutine quant aux sacrifices humains qu’il est prêt à consentir pour sa guerre chimérique. Staline, lui, avait de très bonnes raisons de demander le sacrifice de millions de soviétiques, envoyés à la boucherie sous-équipés et sous-entraînés. Il lui fallait donner le temps à l’industrie soviétique pour produire les armes indispensables pour pouvoir enrayer l’invasion nazie et lancer la contre-offensive, et réorganiser son armée. Résultat : 10 millions de morts… Evidemment la situation d’aujourd’hui n’a rien à voir, mais il semblerait que quand on imite inconsciemment son modèle, on arrête de réfléchir.

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    1. Absolument. Poutine est déjà l’inspirateur et le complice de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et un tribunal pénal international se posera un jour la question de la qualification de génocide pour son opération militaire spéciale. Bref, plus rien ne peut le retenir sur la pente du pire, sauf peut-être des officiers désobéissants. Il est effectivement un sacrificateur de masse.

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      1. A noter que dès 1928, tous les échecs de la planification sont imputés aux saboteurs et koulaks qui font des boucs émissaires parfaits, l’Etat et le parti ne pouvant se tromper.

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      2. Là on nage en plein délire. Le terme génocide est un terme juridique spécifique encadré par le droit international.
        Imaginez on ne peut pas même dire qu’il y a génocide en Vendée !! Et A raison il n’y en a pas. Parce que les inventeurs du génocide Vendéens oublient sciemment qu’il y avait des Vendéens Bleus Jacobins, de même qu’il y a des Ukrainiens Pro Russe et cela quoi que vous en disiez.
        La décision d’extermination d’un peuple. Rwandais, Arméniens, Juifs nécessite un plan encadré des autorités politiques.
        Je rappel d’ailleurs que vouloir assimiler le régime soviétique au régime Nazis par de là le nombre de morts est une absurdie. La Bataille des chiffres faisant souvent fi de la démographie des états communistes, de leur niveau de développement, de la spécificités des régimes et surtout du nombre d’années au pouvoir!!!
        Les Nazis avaient des camps d’extermination avec des usines spécifiques pour tuer le plus grand nombre de Juif.
        Cette question n’a donc pas lieu d’être. Et est dictée par de l’idéologie pur à savoir celle de Poutine. Le libéralisme.

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      3. Petite dernière précision tout de même.
        Sur le pacte germano soviétique.
        Je rappel que l’occupation de territoire par les alliés en accord avec le III ième Reich est déjà réalisé en 38.
        Ainsi les Allemands occupent ils les Sudètes avec les Polonais (les Polonais font parti de l’alliance) avec la bénédiction des Britanniques et des Français.
        Voilà.
        Vous manquez de précision tout est flou.
        La géostratégie est une science complexe.
        Aujourd’hui les historiens anglo saxons (contrairement aux français qui ont tellement honte d’avoir été fanatisé par l’Urss et le PCF) datent le début de la première guerre mondiale Kalkhin Ghol en juillet Août 39.
        A ce moment précis l’angoisse soviétique c’est d’être attaqué à l’Ouest et à l’Est.
        Voilà. Evidemment sans ce genre de précision on a l’impression que les démocraties occidentales ont été vertueuses. Ce qui n’est absolument pas le cas et ce que savait très bien un homme intelligent tel que De Gaulle.
        Le pacte Germano Soviétique est un moyen pour Staline 1 de ne pas être pris en tenaille.
        2 de créer ce fameux glacis autour des frontières Russes.
        Imaginez le pays Baltes le plus proche de l’Urss est à pas même 100 borne de Léningrade ou de Saint Petersbourg.
        Voilà vous auriez une victoire totale des Nazis!!!
        Dois t’on avec ce ressentiment que vous et les journalistes ne cessent de proférer envers L’Urss souhaiter qu’au final les Nazis aient remporté la guerre ???

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  4. Deux courtes réponses aux derniers commentaires de Proscenium25.
    Pour moi, ce sont les faits de violence qui comptent et m’intéressent ici et non les habillages idéologiques. Le communisme s’est au demeurant accommodé dans un premier temps de la NEP (ce qui explique d’ailleurs les succès initiaux de la planification) et le libéralisme économique de l’actuelle Russie d’une orientation des recettes de la rente pétrolière et gazière vers les dépenses militaires et policières ainsi qu’une pratique du droit peu en accord avec l’idéologie libérale.
    S’agissant d’un génocide, j’ai simplement indiqué qu’un tribunal pénal international aura à se prononcer sur la plainte de l’Ukraine (si ce pays et son peuple existent toujours au moment du procès) sans préjuger des qualifications qu’il retiendra. Pour information, j’avais traité de cette question dans un billet consacré à l’essai de Philippe Sands « Retour à Lemberg » en remarquant que les crimes contre l’humanité sont effectivement plus faciles à prouver que les crimes de génocide.

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    1. Alors on peut dire tout et n’importe quoi. Je vous dit que le libéralisme et le capitalisme sont responsable d’1 milliards de morts sur 200 ans et sur la majorité des continents. Un enfant meurt toute les 2 minutes dans le monde.
      Les USA ont génocidé et génocident encore le peuple amérindien dont l’espérance de vie ne dépasse pas 65 ans soit le niveau de vie des Haïtiens.
      Le niveau de vie, le taux d’alphabétisation des Ouïghours ferait pâlire d’envie le moindre amérindiens des Usa. Vous êtes content j’ai dit n’importe quoi.
      A quand un procès au tribunal pénal international??

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      1. Il vous faut, Monsieur Proscenium25, absolument continuer vos commentaires sur ce site consacré à débusquer tous les masques que peut prendre la violence et son aveuglement. Ils nous sont précieux.

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  5. La psychopolitique proposé par Oughourlian semble toujours pertinente dans des cas des pathologies comme celle de Poutine. Bravo pour cet article qui a le courage de dire des choses importantes sur la situation en Ukraine.
    Un peu tristement, je voudrais insister sur l’image de la fin : Poutine en Quichotte peut aussi signifier l’effet proliférant des doubles médiations (le concept sur lequel il faut toujours insister, comme le fait madame Orsini) qui indifférencient la violence. Les Sansons Carrascos du monde seront suffisants à nous rappeler les effets pervers de la médiation externe pathologique du chevalier de la Mancha et de notre contemporain, Staline le petit.

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      1. Vous indifférenciez la violence en ne faisant aucun distingo. La violence se mesure. Voulez vous nous faire croire que les Ukrainiens présents sur le sol Russe sont victimes d’un génocide???
        Je ne parle pas des populations déplacé de Donetsk mais d’Ukrainiens en Russie de longue date qui ne sont ni déportés ni victime d’un quelconque génocide!!!

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  6. Je ne sais pas où M. ou Mme Proscenium veut en venir (je suis tjrs gêné par l’anonymat). Les crimes des uns excusent-ils ceux des autres ? Certes non, et Girard nous donne les moyens conceptuels de nous défendre de cette tendance culturelle humaine forte.
    Maintenant, il demeure les faits actuels. Je viens de lire qq part que Poutine procède à des essais de missiles potentiellement porteurs de têtes nucléaires, et cela m’inquiète bcp ! L’histoire nous enseigne qu’un dictateur ne peut pas perdre une guerre, mais le pouvoir (par la mort, l’exil ou l’emprisonnement). Je crains que nous ne soyons dans cette situation aujourd’hui. Il ira jusqu’au bout, sauf si (idéalement) son peuple l’arrête par un quelconque moyen. Staline ne pouvait pas être détrôné : il était bcp trop puissant, entouré exclusivement de personnes trop compromises dans ses propres crimes (cf. la fin de Beria) et d’un peuple encore largement illettré. La Russie a changé. Je suis avec les Ukrainiens évidemment, mais aussi avec les Russes. La situation actuelle est terrible pour ce peuple : soit les occidentaux abandonnent l’Ukraine et assurent Poutine de la victoire et de la continuation de la dictature, soit ils continuent à le soutenir et le peuple russe craint le retour à l’effroyable situation créée par nous dans les années 90 quand nous avons abandonné Gorbatchev (rappelez-vous les babouchkas qui mouraient de faim et de froid à cette époque).
    Quant au miroir tendu par JM Bourdin : oui, je suis d’accord, mais on aurait aussi pu lui tendre celui d’Ivan le Terrible, premier tsar de « toutes les Russies » en 1547. Ce pluriel signifiait qq chose de très concret : les peuples soumis gardaient leur prince qui perdait la propriété de sa terre. Un peu plus tôt, les rois de France avaient des vassaux, mais des seigneurs qui avaient conservé la propriété de leur royaume (cf. le duché de Bourgogne qui a fait la guerre au Royaume de France).

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    1. Vous écrivez, Monsieur Julien, pour résumer, que vous craignez que le peuple russe ne soit contraint de se soumettre longtemps encore à la dictature de Vladimir Poutine si les occidentaux abandonnent l’Ukraine.
      Mais ne serait-ce pas là encore notre vision naïve de ce qu’est la Russie, en la jugeant une nouvelle fois à l’aune de nos valeurs occidentales qu’elle hait profondément, à part quelques élites citadines et éduquées à l’européenne, et des oligarques hypocrites et mafieux : il semblerait, à l’inverse, si l’on en croit les échos venus de ce pays, que la population russe dans sa majorité, loin de voir un dictateur dans son président, ou pour mieux le dire, indifférente à cette qualification, y voit plutôt elle aussi une image de Staline, certes déformée par le miroir ultralibéral mafieux qu’il s’est choisi, et le seul capable, tout comme le fut le Petit Père des peuples, de les défendre contre les Ukronazis et leurs soutiens de l’Otan en se battant pour les valeurs éternelles de la société russe contre la décadence occidentale.
      Non seulement elle voit dans son chef le Grand Protecteur, mais les éventuelles victoires ukrainiennes et occidentales pourraient bien n’avoir pour effet que de les renforcer dans cette conviction et dans la conviction de la nécessaire unité autour de lui, selon un mécanisme bien documenté. Sauf événements imprévisibles et peu probables.
      Les raisons historiques et idéologiques de cet état de fait, nous les connaissons tous et la propagande brutale et stupide semble efficace, et visiblement pas uniquement en Russie : loin de faire du Chef un ridicule Don Quichotte, comme à juste titre nous le voyons, elle en fait au contraire un nouvel Amadis de Gaule brandissant l’étendard du juste combat.

      Et vous vous demandiez où veut en venir M., ou Mme, Proscenium25. Il me semble que ce monsieur, ou cette dame, est tout aussi sensible à l’image d’une Grande Russie poutinienne et stalinienne que l’est le peuple russe lui-même, et qu’il se voit également en un Amadis français qui doit se battre pour la sauver des griffes occidentales, que nous savons tous par ailleurs être particulièrement aiguës et impitoyables. Reste à décider de quelles griffes nous choisirons d’être la proie. Pour moi, je préfère celles de ceux qui nous laissent la possibilité de les critiquer, voire parfois de les limer un tout petit peu. Reconnaissons que ce n’est pas l’image, ni la réalité du pouvoir russe.

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    2. Merci de votre commentaire. Il m’a semblé que la référence à l’éphémère Union Soviétique, et donc à Staline qui en fut l’incarnation la plus puissante, était plus pertinente que celle de la Russie tsariste. Parmi les indices, un d’entre eux relativement peu signalé, est que 2022 était le centenaire de la création de l’URSS proclamée le 30 décembre 1922. En outre, quand Gorbatchev voulut sauver l’Union, il créa la CEI en 1991 qui réunissait lors de sa fondation la Russie, la Biélorussie (de facto vassalisée après la réélection contesté de Loubatchenko) et, bien entendu, l’Ukraine. La tentative d’invasion de l’Ukraine pourrait être ainsi considérée comme une commémoration de l’Union de 1922 et une reprise du projet de la CEI ur des bases plus fermes.

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  7. J’approuve tout à fait le commentaire d’Alain, mais pas dans sa totalité : je ne suis pas d’accord avec le dernier §. Je ne me pose pas la question du genre de P.25 mais je suis plutôt d’avis, dans un tout autre ordre d’idées, qu’il est du genre « anti », en me référant à la typologie établie par JL Salasc dans le billet précédant celui-ci. Loin d’être stalinien, aujourd’hui c’est impossible si l’on n’est pas poutinien de surcroît, donc loin d’être stalinien, poutinien ou pour la sainte Russie, notre commentateur anonyme est d’évidence anticapitaliste, antiaméricain, anti-impérialiste, anticolonialiste, antioccidental, anti libéral etc. N’est-ce pas ?
    Vous seriez sans doute content de nous heurter par votre anticonformisme, ici même, sur ce blogue. Mais non, je préfère vous remercier d’être un « anti » exemplaire. Attention, ne pas prononcer « un anti » comme « un nanti ». Car P.25, vous êtes aussi, certainement, et c’est tout à votre honneur, un anti-nantis.

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  8. Plutôt que de tenter de faire l’analyse psychologique de P.25 (il répondra lui ou elle-même, s’iel le souhaite), je vais faire quelques rques à propos du dernier commentaire de JM Bourdin. Je nous ramenais au tsar Ivan simplement pour rappeler que la tradition impériale de la Russie est aussi vieille que l’État Nation lui-même. Sur Gorgatchev : la création de la CEI a certainement facilité la dislocation de l’URSS en évitant un bain de sang. Eltsine a, quant à lui, encouragé le dépeçage de la Russie par une petite bande d’oligarques amis, avec la bénédiction occidentale d’ailleurs. Poutine, une fois au pouvoir, leur a simplement rappelé qu’il fallait faire allégeance (ça marche tjrs comme ça dans une dictature, cf. la Chine post-maoïste actuelle). Il leur a d’ailleurs administré une leçon magistrale en envoyant le plus riche d’entre eux (Khodorkovski) pendant 10 ans en Sibérie ! Depuis, il se tient à carreau et les autres ont repris le business as usual.
    Je dois dire à Alain que certes, les Russes sont patriotes, certains nationalistes, mais que la conscription n’a pas connu pour l’instant le succès espéré… Quant à souhaiter la réussite de « l’opération militaire spéciale », indépendamment des considérations humanitaires, je crains fort qu’elle ne mette pas un terme à la guerre impérialiste déclenchée par Poutine.

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  9. Excusez ma légèreté en ces heures gravissimes, mais ce qui me fascine dans le billet si bien trouvé de Jean-Marc, c’est l’image qu’il a choisie pour l’illustrer. C’est vrai que la comparaison avec Don Quichotte a ses limites, surtout que Don Quichotte, lui, n’est animé que de bonnes intentions. Par contre, les attitudes des deux autocrates sont parlantes : le modèle a l’air fier de sa réussite et son regard encourage le disciple : « imite-moi! »; il a vraiment le regard d’un chef qui encourage le soldat au combat. Quant au disciple, en costume de ville et les pieds joints comme à la parade, il serre les poings, on sent son désir de bien faire, son envie d’obéir au modèle et aussi, je trouve, son désespoir de ne pas être à la hauteur. Le regard de Staline est un regard qui tue : il dit qu’il est un chef inégalé, probablement inégalable, c’est un regard d’autorité et de défi, pour le malheureux disciple. On le devine à toute son attitude, Poutine est dans ses petits souliers, il a le pressentiment que s’il peut momentanément tromper le peuple en revêtant un costume trop grand pour lui, il ne peut tromper son modèle qui, dans le miroir, lui dit aussi: « ne m’imite pas, tu ne fais pas le poids. » Menton volontaire contre menton fuyant, des petits signes qui ne trompent pas.
    Excusez-moi, faut bien se regonfler le moral comme on peut.

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    1. Merci Christine de ton aimable et précieux commentaire.
      J’en profite pour conseiller la lecture du « Mage de Poutine » de Giuliano da Empoli que je n’avais pas encore lu lorsque j’ai rédigé mon billet. Ce roman fait lui le travail de nous ouvrir la tête de Poutine. Je pense que mes commentateurs y trouveront pour la plupart beaucoup d’intérêt tant ils pourront y puiser des arguments en faveur de leurs propres analyses.

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  10. Il suffit d’écouter les paroles de l’ambassadeur chinois hier soir chez Darius Rochebin.

    Un tel ramassis de mensonge démontre s’il en était encore besoin que tout ce qui n’est pas fondé sur la réalité s’écroulera.
    Comme le souligne Védrine, l’Occident n’a pas à donner de leçons de morale aux dictatures et à leurs esclaves, mais simplement, et le travail est considérable rien qu’au vu de ce qu’on peut lire comme énormités sur les réseaux, de chez nous servir la vérité de cette réalité qui suffira alors à effondrer ce qui est fondé sur le sophisme totalitaire, celui-là qui, en Ukraine comme bientôt à Taïwan, ne peut cacher sous le masque de la République populaire socialiste, la bonne blague, qu’il n’est que le retour aux mœurs anciennes et démonétisées, cette caverne où beaucoup rêvent de retourner sacrifier aux noces barbares des antis avec les anti-antis , ces rivaux réunis, la poussière aux dents, dans la défaite honteuse face aux forces du mal.

    « Notez que nous retrouvons là l’intensification réciproque de la violence et de la vérité : de la vérité qui renforce une violence qui ne peut rien, en retour, contre la vérité. Il n’y a pas d’autre définition de la résistance, à mon avis. Elle vaut pour chacun d’entre nous aujourd’hui. »

    AC, R.Girard.

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  11. Concernant la reprise par Poutine, par delà son gangstérisme, du modèle stalinien et soviétique, ainsi que de l’efficacité criminelle de sa propagande sur l’ensemble de la population russe, emportée désormais semble-t-il dans un pan-nationalisme slavophile dément ( aux yeux occidentaux…) , – ce qui n’est pas incompatible avec le refus de mourir sur une terre étrangère- je ne peux que renvoyer aux analyses développées ce matin par les invités de Répliques sur France Culture.

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  12. Je partage la gêne exprimée par Claude Julien envers l’anonymat sur ce blogue. C’est une simple suggestion, mais je serais d’avis de tout simplement exiger que chacun parle en son nom, cela nous éviterait d’avoir à subir ces torrents de stupidité haineuse qui déferlent sur la toile, et dont nous subissons aussi les effets. ARM : association recherches mimétiques : je pense que nous gagnerions tous à nous hisser à la hauteur du projet initial, que l’anonymat autorisé désservit. Avoir le courage de ses opinions me semble être la moindre des choses exigible entre nous.
    La comparaison est faite entre Poutine et Staline, et également Ivan le Terrible. On sait pourtant que Poutine a érigé Pierre le Grand comme son modèle, en plaquant son portrait à peu près partout dans le Kremlin. Passons : cela ne me semble pas très important au regard de la gravité de la situation, et de la profondeur du problème : c’est regarder le sommet de l’iceberg en négligeant le reste.
    Ce « reste » conduit certaines personnes anonymes à justifier ce déchainement de violence sur un blogue consacré à la pensée de Girard, et je suppose donc qu’ils l’ont lu, et qu’ils se réclament de lui. C’est cela qui me semble le plus difficile à comprendre, et qui devrait nous interroger en profondeur. Pour ma part, je vois un lien entre l’amalgame généralisé entre apocalypse et catastrophe finale, que Girard a repris fort imprudemment à mon avis. Je tente d’aborder cette question dans un article que je vous ai soumis.
    Il y a du mimétisme partout, et Jean-Marc a tout à fait raison de souligner la relation Poutine-Staline, mais je regrette que l’on ne tente pas d’aller un peu plus loin dans la « recherche mimétique » précisément. Déceler des relations mimétiques, c’est un peu le BA BA de la théorie mimétique… Au sujet de l’actualité qui nous occupe ici, je signale l’excellente émission « Répliques » de ce matin (29/10) sur France Culture, d’un très bon niveau.

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    1. Oui Benoît, mon propos était de réfléchir à la possible importance de la médiation externe dans le projet de V. Poutine.
      Il est possible que l’explicite de Pierre le Grand, fondateur de Saint-Petersbourg, berceau de Poutine et lieu de prédilection du recrutement de ses soutiens, vainqueur des terribles Suédois et ouvreur de la Baltique pour les Russes ait inspiré un projet de refondation de la Grande Russie, de vainqueur des Ukrainiens et de renforcement de l’ouverture sur les mers chaudes, mais j’y ai pour ce qui me concerne préféré la référence plus immédiate historiquement à Staline, son quasi-contemporain, qui, plus que tout autre, a établi à un niveau non atteint auparavant, la puissance de la Russie/URSS par la guerre et ses investissements dans le domaine militaire.
      Au fond peu importe à mon sens la ou les références, y compris celle d’Ivan le Terrible signalée par Claude Julien, l’essentiel me semble être en l’espèce la réflexion sur l’importance de la médiation externe dans la conduite de certaines destinées.

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      1. Oui Jean-Marc, Staline : pourquoi pas ? Mais mon propos visait à envisager l’idéologie totalitaire et ses racines religieuses dans son ensemble (l’iceberg) plutôt que de focaliser sur le sommet émergeant (les chefs et leurs modèles). Poutine, ses modèles et sa psychologie n’ont pas beaucoup d’importance, pas plus que celle des autres apprentis dictateurs en lice. Car ce sont les idéologies qui séduisent les électeurs. Je crois en la force des idées, et que ce sont les idées qui font l’histoire.

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      2. C’est bien entendu là où nous différons. Poutine n’a probablement pas une idéologie bien affirmée en 1999 lorsqu’à la suite d’un invraisemblable concours de circonstances orchestré successivement par Sobtchack, Eltsine et Berezowski, il se retrouve sans même y aspirer à la tête d’une Russie déliquescente. Il a ensuite bricolé une idéologie de conservation du pouvoir, sans doute la seule possible dans les circonstances auxquelles il était confronté et avec un indéniable succès, idéologie à laquelle, je te le concède bien volontiers, il a fini par croire en tentant d’y faire adhérer son peuple et son oligarchie. Bref je crois plus en Machiavel dans la plupart des cas et donc dans la recherche de modèles performants pour la conquête et la conservation du pouvoir qu’à la force des idées. C’est mon côté réaliste… Si pour la conquête qui, rappelons le, n’a pas été le problème pour Poutine, les idées ont pu aider à quelques moments de l’histoire moderne et contemporaine, c’est me semble-t-il moins le cas pour sa conservation où elles deviennent des outils de manipulation de l’opinion publique.

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      3. Je ne crois pas que nous différions, sur ce point en tout cas. Poutine, de même que Hitler ou Staline n’ont pas d’idéologie personnelle, et ne croient en rien en réalité, mais ils se laissent porter par une idéologie « porteuse ». Leur seule motivation est le pouvoir, le ressentiment, la haine… Et pour exercer le pouvoir, ils se cherchent évidemment des modèles performants. Machiavel est naturellement un maître pour ce type d’homme et pour guider leur projet… Bref, je pense que nous sommes d’accord.

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  13. Dire que Hitler n’avait pas d’idéologie, c’est pour dire le moins « gonflé », pardonnez-moi la familiarité de ce propos. A moins de considérer que l’antisémitisme et le racialisme en général ne sont pas des idéologies ?!
    Mais je suis d’accord avec vous deux sur le fait que Poutine n’a pas vraiment d’idéologie (entendons-nous sur la signification de ce mot pour commencer, peut-être ?). Qu’il ait un ou des modèle(s), peu importe en effet, il a un projet impérialiste, l’URSS ou la Grande Russie ? ça ne change rien pour les Ukrainiens.

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    1. Claude Julien.
      Je regrette que pour le contester, vous ayez éprouvé le besoin de simplifier mon propos en le vidant de son sens. Je crois en la force des idées, qui lorsqu’elles atteignent un certain développement, semblent former un ensemble cohérent, apte à se suffire à lui-même : une idéologie. Ce qui peut la conduire à s’opposer aux autres idéologies, ou supposées telles. Ou si vous préférez l’excellente définition de Wikipedia :
      « Une idéologie est un système prédéfini d’idées, appelées aussi catégories, à partir desquelles la réalité est analysée, par opposition à une connaissance intuitive de la réalité sensible perçue. De tels systèmes considérés comme idéologiques existent dans les domaines politique, social, économique, culturel et religieux. Une idéologie est souvent la dimension culturelle d’une institution sociale ou d’un système de pouvoir. Une idéologie dominante est diffuse et omniprésente, mais généralement invisible pour celle ou celui qui la partage, du fait même que cette idéologie fonde la façon de voir le monde. »
      Par conséquent, on ne peut « avoir » une idéologie. Cela ne se possède pas, mais on peut être, à l’inverse, « possédé » par une idéologie. C’est le cas de Hitler, Lénine, Staline, Trosky, Trump, Pol-Pot, Mao, Le Pen, Chavez, Mélenchon, Poutine…. Avec cette nuance que se laisser posséder par elles n’implique pas que l’on y croie vraiment, mais que dans le cas de certains leaders politiques ou religieux en particulier, on s’en serve pour assouvir son appétit de pouvoir, de vengeance ou son ressentiment à l’égard d’une prétendue idéologie ennemie.
      Ainsi les socialistes ont besoin d’imaginer une idéologie capitaliste, qui n’a jamais existé, pour justifier leur existence et leur « lutte », les écologistes ont besoin de désigner des coupables « productivistes » (fournisseurs d’énergie, agriculteurs…), etc. Le problème des idéologies se révèle à ce moment-là : elles ne cessent de se diviser entre-elles, car des failles apparaissent dès le début de leur application. Le nazisme et le fascisme sont le fait de communistes reconvertis (Hitler, Mussolini…) à la suite de la révolution russe (thèse de Ernst Nolte) qui a révélé l’horreur du projet de Lénine. Mais tout le ressentiment hitlérien se lit déjà dans Marx (« La question juive »), il ne lui appartient pas, il n’a fait que l’emprunter à son modèle-obstacle.
      Ce qui me parait le plus important à notre niveau, c’est de comprendre pourquoi des personnes en quête d’idéologie sont attirées par la théorie de Girard. Elle peut en effet apparaitre comme un système clôt sur lui-même, c’est-à-dire une idéologie. A mon avis, cela est dû principalement à l’amalgame malheureux entre apocalypse et catastrophe finale (la dimension eschatologique des religions révélées), et nous assistons désormais à un certain nombre de mouvements religieux, dont celui qui emporte Poutine, qui correspondent à la mutation opéré par Lénine sur le marxisme : il ne faut pas attendre le Grand Soir (nécessité historique pour Marx, qui doit tomber comme un fruit mûr) mais le hâter par la prise du pouvoir. Il en est de même de l’Apocalypse et de la Parousie pour ces idéologues. Nous sommes régulièrement pris à partie sur ce blogue par des individus qui défendent ce point de vue, et il s’agit d’y répondre en profondeur.
      Pour répondre à vos dernières questions : l’antisémitisme et le racialisme ne sont pas assez développés pour constituer des idéologies à part entière. Ce sont des courants de pensée (discriminatoires ou pseudo-scientifiques) qui ont été intégrés dans certaines idéologies. Le projet impérialiste russe, que Poutine incarne pour le moment (mais dont il n’est ni l’auteur, ni le « propriétaire »), embrasse naturellement le monde entier. Ce grand paranoïaque a déclenché consciemment la troisième guerre mondiale, avec le soutien du clergé orthodoxe dominant.

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      1. Benoît Hamot.
        Vous me prêtez un désir mimétique rivalitaire (prestige intellectuel ?) qui ne m’habite pas. Je ne cherche pas à contester votre propos, je me borne à vous lire : « Hitler ou Staline n’ont pas d’idéologie personnelle ». Va pour la définition de Wikipedia et la possession : l’idéologie qui possédait Hitler ne lui était certes pas personnelle (voir justement Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Origines_de_l%27antisémitisme_nazi). Il n’a d’ailleurs pas inventé grand-chose, ce n’était pas un intellectuel : il suffit de lire quelques pages de « mein kampf » pour s’en convaincre. Quant à le réduire à un rival mimétique du Marx de « la question juive »… Avait-il seulement lu l’ouvrage ? Si vous avez des éléments là-dessus ?
        Sur le capitalisme : le capitalisme s’accommode très bien de tous les systèmes qui l’autorisent. En démocratie, il doit justifier sa légitimité et son utilité pour tous par une idéologie appelée néo-libéralisme. Mais, en dictature, il peut aussi reprendre sa place naturelle, cad ce qui le définit : la propriété privée des moyens de production. A condition bien sûr de se soumettre à l’oligarchie politique et militaire qui contrôle le pays (cf. justement la Russie post-soviétique et la Chine post-maoïste).
        Sur l’écologie : la menace climatique et environnementale ne saurait se résumer à désigner et punir des coupables. C’est juste une question de survie, donc de bon sens. Pas besoin d’idéologie : il faut identifier les causes et trouver les moyens de les corriger d’urgence.

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      2. Claude Julien, je ne vous prête aucun « désir mimétique rivalitaire », rassurez-vous… et votre réponse montre bien qu’au contraire, nous sommes bien d’accord. Il y avait simplement un malentendu, bien excusable en raison de la brièveté de nos messages, malentendu que j’ai voulu dissiper en apportant quelques précisions. Je dois donc encore préciser que je ne « réduis » nullement Hitler à être un rival mimétique de Marx, mais mon propos vise à considérer les individus en général (dont moi-même) comme entraînés par des courants profonds, aussi vastes que très anciens, et qui les dépassent (c’est pour cela qu’ils n’ont pas d’idéologie personnelle, car une « idéologie personnelle », cela n’existe pas). Pour ce qui me concerne, ce courant est judaïque et chrétien, et je m’y laisse entraîner avec émerveillement et humilité (et je n’y parviens pas toujours…)

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  14. Qui ?
    Qui, quand tel Ivan Karamazov, nous sachant souffrant de dérangement cérébral, nous aurions réussi par un effort de volonté à conjurer la crise, espérant, bien entendu, y échapper, mais ne voulant pas nous abandonner à la maladie dans ces jours décisifs où nous devrions nous montrer, parler hardiment, « nous justifier à nos propres yeux », qui nous pousse à refuser d’entendre les sage recommandations du médecin pour éviter l’aggravation du mal jusqu’à ne plus avoir la force de marcher, qui ?
    Il est l’heure ici de suivre les conseils avisés de James Alison, apprenons à entendre aux fissures du monument de l’überdrama wagnérien et, baissant son volume, commençons à avoir une idée d’un espace musical différent, où coulent les indices d’un monde plus sûr et plus joyeux que la musique des principautés a tendance à étouffer, où le compositeur d’un ensemble vocal est, a toujours été et sera au travail, recomposant constamment sa pièce de sorte que, tout en respectant l’œuvre la plus forte, il en modifie le sens pour en faire une œuvre complètement différente. Chaque espace, intervalle et harmonie est travaillé et retravaillé pour nous donner quelque chose qui a la même structure formelle que la musique de Wagner, mais qui sonne pourtant entièrement rossinien, et subvertit joyeusement de l’intérieur toute la prétention et l’incitation à la vanité violente du maître de Bayreuth. Un masque univoque de mort et de vengeance serait rendu infantile et souple dans un visage vivant d’enjouement, de légèreté, de pardon et de joie, que célébrera à tout jamais la Cenerentola* :

    RAMIRO, DANDINI, MAGNIFICO, TISBE, CLORINDA, CENERENTOLA
    Che sarà!
    Questo è un nodo avviluppato,
    Questo è un gruppo rintrecciato.
    Chi sviluppa, più inviluppa,
    Chi più sgruppa, più raggruppa;
    Ed intanto la mia testa
    Vola, vola, e poi s’ arresta,
    Vo’ tenton per l’ aria oscura,
    E comincio a delirar.
    RAMIRO, DANDINI, MAGNIFICO, TISBE, CLORINDA, CENDRILLON
    Ce qui sera!
    C’est un nœud emmêlé,
    Il s’agit d’un groupe tressé.
    Qui développe, plus enveloppe,
    Plus il se divise, plus il rassemble ;
    Et en attendant ma tête
    Vole, vole, puis s’arrête,
    J’ai cherché l’air sombre,
    Et je commence à délirer.

    Ceci posé, sûr de ce dont Mme Orsini ne devrait pas s’excuser et qui nous évite de trop prendre au sérieux les réquisitoires accusateurs qui ne dénoncent que nous même et ne méritent que l’éclat de rire de la caricature de Mr Bourdin, quel est donc, voyons, voyons, ce modèle qui ne sait que faire obstacle à notre complète édification, refuse d’amener la verticale de nos fausses transcendances extérieures supposées à l’horizontalité de la véritable transcendance, celle qui nous a été effectivement rendue accessible par la Passion du Christ, le Saint-Esprit est le Dieu intermédiaire, nous créant et nous recréant à travers ce qui est entre nous ?*
    Mais je pinaille, je recule, je finasse, ce modèle qui s’échappe toujours, qui est-il donc ? Ivan le Grand, Pierre le Terrible, Poutine le salaud, Hitler l’épouvantable ou Staline le cochon de coco ?
    Laissons à Dostoïevski le soin de répondre :

    « — Eh bien, ne le crois pas, dit le gentleman en souriant d’un air affable. La foi ne s’impose pas. D’ailleurs, dans ce domaine, les preuves même matérielles sont inefficaces. Thomas a cru, parce qu’il voulait croire, et non pour avoir vu le Christ ressuscité. Ainsi, les spirites… je les aime beaucoup… Imagine-toi qu’ils croient servir la foi, parce que le diable leur montre ses cornes de temps en temps. « C’est une preuve matérielle de l’existence de l’autre monde. » L’autre monde démontré matériellement ! En voilà une idée ! Enfin, cela prouverait l’existence du diable, mais non celle de Dieu. Je veux me mettre d’une société idéaliste, pour leur faire de l’opposition. « **

    C’est répugnant, disait Calasso, et Dostoïevski ne résiste pas à son goût du sordide pour préciser la nature de ce « qui » :

    « On ne peut s’empêcher de se plaindre parfois. Je suis calomnié. Tu me traites à tout moment d’imbécile. On voit bien que tu es un jeune homme. Mon ami, il n’y a pas que l’esprit. J’ai reçu de la nature un cœur bon et gai, « j’ai aussi composé des vaudevilles ». Tu me prends, je crois, pour un vieux Khlestakov, mais ma destinée est bien plus sérieuse. Par une sorte de décret inexplicable, j’ai pour mission de « nier » ; pourtant je suis foncièrement bon et inapte à la négation. « Non, il faut que tu nies ! Sans négation, pas de critique, et que deviendraient les revues, sans la critique ? Il ne resterait plus qu’un hosanna. Mais pour la vie cela ne suffit pas, il faut que cet hosanna passe par le creuset du doute, etc. » D’ailleurs, je ne me mêle pas de tout ça, ce n’est pas moi qui ai inventé la critique, je n’en suis pas responsable. J’ai servi de bouc émissaire, on m’a obligé à faire de la critique, et la vie commença. Mais moi, qui comprends le sel de la comédie, j’aspire au néant. « Non, il faut que tu vives, me réplique-t-on, car sans toi rien n’existerait. Si tout était raisonnable sur la terre, il ne s’y passerait rien. Sans toi, pas d’événements ; or, il faut des événements. » Je remplis donc ma mission, bien à contrecœur, pour susciter des événements, et je réalise l’irrationnel, par ordre. Les gens prennent cette comédie au sérieux, malgré tout leur esprit. C’est pour eux une tragédie. Ils souffrent, évidemment… En revanche, il vivent, d’une vie réelle et non imaginaire, car la souffrance, c’est la vie. Sans la souffrance, quel plaisir offrirait-elle ? Tout ressemblerait à un Te Deum interminable ; c’est saint, mais bien ennuyeux. Et moi ? Je souffre, et pourtant je ne vis pas. Je suis l’x d’une équation inconnue. Je suis le spectre de la vie, qui a perdu la notion des choses et oublie jusqu’à son nom. Tu ris… non, tu ne ris pas, tu te fâches encore, comme toujours. Il te faudrait toujours de l’esprit ; or, je te le répète, je donnerais toute cette vie sidérale, tous les grades, tous les honneurs, pour m’incarner dans l’âme d’une marchande obèse et faire brûler des cierges à l’église. « **

    Mon dieu que ces citations sont longues, se plaindra-t-on.
    Mais à un moment donné, il est bon que ce qui a été nommé soit proféré, et que les hallucinations de nos cerveaux malades reconnaissent qu’elles sont identifiées, comme le dit Ivan avant qu’elles ne s’évaporent aux coups redoublés à sa fenêtre quand Aliocha vint lui annoncer que Smerdiakov, analogie du peuple russe, s’était pendu, car elles ne sont que la réalité cauchemardesques de nos désirs de puissance dont nous sommes devenus les objets, abandonnant toute liberté et préférant la servitude des certitudes fausses aux voies maintenant connues du réel qui nous proposent leur chemin de résistance à celui dont nous sommes à même de refuser la filiation menteuse, pour choisir, sereins à savoir désormais reconnaître ce qui est mal de ce qui est bien, la filiation véritable du modèle sain et saint proposée à notre libre entendement, qui sait reconnaître et nommer le faux modèle, prince du néant et maître du rien, Satan, qui n’attend que nous pour retourner au trou de notre orgueil auquel nous aurions renoncé, pour enfin entendre ce que jusqu’ici nous avons refusé d’écouter:

    « 2Jésus leur dit: Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens; je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé. 43Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage? Parce que vous ne pouvez écouter ma parole. 44Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds; car il est menteur et le père du mensonge. 45Et moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas. 46Qui de vous me convaincra de péché? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? 47Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu; vous n’écoutez pas, parce que vous n’êtes pas de Dieu. »***

    *https://jamesalison.com/fr/repenser-la-sacramentalite-apres-rene-girard/

    **https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Fr%C3%A8res_Karamazov_(trad._Henri_Mongault)/XI/09

    ***https://saintebible.com/lsg/john/8.htm

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