La boîte de Pandore est plus facile à ouvrir qu’à refermer

par Jean-Marc Bourdin

« La violence n’est jamais perdue pour la violence » comme nous le rappelle souvent notre ami Bernard Perret puisant cette assertion dans le fonds girardien.

Lorsqu’une foule se réunit autrement que pour former le cortège d’une marche blanche (Denis Salas), dès qu’elle prend une couleur quelconque, même la plus claire d’entre elles en l’occurrence, le jaune, elle peine à maîtriser la violence, quand elle ne la déchaîne pas par la provocation pour se placer en situation de légitime défense victime des forces de l’ordre.

Il aura donc suffi d’une série de maladresses et de contretemps politiques de la part du Président de la République et du gouvernement pour donner l’occasion à la violence de rappeler qu’elle est le principal objet du politique, vérité que ses instances ne cessent pourtant de refouler.

La boîte à revendications a été ouverte et, dans le même temps, la supériorité de leur expression violente a été accréditée par les concessions d’un pouvoir rétif à tenir compte de revendications pacifiquement exprimées dans le respect du cadre légal. Cette boîte sera bien difficile à refermer.

Si ces revendications sont contradictoires et donc impossible à toutes satisfaire simultanément, elles se retrouvent sous un même dénominateur, la forme politique du désir mimétique, à savoir la revendication d’une égale puissance d’être[1]. Cette REPE, la mode étant aux sigles, est suscitée par la promesse de la citoyenneté démocratique. De ce point de vue, la réponse en termes de pouvoir d’achat, même si elle pouvait être généreuse, ce qui ne sera pas le cas, serait très loin du compte. Le référendum d’initiative citoyenne (RIC) vient, s’il en était besoin, à l’appui de cette assertion. Dans cette hypothèse, les citoyens ont l’initiative, font rapport (comme le suggère l’étymologie de referendum) et décident. Les représentants élus ou issus des corps intermédiaires sont disqualifiés dans ces trois domaines. Chacun détient sa puissance d’être d’une manière égale (un citoyen, une voix) qu’il doit pouvoir exprimer à son initiative. L’alternance quinquennale (voire plus rapprochée), pourtant quasi-systématique depuis la fin des années 1970, ne suffit plus à l’expression périodique de ses opinions.

La REPE se manifeste dans les cahiers de doléance, dont les premières synthèses remontent, d’abord et avant tout par la contestation des élites considérées comme privilégiées, notamment les hauts fonctionnaires, les élus nationaux et les représentants des corps intermédiaires. La fonction de maire échappe à cet opprobre. Sans doute parce que la plupart des maires sont perçus comme au service de leurs administrés plus qu’en position d’augmenter leur propre pouvoir, ce qui est particulièrement vrai dans les petites communes rurales où résident la plupart des contributeurs aux cahiers de doléance. Le rétablissement de l’ISF est un autre marqueur de ce désir mimétique en forme d’envie : à défaut d’augmenter sa propre puissance d’être suffisamment, diminuons celle des nantis. Quant aux préoccupations relatives à l’immigration, elles traduisent la crainte d’un partage de cette puissance d’être avec des nouveaux venus qui feraient mécaniquement diminuer celle des citoyens nationaux, selon la logique de ces derniers.

On retrouve ici comme un écho aux revendications des niveleurs dans la première moitié du XVIIe siècle en Angleterre.

Nous assistons aussi à l’affrontement de deux souverainetés, celle du pseudo-monarque sacré de nos institutions, éternel bouc émissaire en sursis[2] (comme nous l’avions suggéré dans ce même blogue il y a deux ans), et celle du peuple comme nombre, ou du moins ceux qui s’estiment assez nombreux et suffisamment soutenus pour parler en son nom. La souveraineté du peuple est effectivement inscrite en toutes lettres dans la Constitution : le principe de la République française est le « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » (article 2). L’article 3 précise : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice. » Quant au Président de la République, l’article 5 de ce même texte dispose qu’il « veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités. » De telles attributions lui confèrent une part importante de la souveraineté exécutive, part accrue par la pratique institutionnelle qui amène le corps électoral à lui fournir le plus souvent une majorité à l’Assemblée nationale et donc la faculté de décider des lois à adopter ou à abroger.

Cet affrontement de deux revendications concurrentes à l’incarnation de la souveraineté du peuple est, dans l’état actuel, en attente d’une décision qui tarde à venir de la part de l’opinion publique : celle-ci se sent concernée par les revendications exprimées dont elle attend un bénéfice mais souhaite aussi pouvoir retrouver la paix publique. Selon un schéma bien connu, notamment en situation insurrectionnelle, on assiste à la lutte entre deux minorités, celle des soutiens du pouvoir et celle des gilets jaunes activistes, qui rivalisent pour s’approprier un même objet, l’opinion publique majoritaire, laquelle oscille entre ces deux attracteurs avant de basculer franchement d’un côté.

Du point de vue de l’opinion, les effets de l’information en continu peuvent donner une illusion trompeuse sur le nombre et donc la puissance des gilets jaunes. L’information instantanée et sans recul est également manipulée dans une surenchère victimaire par l’évocation des blessés du côté des manifestants et de celui des forces de l’ordre. Lors d’un épisode tragi-comique, une cagnotte a été constituée pour la défense d’un ancien boxeur ayant agressé des gendarmes mobiles, ces derniers témoignant sous couvert d’anonymat de leurs blessures ; et leur situation a suggéré illico au président du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, l’idée d’une cagnotte symétrique pour les forces de l’ordre victimes de la violence de certains manifestants. Plus largement, le traitement actuel d’une information susceptible de glisser sur la pente de la propagande en faveur d’un des protagonistes inquiète le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel qui a diligenté une enquête.

Quoi qu’il en soit, ce mouvement acéphale donne à travers sa persistance et ses manifestations violentes une image des enfants du ressentiment contemporain. Ils recherchent une puissance d’être que l’individualisme ambiant leur assigne d’obtenir dans une action collective que nul ne maîtrise. Et ils dénient à leurs leaders autoproclamés successifs d’acquérir une puissance d’être supérieure à la leur.

Nous en sommes là à l’heure où j’écris (11 janvier 2019).

Pandore, dotée de tous les dons par Zeus, disposait aussi de celui de la séduction et de la tromperie. En ouvrant sa boîte (ou sa jarre) reçue en cadeau de mariage malgré l’interdiction qui lui avait été faite, elle libéra tous les maux qu’elle contenait, lesquels se répandirent sur la Terre. Seule l’espérance resta enfermée. Un grand débat national et quelques RIC seront-ils en mesure de libérer l’espérance et de refermer simultanément ce réceptacle sur les revendications qui ne pourront être satisfaites à leur issue ?

*

L’article d’Olivier Costa, Directeur de recherche au CNRS / Directeur des Etudes politiques au Collège d’Europe –, Sciences Po Bordeaux éclaire ce point de vue en rappelant dans son article ci-après, paru dans TheConversation le 10 décembre 2018 : « Débat : La foule n’est pas le peuple ».

https://theconversation.com/debat-la-foule-nest-pas-le-peuple-108487?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2010%20dcembre%202018%20-%201182710758&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2010%20dcembre%202018%20-%201182710758+CID_c5cfc373a932a52e01eb3cc31b2326e4&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Dbat%20%20La%20foule%20nest%20pas%20le%20peuple

Je signale également le texte d’un prêtre, Jean Casanave, qui pose la question de l’espérance dans son blogue « Éclats de vie, réflexions d’un curé de campagne ».

http://jeancasanave.blogspot.com/2019/01/france-quas-tu-fait-de-lesperance.html

[1] Telle que je la nomme dans mes deux derniers essais.

[2] L’actuel Président de la République a au demeurant fait beaucoup pour concentrer sur lui toutes les animosités et faire de son départ le préalable à tout apaisement chez de nombreux gilets jaunes.

27 réflexions sur « La boîte de Pandore est plus facile à ouvrir qu’à refermer »

  1. Merci pour cette excellente analyse. J’ai envie d’ajouter que par rapport aux états insurrectionnels précédents (Révolution Française, Commune, Mai 68, pour n’en citer que quelques-uns), celui-ci se caractérise par le manque d’espoir (comme le dit très bien l’article de Jean Casanave). Il n’y a pas d’idéologie, pas de croyance, pas de valeurs identifiables. Avant, on renversait le régime en place pour le remplacer par quelque chose supposé meilleur. Aujourd’hui, on renverse et on détruit par dépit, par colère, par attrait du vide peut-être. Inédit et inquiétant.

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  2. « Le rétablissement de l’ISF est un autre marqueur de ce désir mimétique en forme d’envie : à défaut d’augmenter sa propre puissance d’être suffisamment, diminuons celle des nantis. Quant aux préoccupations relatives à l’immigration, elles traduisent la crainte d’un partage de cette puissance d’être avec des nouveaux venus qui feraient mécaniquement diminuer celle des citoyens nationaux, selon la logique de ces derniers. »
    L’auteur, Jean-Marc Bourdin, fait comme si la monnaie récoltée par l’ISF était détruite, alors qu’il s’agit d’une répartition différente des impôts en faveur des non nantis, ceux-ci sachant que des fortunes de plus en plus considérables se font, échappant de plus en plus à l’impôt, alors que l’on va taxer plus ce dont les pauvres ont besoin, comme le carburant pour les campagnards, alors qu’on éloigne de plus en plus les services publics d’eux, soit disant parce qu’il n’y aurait pas assez de budget alors que les recettes augmentent.
    Il semble d’ignorer que l’immigration est voulue par les capitalistes libéraux (comme l’avouait Georges Pompidou: https://blogelements.typepad.fr/blog/2013/01/limmigration-arm%C3%A9e-de-r%C3%A9serve-du-capital.html) afin de mettre en concurrence les travailleurs pauvres et diminuer les salaires. Est-il favorable au libéralisme encourageant la rivalité, la concurrence de tous avec tous, ce qui serait paradoxal pour un girardien?
    J’ai l’impression de lire un penseur stratosphérique tel que Paul Nizan en décrivait dans Les Chiens de garde.

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    1. Qu’est-ce qui vous fait croire que je suis contre la taxation des patrimoines, pour un partage de la valeur ajoutée en faveur de la rémunération du capital ou encore contre l’immigration ? Sur ce dernier point, je suis au courant de son organisation initiale et de ses finalités.
      De même, sachez que je ne trouve rien d’illégitime à ce que chaque citoyen revendique une égale puissance d’être. Cela me semble dans l’ordre normal des choses, et c’est induit par l’idéal démocratique. J’essaie simplement de faire un lien entre cette aspiration légitime et le mouvement actuel.
      Si vous aviez lu ma thèse, vous comprendriez que je suis au contraire favorable une réduction des situations de compétition et des régulations par la concurrence. Même sans la lire, je reconnais qu’elle est bien longue, c’est une position que j’ai déjà affirmée sur ce blogue il y a quelques temps.

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  3. Mais il me semble que vous avez pris cela pour une prise de position, alors que Jean-Marc Bourdin essaye de vous dire que c’est une analyse… C’est une des forces de ce blogue d’échapper tant que possible à la polarisation systématique, qui empêche tout débat d’idées serein. Si vous n’aimez pas cette analyse, ce qui est votre droit, relisez Girard et vous verrez que détruire le porteur du message ne détruit pas le message, mais rajoute à coup sûr à la violence du débat (qui n’en a pas besoin).

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    1. Je recopie le passage. Relisons-le bien pour en faire l’analyse (car ce n’est pas mon absence d’amour qui compte, mais la validité de l’argumentation) :
      « Le rétablissement de l’ISF est un autre marqueur de ce désir mimétique en forme d’envie : à défaut d’augmenter sa propre puissance d’être suffisamment, diminuons celle des nantis. Quant aux préoccupations relatives à l’immigration, elles traduisent la crainte d’un partage de cette puissance d’être avec des nouveaux venus qui feraient mécaniquement diminuer celle des citoyens nationaux, selon la logique de ces derniers. »

      – Il y est affirmé que taxer les plus nantis ne consisterait qu’à diminuer leur puissance d’être, ce qui est faux, puisqu’elle permet avant tout une redistribution (car ce n’est pas juste une destruction monétaire), et donc d’augmenter la puissance d’être des moins nantis .
      – Comme le montre le lien que je mentionnai (https://blogelements.typepad.fr/blog/2013/01/limmigration-arm%C3%A9e-de-r%C3%A9serve-du-capital.html) ), ce n’est pas avant tout la logique des citoyens nationaux de croire que leur puissance d’être diminuerait mécaniquement avec des nouveaux venus de l’immigration, mais c’est d’abord la logique des capitalistes qui ont voulu cette immigration pour mettre en concurrence, en rivalité des travailleurs, et ainsi diminuer leurs salaires et donc leur puissance d’être.

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      1. Oui, votre analyse et votre critique ont toute leur pertinence, je ne les remets absolument pas en cause, je les vois plus comme complémentaires de celles de Jean-Marc Bourdin. Mais mon propos ne visait pas les idées, mais la manière de les exprimer. A ce que je comprends (pardonnez-moi si je me trompe) vous n’envisagez pas le débat d’idées sans affrontement, et une analyse politique est nécessairement l’expression d’opinions politiques. Si je comprends bien l’expression « penseur atmosphérique » (je ne suis pas familier de Paul Nizan), vous reprochez à Jean-Marc Bourdin d’essayer de s’élever au-dessus du débat. Vous lui reprochiez déjà la même chose en commentant son article « Polémique est mère de toute chose (médiatique) ». Je vous cite :

        « Ne s’agit-il pas de botter en touche, de refuser le débat comme si ses arguments étaient les seuls, en une pensée unique autocratique? »

        Il me corrigera si je me trompe, mais je pense que son approche lui est dictée par l’enseignement de René Girard. Il ne s’agit pas de refuser le débat d’idées, mais de réaliser que c’est un phénomène éminemment mimétique, parce que nos idées sont des objets désirables, que nous tentons de nous arracher les uns aux autres. Il est naturel et souhaitable de confronter les idées de façon à garder les meilleures par « sélection naturelle ». Pour autant, qu’est-ce qui justifie cette confusion systématique entre l’idée et le porteur de l’idée, entre le combat pour ses idées et le combat contre l’adversaire ? Faut-il nécessairement terrasser celui-ci pour faire vaincre celles-là ? Si c’est le cas, la violence est et restera la norme en politique, mais personnellement je ne vois pas de raison objective qu’il en soit ainsi.

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      2. Hervé van Baren,
        La guerre est la politique sous d’autres formes, et la politique est une guerre sous d’autres formes. Il s’agit de choses graves.
        Le débat d’idées est une confrontation d’arguments.
        J’admets qu’on peut me reprocher d’avoir aussi fait de l’attaque ad hominem dans ma dernière phrase.
        Ce que je veux dire, c’est que comme pour tout marteau, tout est clou, je peux trouver que parfois pour un grirardien, tout est girardien, et que cela peut devenir un outil conservateur pour éliminer d’autres paramètres que j’ai alors invoqués dans le cas de l’ISF et de l’immigration. Par « stratosphérique » (qui n’est pas du Nizan), je métaphorisais que l’argumentation girardienne ne tenait alors pas en compte certains autres paramètres concrets.

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      3. Quand vous dites, Luca, que pour un girardien tout est girardien, vous soulignez un risque certain lorsqu’on se réfère à une théorie particulière, et bien sûr les contributeurs à ce blogue sont susceptibles de tomber dans ce travers. Cependant, c’est là toute la richesse et le paradoxe de la théorie mimétique, elle invite à se dépasser elle-même. Il y a une contradiction insurmontable à défendre une pensée unique qui dénonce toute pensée unique ; or Girard montre que l’idée hégémonique, dominatrice, ne l’est que parce qu’elle s’oppose, dans une rivalité toujours violente, aux idées concurrentes. Il est lui-même l’exemple parfait de cette contradiction, n’échappant pas au piège de la controverse (avec Claude Levi-Strauss, entre autres), et défendant parfois avec une certaine agressivité sa théorie contre les autres (qui ne lui faisaient pas de cadeaux, il est vrai). Girard était d’ailleurs parfaitement conscient de ce phénomène.
        Tout comme des penseurs modernes, certains athées ou agnostiques, on compris que le christianisme était la religion de la sortie de la religion, je pense que la théorie mimétique est nécessairement la théorie de la sortie de la théorie. Dès lors, le regard girardien sur le réel voit d’abord le mimétisme et la violence qui en découle avant de s’attarder sur les idées, y compris celle qui soutient cette approche. Assez vertigineux, comme « idée », j’en conviens.
        D’une certaine façon, cette particularité de la théorie mimétique, qui s’expulse elle-même, rejoint ce que dit Aliocha lorsqu’il parle d’une nouvelle langue « traduite du païen » pour devenir sainte ; en langage profane, cela donne : une nouvelle manière de penser qui part des idées mais les dépasse pour accéder au lieu du dialogue et de la réconciliation.

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  4. Merci cher Jean-Marc pour cette pénétrante analyse. Permets d’y ajouter deux mots, qui ne contredisent nullement les tiens : nous assistons à l’expression de deux mouvements, qui pour être superposables apparemment, sont néanmoins de natures radicalement différentes : le mouvement de reconstitution d’un peuple, qui réclame justice aux détenteurs souvent abusifs de l’essentiel de la richesse produite, et d’un mouvement de foule, comme toujours haïssable. Discriminer entre les deux, voilà la mission urgente du politique : le premier mouvement est sacré (vox populi, vox dei), le second est infernal.

    Amitié

    Thierry

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    1. Merci Thierry de cette clarification indispensable.

      C’était le sens du premier lien associé à mon texte : « La foule n’est pas le peuple » d’Olivier Costa dans TheConversation.

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    2. tberlandainsertfr
      D’accord.
      Le problème de la révolte est son organisation (par exemple la possibilité de s’organiser en parti fonctionnant tel qu’ils voudraient que la société fonctionne), et le mouvement de foule désorganisé, que le pouvoir qu’ils combattent a intérêt qu’il reste.

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  5. Merci Jean-Marc et ses interlocuteurs pour ce « débat ». Je l’attendais avec curiosité dans ce blogue girardien parce que , pour ma part, depuis le début de ce mouvement devenu lame de fond, je suis très embarrassée pour me faire une opinion. D’un côté, comme une majorité de Français, je suis encline à « prendre en considération » tous ces gens qui sont en colère autant pour des raisons symboliques, le mépris qu’ils ressentent de la part des élites, que pour les causes objectives de leur détresse matérielle, et je dois cette inclination à mon éducation chrétienne, la voix des pauvres quand elle se fait entendre, a des accents spirituels. D’un autre côté, ces foules qui se disent le peuple et ne veulent pas être représentées, donc refusent de discuter, elles veulent que Macron s’en aille et d’autres choses encore qui heurtent tout autant le bon sens ou le sens que j’ai de la « légitimité » en démocratie, ces foules en bagarre dans les rues des beaux quartiers avec les forces de l’ordre, même si elles sont remplies de « persécutés » se présentent comme persécutrices et potentiellement violentes. Les gilets jaunes aujourd’hui sont fâchés avec les médias, on comprend pourquoi : les images de violence, avec des policiers à terre, ont tourné en boucle. Je ne crois pas du tout que les directeurs de chaînes aient reçu des ordres du ministère de l’intérieur, je crois plutôt que les chaînes ont leur logique : elles ont vu le parti qu’elles pouvaient tirer de ces images pour faire de l’audience. Elles n’ont pas retourné l’opinion d’un coup, d’un seul, mais en ce qui me concerne, je suis passée de la perplexité à l’opposition franche. Ras-le-bol des manifs du Samedi !!
    Girard a analysé les mécanismes de la violence et montré que l’égalité, plus que les différences ou les différends est source de rivalité. Mais il ne nous donne pas, dans le cas présent où les inégalités sont perçues à juste titre comme des injustices, le moyen de trancher et de choisir notre camp. Bien sûr, on est contre la violence mais l’injustice est une violence… Je suis reconnaissante à Jean-Marc d’apporter à notre réflexion son REPE: revendication à une égale puissance d’être, parce qu’en effet, il ne s’agit pas que du pouvoir d’achat.
    Par contre, je ne suis pas d’accord avec l’idée qu’on a affaire à un duel entre deux légitimités. Sur le plan politique, où tout doit se jouer et, je l’espère, se régler, il n’y a qu’une légitimité, celle sortie des urnes.
    Bon, j’ai été trop longue, comme on l’est quand on est dans l’embarras ! Merci à vous de prendre à bras le corps cet événement historique, enfin hélas pour l’instant seulement journalistique, qui nous remue de fond en comble.

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    1. Merci, Christine, de témoigner de ce doute qui est, je pense, celui de la majorité des Français, déchirés entre leur compassion pour les souffrances et le désespoir d’une frange toujours plus large de la population et leur attachement aux institutions du pays. A dire vrai, je ne vois pas comment on pourrait trancher sans augmenter encore la fracture. Girard nous aide à y voir clair, en nous donnant la seule clé de lecture qui ait encore un sens. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui en France, c’est une crise mimétique, une crise du désir délivré de la contrainte de la loi et du sacré, et à la réaction de ceux qui s’accrochent à la loi et au sacré.
      Nous pensons tous participer à la pacification en apportant notre pierre à l’analyse du phénomène, mais c’est très difficile de ne pas prendre parti, de ne pas basculer d’un côté ou de l’autre – Jean-Marc exprime parfaitement l’équilibre instable et le basculement qui suit dans son article – or dès que nous faisons cela nous alimentons le brasier. On ne peut pas prendre parti dans la situation actuelle, et certainement pas en tentant de comparer la violence des uns et des autres. Que ce soit la violence des gilets jaunes, des forces de l’ordre ou de la classe dirigeante, elles ont toutes été diagnostiquées correctement dans les différentes prises de position de l’article et des commentaires. Qu’on veuille bien constater l’étonnante ressemblance entre la violence d’un garde du corps de M. le Président de la République transformé en CRS d’un jour et celle d’un boxeur professionnel reconverti au jaune, le temps d’une manif… Un exemple parfait d’indifférenciation, non ? Tous deux ont le plus grand mal à expliquer leur attitude. Il faut nous pardonner, parce que vraiment nous ne savons pas ce que nous faisons.
      La vérité girardienne, ne l’oublions pas, c’est que la violence, surtout dans la situation de crise que nous connaissons, n’appartient à personne. « La violence n’est jamais perdue pour la violence », pour le redire encore… Elle circule et s’amplifie à chaque échauffourée, à chaque scandale, à chaque commentaire partisan, à chaque polémique.
      La seule façon d’échapper à ce piège est de ne pas accuser, de ne pas prendre parti, et de prendre pour cible l’unique ennemi, le seul qui soit réel : la violence elle-même. C’est bien dommage pour notre désir de puissance, qui nous souffle que nous détenons la clé du conflit, mais la seule violence sur laquelle nous ayons un quelconque pouvoir, c’est la nôtre, celle qu’éveille en nous l’indignation, le scandale, la colère. Ne nous laissons pas gagner par le mimétisme ambiant, il fait mal.
      J’anticipe déjà l’objection à ce credo non-violent : il est inacceptable de rester passif ou indifférent. Mais ne pas se laisser gagner par la violence n’a rien à voir avec de la passivité ou de l’indifférence. On peut professer à la fois sa sympathie pour les gilets jaunes et son attachement aux valeurs républicaines. Le problème est qu’en faisant cela, on se fera accuser de Tartuffe ou de lâche et on prendra des coups. Pendant la bataille le seul crime impardonnable c’est de ne pas choisir son camp. Ce n’est pas une raison pour ne pas faire ce qui est juste. Moi, j’ai choisi : tous les deux, parce que dans la crise qui nous secoue je n’ai qu’une certitude : il n’y a pas les gentils d’un côté et les méchants de l’autre.

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      1. Je suis dans la même position : la violence est là qui a gagné la plupart des acteurs. A la question du qui a commencé, il sera toujours possible de répondre : l’autre. Et à l’autre question : qui est responsable de l’escalade, une même réponse l’autre. Il faudrait qu’à la question : qui a enclenché la désescalade, il faudrait pouvoir répondre nous. Et on revient toujours sur le couple si difficile à unir vérité et réconciliation. Difficile quand on a d’un côté « Macron démission » et de l’autre « gilets jaunes = casseurs ».
        La position de R. Girard a toujours été celle de la maîtrise de la violence par la prévention et la désescalade en attendant/espérant la conversion. Pour ce qui me concerne, la mienne ne peut être différente.

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      2. Merci, Hervé, d’apporter la réponse, la vraie, aux divisions extérieures et intérieures, sociales et personnelles que nous vivons. C’est une crise indifférenciatrice, une crise sacrificielle moderne, sans mécanisme de résolution, avec une potentielle « montée aux extrêmes si à tous les niveaux, en commençant par soi-même, on n’adopte pas votre solution, la « conversion » girardienne ! (On peut prendre le mot « conversion », par modestie, au sens du skieur qui fait machine arrière.) Ah, je me retrouve, grâce à un noble étranger, en famille. Je suis toujours entre deux eaux, mais la perplexité en moins.

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    2. Vous semblez ne pas comprendre la « logique » des chaînes télévisées : elles appartiennent soit à l’Etat, soit aux milliardaires auxquels il accorde les autorisations de diffusion.
      Vous avez donc vu en boucle des images de policiers à terre, mais guère vu celles de manifestants visés à la tête (c’est interdit), ainsi éborgnés, tabassés, leurs affaires jetées dans la Seine, etc.
      Vous vous êtes fait manipuler et bonne imitatrice, vous avez conclu ce qu’on voulait que vous conclûtes.

      Votre idée de la « légitimité en démocratie », est-ce qu’un homme qui a le vote de 16% des majeurs (dont seuls deux tiers l’approuvent, l’autre ayant déjà fait un vote utile du genre anti Le Pen), devienne un président sans mandat impératif, et fasse ce qu’il veule?
      Vous confondez légalité et légitimité, car il y a beaucoup de moyens de manipuler ce qui sort des urnes (par exemple en dommant 14 millions d’euros à un blanc bec inconnu trois ans avant, et une énorme couverture médiatique, voir Le Prix de la démocratie de Julia Cagé), et après encore d’autres de ne pas l’accomplir (en particulier l’inconstitutionnalité du madat impératif dans l’article 27 de la Constitution, ou de faire en congrès de parlementaires l’opposé du résultat du référendum de 2005).

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  6. L’indifférenciation du gilet, le jaune tout à coup qui submerge tout. L’occident obèse qui craint de ne plus, à 20% de la population, pouvoir consommer 80% des richesses au nom du texte chrétien qui fondit sa domination, Steve Bannon est en Europe pour mieux la détruire, et les insultes fusent de tous les bords extrêmes, une apocalypse n’a pas suffi.
    Puisqu’il faut aborder les rivages du plus grand péril pour entrevoir ce qui sauve, merci aux vaillants de partager ici notre incapacité de formuler sans paroles païennes ce qui ne l’est plus, d’imaginer ce qui pourra, quand tout aura disparu de ces anciennes méthodes, ce que James Allison décrit si bien, et Perret, et Bellet, et Girard, et tous les saints qui nous aident en cette obscurité à garder le cap sans trop céder aux sirènes, à suivre la seule lumière que seuls les poètes et les romanciers ont su décrire avec l’efficace conversion de leur imagination :

    « C’est la vision des nombres. Nous allons à l’Esprit. C’est très certain, c’est oracle, ce que je dis. Je comprends, et ne sachant m’expliquer sans paroles païennes, je voudrais me taire.

    ¯¯¯¯¯¯¯¯

    Le sang païen revient ! L’esprit est proche, pourquoi Christ ne m’aide-t-il pas, en donnant à mon âme noblesse et liberté. Hélas ! l’Évangile a passé ! l’Évangile ! l’Évangile.

    J’attends Dieu avec gourmandise. Je suis de race inférieure de toute éternité. »

    http://www.mag4.net/Rimbaud/poesies/Sang.html

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    1. Aliocha,
      L’Occident où tout le monde gagne 14.000 euros peut-être?
      Si un milliardaire rentre dans un bistro rempli de rmistes, en moyenne ils sont millionnaires…
      Vous occultez les disparités qui augmentent en France.
      La plupart des Gilets Jaunes sont de la France périphérique, celle dont la situation se dégrade, alors qu’on leur détruit les services publics (il faut aller à 50km à Joigny avec 550 emplois publics détruits pour 10.000 habitants : plus de maternité, plus de chirurgie, plus de tribunal d’instance, plus de tribunal de commerce, plus de régiment militaire), que le chômage de masse augmente et qu’on demande aussi d’aller travailler de plus en plus loin, on augmente le prix du carburant.
      https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/video-a-joigny-dans-l-yonne-c-est-l-anxiete-avant-le-grand-debat-si-ca-ne-bouge-pas-vers-quoi-on-va_3145575.html

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      1. Bien sûr, Luca, et 4 milliards et demi de personnes dans le monde n’ont pas accès aux toilettes, avoir conscience de cela permet de relativiser nos problèmes hexagonaux, ce qui ne signifient pas qu’ils n’existent pas, mais démontre que les atmosphères révolutionnaires françaises se révèlent plus comme l’expression d’un ressentiment que d’une réalité, où, si nous savions intégrer notre héritage, notamment littéraire donc religieux, nous nous rendrions compte de la chance que nous avons ici d’avoir le pouvoir de soigner le ressentiment pour mieux décrire la réalité, et ainsi espérer accéder à la vérité qui ne saura, comme le formule si bien ceux que j’ai cité dans mon commentaire précédent, que s’exprimer dans cette langue qu’il nous est donné de traduire à partir du païen pour enfin accéder au saint, renonçant au logos d’Héraclite et de la domination pour accéder à celui de Jean et de l’équilibre de la relation.

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  7. Quel est l’argument? Que les Français devraient attendre que leurs conditions de vie se dégradent jusqu’à n’avoir plus de toilettes?
    D’ailleurs, le problème n’est pas tant d’avoir des toilettes (le camping, le nomadisme et la vie dans la nature existent) qu’une urbanisation inadaptée.
    Selon d’autres sources, ce n’est pas 4,5 milliards mais 2,3 ou 2,5 :
    https://www.ladepeche.fr/article/2018/10/01/2879586-assainissement-2-3-milliards-de-personnes-sans-toilettes.html
    http://www.rfi.fr/emission/20181119-toilettes-le-monde

    La révolte naît de la réalité de la dégradation de la France périphérique (agriculteurs et artisans qui se suicident par exemple, revoir l’exemple de Joigny auquel vous ne réagissez pas), sans doute pas la vôtre, mais nos neurones miroirs devraient nous permettre de faire preuve de plus d’empathie.
    Si effectivement la dégradation était de tous, et qu’il y avait une solidarité, et donc plus des plus nantis que des moins nantis, il n’y aurait pas de ressentiment, mais les médias nous montrent bien qu’il y a au sommet des fortunes qui augmentent injustement et indécemment (voir Orwell et Michéa sur la décence commune).

    En niant la réalité des souffrances des Français les moins nantis, je ne vois pas en quoi votre appel à « l’équilibre de la relation » n’est pas qu’une parole de pharisien.

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    1. L’argument est de tenter de décrire une réalité qui s’efface toujours dans la montée aux extrêmes du combat politique, le ressentiment entrainant dans une violence qui ne sait sempiternellement qu’alterner les désirs de vengeance.
      L’argument est d’accéder à un langage qui sait se dégager du contre pour accéder au pour, prise de conscience individuelle qui permettrait l’établissement d’une démocratie consentie par chacun, sans fustiger qui le riche, qui le socialiste, le musulman ou le chrétien, bref, qui tenterait de fonctionner sans l’institution sacrificielle de la désignation de bouc émissaire qui nous prouve jour après jour son inanité, l’institution du sacré, Vox populi, vox dei, ne fonctionnant plus, les peuples, les gilets jaunes nous le démontrent, ne sachant que faire foule, tentant la réédition violente des révolutions dans un des pays les plus sociaux au monde, oubliant que la seule vraie révolution, c’est le christianisme et l’amour du prochain, que tant que la prise de conscience individuelle du choix à opérer dans le cœur de chacun n’est pas effective, il est vain de penser que nous pourrons établir une réelle démocratie.
      L’imagination nécessaire à cette opération est de l’ordre de l’œuvre d’art, celle qui sait du silence laisser naître la puissance du verbe :

      « Rimbaud a essayé de nous faire comprendre « la méthode » de cet art nouveau qu’il inaugure et qui est vraiment une alchimie, une espèce de transmutation, une décantation spirituelle des éléments de ce monde. Dans ce besoin de s’évader qui ne le lâche qu’à la mort, dans ce désir de « voir » qui tout enfant lui faisait écraser son oeil avec son poing (Les Poètes de sept ans), il y a bien autre chose que la vague nostalgie romantique. « La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde. » Ce n’est pas de fuir qu’il s’agit, mais de trouver : « le lieu et la formule », « l’Éden » ; de reconquérir notre état primitif de « Fils du Soleil ». – Le matin, quand l’homme et ses souvenirs ne se sont pas réveillés en même temps, ou bien encore au cours d’une longue journée de marche sur les routes, entre l’âme et le corps assujetti à un desport rythmique se produit une solution de continuité ; une espèce d’hypnose « ouverte » s’établit, un état de réceptivité pure fort singulier. Le langage en nous prend une valeur moins d’expression que de signe ; les mots fortuits qui montent à la surface de l’esprit, le refrain, l’obsession d’une phrase continuelle forment une espèce d’incantation qui finit par coaguler la conscience, cependant que notre miroir intime est laissé, par rapport aux choses du dehors, dans un état de sensibilité presque matérielle. Leur ombre se projette directement sur notre imagination et vire sur son iridescence. Nous sommes mis en communication. C’est ce double état du marcheur que traduisent les Illuminations : d’une part les petits vers qui ressemblent à une ronde d’enfants et aux paroles d’un libretto, de l’autre les images désordonnées qui substituent à l’élaboration grammaticale, ainsi qu’à la logique extérieure, une espèce d’accouplement direct et métaphorique. « Je devins un opéra fabuleux. » Le poète trouve expression non plus en cherchant les mots, mais au contraire en se mettant dans un état de silence et en faisant passer sur lui la nature, les espèces sensibles « qui accrochent et tirent». »

      https://maxencecaron.fr/2010/07/claudel-preface-rimbaud/

      Tant que nous ne retrouverons pas cet état d’enfance, dont la formulation selon Baudelaire est la définition du génie, nous ne serons pas à même d’incarner le destin de l’homme, qui est d’assumer ce passage sans lequel il est, et je reconnais que c’est de l’ordre de la croyance, définie comme incroyance en la violence selon Girard, voué à la destruction :

      « Le réel n’est pas rationnel, mais religieux, c’est ce que nous disent les Evangiles: il réside au cœur des contradictions de l’histoire, dans les interactions que les hommes tissent entre eux, dans leurs relations toujours menacées par la réciprocité. Cette prise de conscience est plus que jamais requise, aujourd’hui que les institutions ne nous aident plus, que c’est à chacun de se transformer seul. En cela, nous en sommes revenus à la conversion de Paul, à cette parole qui viens soudain le transir: “Pourquoi me persécutes-tu?” La radicalité paulinienne convient très bien à notre temps. C’est moins le héros qui monte vers la sainteté, que le persécuteur qui se retourne et tombe à terre.” R. Girard, 2007

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      1. Encore une fois, vous ne réfutez aucun de mes exemples.

        Vous avez une conception tronquée du christianisme: n’est-ce pas violemment que Jésus a chassé les marchands du temple?
        «Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les boeufs; il dispersa la monnaie des changeurs, et renversa les tables» (Jean 2,15)
        «Je suis venu jeter le feu sur la terre» (Luc 12,49);
        «Je suis venu non pas pour apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère» (Matthieu 10,34-35).

        Si 85% des Français veulent le RIC qui existe plus qu’ailleurs en Suisse, un des Etats les plus pacifiques depuis bien longtemps, est-ce que vous pouvez affirmer que la volonté populaire est réalisée alors que l’oligarchie le refuse?

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  8. « Je ne connais pas cet homme dont vous parlez. » Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta.

    Je ne réfute pas car je suis d’accord avec vous, Luca, ce qui ne signifie pas que je ne sois pas conscient qu’une crise comme celle que nous vivons ne soit pas la réédition sempiternelle d’un processus ici bien connu qui, on peut le regretter, a perdu de par la révélation évangélique son efficacité sacrificielle du retour à l’ordre, réalisant la prophétie de Matthieu que vous citez.
    Vous pourrez les prendre par tous les bouts, ces textes ne finiront toujours que par nous mettre collectivement face à nous-même et à nos propres violences, connaître le phénomène ne nous exonérant pas individuellement de l’effort de soi-même, au préalable à toute compréhension, se reconnaitre persécuteur et n’avoir d’autre solution que de contempler et d’imiter le seul modèle fiable qui nous le révélât, ce modèle qui, bien qu’on en ait et qu’à toute force on essaye de le dissimuler, fonde nos lois, et c’est l’occasion, puisque nous partageons une admiration pour le modèle suisse, de citer ce texte magnifique qui a le courage de préserver la racine religieuse, qu’est le préambule de leur Constitution :

    « Au nom de Dieu Tout-Puissant!

    Le peuple et les cantons suisses,

    conscients de leur responsabilité envers la Création,

    résolus à renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde,

    déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité,

    conscients des acquis communs et de leur devoir d’assumer leurs responsabilités envers les générations futures,

    sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres,

    arrêtent la Constitution que voici: … »

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    1. Vous mentionnez la constitution suisse, et toute la différence est là : il y a des institutions en Suisse qui autorisent à la population d’être bien plus souveraine qu’en France, de passer par la pétition et le référendum d’initiative citoyenne, et donc d’agir bien plus paisiblement qu’en France, où l’absence de possibilité d’agir démocratiquement amène à la manifestation plus ou moins violente.
      Des Suisses soutiennent les Gilets Jaunes lorsqu’ils apprennent en quoi consistent nos institutions par rapport aux leurs.

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